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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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une violence qui lui eût été pénible.
    La femme au masque approuva doucement de la tête, et s’adressant à Bertille, qui se tenait droite, vaillante, intrépide :
    – Venez, mademoiselle, dit-elle, d’une voix qui s’efforçait d’être caressante, avec moi vous n’avez rien à redouter.
    Bertille, dans la situation où elle était, aurait suivi la mort elle-même, si la mort l’avait pu conduire hors de l’atteinte de Concini. Elle ne fit donc aucune difficulté, et dit de sa voix douce et chantante :
    – Je vous suivrai partout où vous voudrez, madame, pourvu que ce soit loin de cette infâme maison et de cet homme plus infâme encore.
    La femme au masque eut un geste d’étonnement. Ses yeux, devenus soudain très durs, se fixèrent sur la jeune fille et elle gronda :
    – Que voulez-vous dire, mademoiselle ?
    Avec une certaine vivacité, qui ne fut pas remarquée, Léonora intervint :
    – Que vous ai-je dit, madame ? Voilà à quoi s’est exposé ce pauvre Concini en usant de violence. Car c’est à cette violence que vous faites allusion, n’est-ce pas, mademoiselle ?
    – Oui, madame, et soyez remerciées, vous deux qui me sauvez de la plus effroyable catastrophe.
    La femme au masque jeta sur Concini, stupéfait de ce qu’il voyait et entendait, un long regard attendri, et à Bertille, d’un ton un peu sec :
    – Venez !
    Et sans attendre une réponse, elle fit un signe de tête à Léonora et à Concini, qui s’inclinèrent respectueusement, et d’un pas lent, majestueux, elle sortit, suivie de Bertille.
    Léonora écouta un long moment à la porte fermée, et lorsqu’elle jugea la femme au masque suffisamment éloignée, elle dit :
    – Rassure-toi, Concini, la reine ne sait rien. Elle croit, je lui ai fait croire que cette jeune fille est passionnément adorée du roi. J’ai excité sa jalousie, j’ai éveillé ses craintes en lui laissant entendre qu’elle est mille fois plus dangereuse et redoutable que le fut jamais M me  de Verneuil. Elle s’imagine jouer un bon tour au roi en lui enlevant sa bien-aimée. Comprends-tu ?
    Concini, la reine partie – puisque c’était elle –, sentit la colère, une colère furieuse, effroyable, se déchaîner en lui. Une formidable expression de menace s’étendit sur sa face convulsée, sa main, de nouveau, tourmenta le manche du poignard, et il gronda :
    – Et c’est toi qui me l’as amenée au moment où…
    Léonora le regarda avec des yeux infiniment tristes et elle songeait :
    – Comme il souffre !… Comme il l’aime !… O cette fille maudite ! Je lui arracherai le cœur de mes mains !…
    Et tout haut, d’une voix douce, enveloppante, où il avait une intense supplication :
    – Oui, c’est moi ! Et je te sauve, mon Concinetto adoré !… Allons, laisse ton poignard tranquille. La passion t’affole,
Concino mio,
reviens à toi. Comprends que si je t’ai enlevé cette fille, c’est qu’elle nous est indispensable pour mener à bien l’œuvre que nous poursuivons et qui doit faire de toi le maître de ce royaume… Ah ! tu ne grinces plus des dents !… Tu commences à comprendre !… Eh oui, c’est l’occasion propice qui passe à portée de ta main, te dis-je !… Seras-tu assez fou pour ne pas la saisir ? Tout est pour nous, cette fois-ci. Maria elle-même, sans le savoir, nous prépare les voies. Du sang-froid, de la décision, de l’audace et te voilà le maître.
    Elle avait bien dit : Concini s’apaisait à mesure qu’elle parlait. Il oubliait Bertille et que sans son intervention il la tenait enfin. Il était ébloui enfin par l’avenir de splendeur qu’elle faisait miroiter à ses yeux.
    La triste destinée de cette femme voulait que Léonora, qui ne rêvait que de l’amour de son mari, qui n’avait d’autre but que celui-là, qui s’épuisait en efforts désespérés pour l’atteindre, Léonora dominait aisément l’esprit de Concini, mais ne pouvait parvenir à forcer son cœur.
    Et le Florentin, oubliant qu’il avait voulu la poignarder, interrogea anxieusement :
    – Que veux-tu dire ?… Explique-toi !
    – Ceci, Concini : cette jeune fille est maintenant sous bonne escorte, en route pour l’ancien manoir royal de Ruilly, qui appartient à Claude Acquaviva. Demain, jeudi, avant midi, le roi se rendra à l’appel de cette jeune fille… sa fille. Et comme Jehan le Brave cette fois, ne sera pas là pour parer le coup, le roi, parti bien portant,

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