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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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mystérieuses conversations avec des individus à mines sinistres. Lorsqu’ils rentrèrent dans leur taudis, ils n’avaient plus une seule des soixante pistoles que leur avait allongées le marchand. Ce qui ne les empêchait pas d’avoir des airs singulièrement réjouis.
    Le lendemain matin, jeudi, à neuf heures, ils entraient dans le cul-de-sac du Fort aux Dames. Ils avaient avec eux quinze de ces individus à faces patibulaires avec lesquels ils avaient eu, la veille, les mystérieuses conversations que nous avons signalées.
    Gringaille avait recruté cette troupe avec l’intention de prendre d’assaut la prison. Pas plus. Il n’y allait pas de main morte, le Parisien.
    Pardaillan, en suivant le moine Parfait Goulard, s’était dit : « J’irai demain étudier d’un peu près cette prison des religieuses. » Le lendemain, avant l’ouverture des portes, il était rue Saint-Honoré, sur le rempart, attendant le lieutenant d’Acquaviva.
    Dès que Parfait Goulard parut, Pardaillan se mit à ses trousses et ne le perdit plus de vue. Il le vit entrer dans la prison et il le vit sortir par la rue des Ecrivains. Il était sûr maintenant de ne pas s’être trompé.
    Durant toute cette journée, avec une inlassable patience, il demeura attaché aux pas du moine. Celui-ci allait et venait par la ville, en des quartiers divers, mais revenait toujours à la rue de la Heaumerie. Tantôt il pénétrait par la rue des Ecrivains et sortait par le cul-de-sac, tantôt il pénétrait par le cul-de-sac et alors Pardaillan allait l’attendre rue des Ecrivains.
    – Le doute n’est pas permis, se dit-il. Acquaviva s’est réfugié là !
    Fidèle à sa promesse, il étudia de près la prison. Et alors, son attention se porta sur la petite maison qui semblait se dissimuler à côté. Pardaillan l’étudia plus attentivement que la prison.
    Sans en avoir l’air, il fit parler les voisins. La maison était sûrement abandonnée. Jamais la porte ne s’ouvrait. Les volets restaient toujours hermétiquement rabattus. On ne savait à qui elle appartenait.
    Pardaillan se dit avec un sourire de satisfaction :
    – Bon, je me doute à qui elle appartient. Acquaviva se cache là, j’en jurerais ! Il est inutile maintenant de perdre mon temps à suivre ce moine. La question est très simple : il s’agit d’entrer là. C’est facile. Mais il s’agit aussi d’y entrer sans effaroucher l’oiseau que je veux prendre au nid… C’est plus difficile. Ceci demande réflexion.
    Il était tard. Il rentra chez lui, soupa, s’enferma dans sa chambre et se mit à se promener, cherchant dans sa tête le moyen de tomber à l’improviste sur Acquaviva. Il avait été hors de chez lui toute la journée. Il ne s’inquiéta pas de ne pas avoir vu Jehan. Il l’avait vu la veille, lorsqu’il déterrait le trésor, il ne pensait pas qu’il lui fût arrivé quelque chose de fâcheux.
    Après s’être longtemps promené, Pardaillan finit par se coucher en se disant :
    – J’ai toujours vu que mes bonnes idées me sont arrivées en dormant. Attendons jusqu’à demain matin. D’ailleurs, il est trop tard maintenant.
    Le lendemain matin, Pardaillan n’avait pas encore trouvé la bonne idée. Il prit le papier qu’il avait trouvé rue Saint-Honoré, non loin de la rue Saint-Thomas, le mit précieusement dans sa poche et partit en se disant :
    – Allons à la prison. J’ai toujours vu que mes meilleures décisions ont été prises sur le lieu même de l’action et au plus fort de cette action.
    Ayant ainsi essayé de se donner le change à lui-même, il arriva rue de la Heaumerie, qui était à deux pas de son hôtellerie.
    Il trouva le cul-de-sac envahi par une bande d’enragés qui, silencieusement et en bon ordre, maniaient une énorme poutre avec quoi ils se disposaient à enfoncer une porte. Et il eut un froncement de sourcils car il lui sembla que cette porte ainsi menacée était précisément celle de la prison.
    Cependant, rien ne bougeait dans la place. La « garnison » ne semblait pas soupçonner l’assaut imminent. Elle allait se laisser surprendre.
    A coups de poing, Pardaillan se fraya un chemin dans la bande, il y eut des grognements féroces, des gueules menaçantes se dressèrent devant lui, des bras se levèrent, armés de larges coutelas. Il vit qu’il lui fallait dégainer pour passer. Il allait le faire lorsque retentit un cri :
    – M. de Pardaillan !… Arrière, vous autres !…

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