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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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laissé jouer comme un niais !… C’est que la maison de la rue des Ecrivains communique par une voie souterraine avec la prison !… En sorte que lorsque l’ayant vu entrer par la rue des Ecrivains, je faisais d’interminables pauses devant la maison, lui, il filait par la prison et je n’y voyais que du feu !… Pardieu, les choses se précisent. Je commence à voir un peu plus clair… je brûle ! Demain, il me faudra aller étudier de près la prison. En attendant, ne perdons pas de vue notre homme, quoique, maintenant que je connais sa manière de procéder, il m’apparaisse clair comme le jour que sa journée est finie et qu’il rentre bonnement se coucher. Encore faut-il que je sache où reprendre la piste demain matin.
    Parfait Goulard, pendant ce temps, avançait. Par des voies détournées, il arriva à la porte Saint-Honoré quelques instants avant la fermeture.
    – Bon, se dit Pardaillan, il va se coucher chez les capucins. Ce qui prouve qu’Acquaviva reste en relations secrètes avec ces dignes moines.
    Il attendit cependant que la porte fût fermée, et il fit demi-tour. La nuit était tout à fait venue ; il remonta la rue Saint-Honoré en se disant :
    – Faisons comme le moine, allons nous coucher.
    En passant devant la rue Saint-Thomas, il vit un papier grand ouvert, étalé au milieu de la chaussée. Il aurait peut-être passé sans y prendre garde. Mais, à ce moment, la lune, dans le ciel clair, se montra dans tout son éclat et ses rayons d’argent éclairèrent le papier.
    Pardaillan avait la vue perçante ; ses yeux tombèrent sur cette feuille et il tressaillit :
    – Le cachet et les armes de l’abbesse de Montmartre ! murmura-t-il. Pardieu ! serait-ce le frocard qui aurait perdu ceci ?… Ramassons… on ne peut pas savoir.
    Il ramassa en effet et mit dans son pourpoint. Rentré chez lui, à l’auberge du
Grand-Passe-Partout,
il se hâta de vérifier ce que valait sa trouvaille. Il murmura :
    – Ordre de M me  l’abbesse de laisser pénétrer le porteur dans sa prison et d’obéir à tout ce qu’il lui plaira d’ordonner en son nom !…, Mordieu ! le hasard me favorise !… Voici un papier qui sera peut-être précieux pour moi !
    Et enchanté, il se coucha en se disant qu’il n’avait pas perdu sa journée.
    Ce papier qu’il venait de trouver était celui que Saint-Julien avait montré au portier du Fort aux Dames. Comment se trouvait-il là ? C’est ce que nous expliquerons en revenant à Saint-Julien, avec lequel nous n’en avons pas encore fini, tout mourant qu’il soit.
    Lorsque Concini se fut éloigné, un homme qui les suivait depuis la rue d’Orléans pénétra dans la rue Saint-Thomas. C’était Saêtta. Il se pencha sur Saint-Julien immobile et visita la blessure d’un œil expert. Il dit froidement :
    – Joli coup ! Son compte est bon ! Pourvu qu’il dure encore une heure et qu’il parle, c’est tout ce qu’il me faut pour convaincre la signora.
    Il saisit le corps inerte dans ses bras robustes, l’enleva et partit. En route, le papier, passé dans la ceinture probablement, glissa et tomba là où devait le trouver Pardaillan.
    Saêtta pénétra près de Léonora, posa doucement le blessé sur un lit de repos, et sans prononcer une parole, le montra à la Galigaï. Celle-ci en reconnaissant l’espion, avait eu un léger froncement de sourcils. Au reste, nulle émotion, pas la moindre trace de pitié ou de sympathie. A ses yeux, Saint-Julien, comme tous ceux qu’elle utilisait, était un instrument. Pas plus. L’instrument brisé, elle le remplaçait par un autre et tout était dit.
    – Est-il mort ? demanda-t-elle froidement.
    – Pas encore, signora !
    – Qui l’a mis dans cet état ?
    Saêtta leva les épaules et les bras en un geste qui signifiait qu’il ne savait pas.
    – Il faut savoir, dit Léonora qui réfléchissait.
    Dès l’instant où elle avait un intérêt personnel en jeu, le blessé ne lui était plus indifférent. Aidée de Saêtta, elle s’activa à le ranimer. Au bout d’un moment, Saint-Julien ouvrit des yeux troubles où se voyait déjà le spectre de la mort.
    – Qui vous a blessé ? demande Léonora d’un air apitoyé. Péniblement, dans un râle, le moribond énonça :
    – Concini !…
    Léonora eut une imperceptible contraction de la face. Elle fixa sur le malheureux des yeux durs, acérés comme si elle avait voulu le poignarder du regard, et gronda :
    – Pourquoi ?…

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