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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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mais… on brûle ici !
    Il était assis par terre. Il sentit que la plaque qui formait le plancher se chauffait peu à peu. Il devenait impossible de rester plus longtemps assis à cette place. Il se leva. Il sentit la morsure du feu pénétrer à travers ses semelles.
    Ses yeux se portèrent sur la plaque. Il vit qu’elle prenait, par places, la teinte rouge du fer surchauffé. Il comprit… ou crut comprendre. Il rugit, l’esprit chaviré :
    – Oh ! est-ce qu’ils vont me faire griller sur cette plaque rougie à blanc ?…
    Il recula précipitamment et se mit à marcher à grandes enjambées, espérant, par un déplacement incessant, échapper à la brûlure de plus en plus sensible. Il remarqua alors que du côté de la porte, la place était encore supportable. Tandis que du côté opposé elle était devenue intenable. Il se dit :
    – Il y a là, derrière et dessous ce mur, un brasier gigantesque. De fait, au pied de ce mur, la plaque prenait maintenant la teinte du fer rougi à blanc. Et cela constituait une barrière de feu qui interdisait l’approche de ce mur. Et cela s’étendait peu à peu, gagnait du terrain de plus en plus. Si bien qu’il voyait approcher le moment où il ne saurait plus où mettre le pied.
    Il se tenait le plus près possible de la porte. Il arpentait son étuve, dans le sens de la largeur, à pas furieux, cherchant dans son esprit une issue à cette effroyable situation. Et, en marchant, il guignait du coin de l’œil la plaque, du côté où se trouvait le foyer, pour se rendre compte des progrès du feu.
    Tout à coup, il gronda :
    – Ah ! ça !… Est-ce que je deviendrais fou, par hasard ?… Mais si !… Mais non !… Oh ! mais c’est elle !… Tonnerre du ciel !… Mais c’est le Concini, que l’enfer l’engloutisse !…
    Voici ce qui motivait ces exclamations par quoi se traduisaient tour à tour le doute, l’angoisse, la terreur et la colère poussée jusqu’au délire.
    En allant et venant, les yeux obstinément fixés sur le mur infernal, il lui avait semblé voir, à travers ce mur, encore confuse et indistincte, l’image de Bertille. Cela apparaissait et disparaissait suivant la place où il se trouvait.
    Après Bertille, il vit Concini. Puis il les vit tous les deux, ensemble, il ne savait où.
    Alors, il demeura cloué sur place par la terreur et la fureur. Et l’apparition se précisa.
    Le mur avait disparu. A sa place, une lueur rougeâtre, trouble et imprécise, semblait sourdre de quelque mystérieux abîme de feu. Et cela faisait comme une tranchée qui lui parut large de plusieurs toises.
    Au-delà de cette ligne, en se penchant à droite et à gauche, il voyait, nettement éclairé, l’intérieur d’une petite chambre. Il voyait une petite table en bois blanc, un escabeau et une étroite couchette. Tous ces détails, nous insistons, il ne les voyait que suivant la position qu’il occupait lui-même. De la place où il était, il voyait la table qui devait se trouver au milieu de la mystérieuse pièce. En se penchant à gauche, il voyait Bertille, pâle comme une morte, droite, immobile, semblant surveiller les gestes de quelque invisible ennemi. Il la voyait à sa droite, elle était près du lit, l’escabeau était placé devant elle. En se penchant sur sa droite, il voyait, à sa gauche, Concini, immobile lui aussi, les bras croisés sur la poitrine, l’œil allumé d’une flamme de luxure semblant couver sa proie. Derrière lui, une partie de porte dont il distinguait très bien la serrure.
    Bertille se trouvait donc face à face avec Concini, en son pouvoir, à n’en pas douter. La petite table en bois blanc les séparait.
    Tout à coup, il vit les lèvres de Concini s’agiter et il entendit sa voix faible, comme très éloignée, et cependant très nette.
    Et Concini disait :
    – Eh bien, tu ne t’attendais pas à me voir ?… Tu croyais m’avoir échappé… Je te tiens et,
porco Dio !
cette fois-ci, je te réponds que tu ne m’échapperas pas !
    Bertille cingla :
    – Lâche ! misérable lâche !
    Jehan le Brave demeurait pétrifié, muet d’horreur, la sueur de l’angoisse au front, les cheveux hérissés. Il se demandait s’il ne devenait pas fou. S’il n’était pas le jouet d’un abominable cauchemar, ou s’il ne se trouvait pas en présence d’une vision infernale.
    Si sain d’esprit, si dénué de la plupart des préjugés de son époque, si peu croyant enfin qu’il fût, il ne

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