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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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d’esprit. Il rendit de son mieux la révérence et d’une voix un peu sifflante, malgré qu’il s’efforçât de sourire :
    – En effet, monsieur, pour tout bon gentilhomme, le service du roi passe d’abord et avant tout.
    Jehan s’inclina encore une fois gracieusement et, regardant Concini et ses hommes en face, il dit doucement, lentement, sans provocation aucune :
    – A vous revoir, messieurs !
    Et tandis que Concini, Roquetaille, Longval, Eynaus et Saint-Julien répondaient galamment à son salut, tranquillement, avec une aisance parfaite, il s’éloigna à petits pas, sans tourner la tête, le poing sur la hanche, mais, au fond, tout éberlué de s’en tirer sans avoir été obligé d’en découdre.
    Sur son dos, ils éclatèrent avec une fureur effroyable :
    – Sangdieu ! Mordieu ! Tudieu !
    – Il nous nargue à notre nez et à notre barbe !
    – Ventre du pape ! comment ai-je pu résister à l’envie qui me démangeait de sauter à la gorge du bravache !
    – Qu’il ne s’avise pas de recommencer, je ne réponds plus de moi !
    Et tous ensemble :
    – Lui broyer le cœur ! – Le faire crever à petit feu ! – Lui arracher les tripes ! – Lui manger le foie !
    Concini ne disait rien. Il regardait s’éloigner Jehan avec des yeux fulgurants. Il était livide, un léger tremblement l’agitait et de grosses gouttes coulaient sur son front. L’effort qu’il avait dû faire pour se contenir était formidable et l’avait brisé. Quand la haute silhouette du jeune homme se fut estompée au loin, il grinça :
    – Patience, mes louveteaux !… Quelques jours de patience, et je vous jure que c’en sera fini des insolences de ce matamore. Il payera tout à la fois et jamais vengeance n’aura été aussi épouvantable que celle que je lui réserve !
    – Ah ! monseigneur, c’est bien cette idée qui nous a donné la force de nous contraindre. Sans quoi !…
    q

Chapitre 27
    P ardaillan rattrapa son fils en quelques enjambées. Comme si de rien n’était, il lui dit gaiement :
    – Si nous allions faire un tour du côté des fourneaux de dame Nicole ? Il me semble que l’heure du dîner a sonné depuis longtemps. Qu’en dites-vous ?
    – Ventre-veau ! monsieur, je dis que je meurs de faim et qu’un bon repas sera le bienvenu.
    Et bras dessus, bras dessous, ils se dirigèrent vers la rue Saint-Denis.
    – Eh bien, monsieur, dit Jehan, vous me voyez encore stupéfait de l’accueil de Concini. Je n’en reviens pas. Je m’attendais à être chargé… Au lieu de cela, des sourires, un peu forcés, il est vrai. Mais pas le plus petit coup de dague ou de poignard. La bienveillance que le roi a bien voulu me témoigner aurait-elle donné à réfléchir au rufian ?
    – Ne croyez pas cela, dit gravement Pardaillan. Plus que jamais au contraire, il faut vous tenir sur vos gardes. Concini médite un mauvais coup. J’en jurerais.
    Jehan haussa dédaigneusement les épaules et comme ils étaient arrivés à l’auberge, ils n’en dirent pas plus long à ce sujet. Ils furent accueillis par le sourire frais et engageant de la grassouillette dame Nicole qui sur la demande de Pardaillan, se rua en préparatifs, bousculant servantes et valets.
    Pendant qu’on dressait le couvert, un laquais du capitaine de Vitry amena le cheval de Jehan, le superbe et vigoureux Zéphir. A cette vue Jehan oublia Concini et d’Epernon et le roi, et qu’il était à jeun de la veille. Avec une joie bruyante d’enfant à qui on vient de donner un jouet longtemps convoité, il voulut conduire lui-même la bête à l’écurie, l’installa dans le meilleur coin, devant un râtelier abondamment garni et ne la quitta qu’à regret, après s’être assuré qu’elle ne manquait de rien et non sans l’avoir à nouveau étudiée en connaisseur.
    Pardaillan, amusé, l’avait suivi et le regardait faire et l’écoutait avec, aux lèvres, un sourire où il y avait autant d’indulgente bonté que de scepticisme narquois.
    Revenus dans la salle commune, confortablement assis devant une table plantureusement garnie, ils attaquèrent, avec le même appétit robuste, les succulentes choses préparées à leur intention. Revenant à son cheval, Jehan s’écria naïvement :
    – C’est peut-être le commencement de la fortune, monsieur ! Et c’est encore à vous que je le dois, comme je dois tout ce qui m’arrive d’heureux depuis que j’ai l’honneur de vous

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