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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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pouvait pas se soustraire complètement à l’emprise de la superstition. De là un moment de terreur compréhensible.
    Mais ce n’était pas un cerveau détraqué, un illuminé toujours prêt à se suggestionner soi-même, comme Ravaillac. C’était un esprit très ferme et très lucide, qui semblait avoir hérité de son père ce don d’observation qui le faisait si redoutable. Il eut tôt fait de remarquer, lui, une foule de petits détails significatifs qui avaient complètement échappé à Ravaillac, lequel d’ailleurs, avait l’esprit engourdi par les drogues qu’il avait absorbées, sans s’en douter. C’est ce qui fait que Jehan se ressaisit et se dit :
    – Je suis dans un local machiné. Il y a ici des jeux de glace, une acoustique particulière, toute une installation savante et compliquée qui me permet de voir et d’entendre des choses qui se passent peut-être très loin de moi !
    Comme pour lui donner raison, Concini reprenait, d’une voix rauque, que la passion faisait trembler :
    – Où est-il, ton chevalier, ton truand ? Veux-tu que je te le dise ?…
    – S’il était ici, vous prendriez la fuite.
    Concini eut un ricanement effroyable et comme s’il n’avait pas entendu, il reprit :
    – Il est par là, muré dans une tombe chauffée à blanc, où il cuit lentement… C’est déjà joli, cela ! Mais ce n’est rien. Ecoute ceci. Il est loin de nous, un abîme de feu le sépare de nous… Et cependant, il nous voit. Il nous voit, entends-tu ? Et moi, ici, sais-tu ce que je vais faire ?… Eh bien, je vais te prendre, de gré ou de force… Et ton truand le verra, entends-tu ?… Et il ne pourra pas intervenir, il ne pourra pas voler à ton secours !… Il lui faudra assister impuissant à ton déshonneur et il continuera de cuire cependant… et j’espère bien qu’il en deviendra fou !… Qu’en dis-tu ? Est-ce bien imaginé ?… Crois-tu que je sais me venger ?
    En entendant ces abominables paroles, Jehan sentit son cerveau se détraquer. Il jeta autour de lui un regard où luisait un commencement de cette folie espérée par Concini et sans savoir ce qu’il disait, en labourant sa poitrine de ses ongles, il cria éperdument :
    – Oh ! pas cela !… pas cela ! c’est trop horrible !… Grâce pour elle !… Bertille !… Bertille !…
    Mais s’il entendait fort bien, lui, on ne l’entendait pas. Il le comprit, car Bertille pas plus que Concini n’avaient sourcillé. Il hoqueta :
    – Comment faire ?… Comment l’arracher à l’immonde malfaiteur ?…
    – Finissons-en, reprenait Concini, tu es à moi…
    Et Jehan le vit qui se mettait en marche. Concini prit la table et la jeta derrière lui. Et il s’avança encore vers elle, trébuchant, haletant, défiguré, hideux, effroyable et sinistre avec son rictus menaçant.
    Et Bertille le regardait venir, les yeux rivés sur le fauve déchaîné comme si elle avait espéré le dompter. Et voyant qu’elle n’y réussissait pas, elle se pencha, saisit le tabouret de ses mains débiles, le leva et l’abattit en un geste foudroyant.
    Mais Concini la guettait. Il saisit le tabouret au vol, le lui arracha d’une brusque saccade, le jeta derrière lui, comme il avait jeté la table.
    Et ses lourdes pattes s’abattirent sur les épaules de la jeune fille qui ployèrent, et il eut un hurlement de joie triomphante :
    – Je te tiens !… Tu es à moi !… Et il nous voit, tu sais, il nous voit ! Bertille se raidit en une suprême révolte et ce cri fusa de ses lèvres crispées :
    – A moi, Jehan !… A moi !
    – Me voici ! tonna Jehan.
    Et oubliant tout, il fit un bond prodigieux en avant. Et il ne vit plus rien… Rien qu’une fournaise ardente, un abîme de feu infranchissable au bord duquel il put s’arrêter par suite d’il ne savait quel miracle.
    Et comme la place n’était pas tenable, comme il suffoquait et brûlait vif, l’instinct de conservation fut plus fort et le rejeta haletant, brisé, anéanti, contre la porte.
    Et alors, il vit de nouveau. Il vit et tomba brusquement à genoux, en clamant :
    – Sauvée !… Elle est sauvée !…
    q

Chapitre 40
    C arcagne retourna à la maison de Perrette la Jolie. Mais il eut beau frapper à tour de bras aux deux portes, personne ne lui répondit. Ce que voyant, il s’en fut emprunter une échelle à la maison la plus proche et escalada le mur.
    Il trouva Martine cachée sous un lit. Dès les premiers coups frappés par

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