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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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l’attente de cet heureux moment !…
    Il était arrivé à l’angle du cul-de-sac. Il jeta un coup d’œil perçant dans la nuit profonde et murmura :
    – La joie qui m’inonde ne doit pas me faire oublier la mission de confiance dont la signora Léonora m’a honoré.
Perdio !
Voici un trou qui semble avoir été creusé tout exprès pour moi !… La chance favorise Concini : voici que le ciel s’est couvert, il fait noir comme dans un enfer !… Baste ! je n’ai pas besoin de voir. Attendons patiemment, il faudra bien qu’il passe devant moi, puisque la litière est là !…
    Il se tapit de son mieux dans le trou qu’il avait découvert et, pareil à quelque monstrueuse araignée guettant sa proie, les yeux fixés sur l’impasse, il reprit sa rêverie :
    – Mon rêve eût été de voir la mère, l’illustrissime princesse Fausta Borgia, assister au supplice de son fils !… Ma suprême joie, que j’aurais payée de mon sang donné goutte à goutte, eût été de pouvoir lui crier : « Regarde, princesse Fausta, regarde bien !… Ce Jehan le Brave que le bourreau supplicie… c’est ton fils !… Et c’est moi, moi Saêtta, qui ai fait de lui un voleur, un
bravo,
un misérable assassin !… Moi qui l’ai conduit, poussé, hissé jusque sur l’échafaud où tu le vois ! »
    Il eut un rire silencieux, terrible. Il devait être effroyablement hideux à voir. Il reprit :
    – L’heure de la vengeance aura été lente à venir, mais enfin, la voici !… Et toi, Fausta, tu ne perdras rien pour attendre… Je fouillerai l’Italie, l’Espagne, la France, j’irai jusqu’au fond des enfers s’il le faut… mais je te retrouverai… pour te communiquer l’heureuse nouvelle… Le ciel… ou l’enfer… me doit bien cette joie, à défaut de l’autre !
    Cependant Concini et ses hommes n’étaient pas restés inactifs.
    Il y avait, à droite de la porte et à environ dix à douze pieds du sol, une petite fenêtre, actuellement close par d’épais volets de bois. A gauche, et beaucoup moins élevée, il y avait une ouverture en forme d’œil de bœuf. Comme la fenêtre, cette petite ouverture était hermétiquement bouchée par un volet.
    Ce fut sous cet œil-de-bœuf que les trois braves allèrent se placer. Carcagne, le plus fort, prêta l’appui de ses épaules. Gringaille, le plus adroit, monta dessus. Au bout de cinq minutes de travail, le volet, peut-être vermoulu, peut-être préparé déjà, était arraché.
    Deux barreaux en forme de croix, cimentés dans la pierre, barraient le passage. Gringaille les saisit à pleines mains. On entendit un bruit sec… Les barreaux, brisés en quatre morceaux, tombèrent sur le sol.
    Gringaille sauta à terre et expliqua en riant :
    – Le propriétaire de cette bicoque me fait l’effet d’être un fieffé ladre… ces barreaux, qui paraissaient si solides, c’était du bois peint en imitation de fer. Seulement, voilà, il n’a pas remarqué ce que j’ai remarqué, moi, du premier coup d’œil, à savoir que l’un de ces barreaux était légèrement fendu, ce qui pouvait paraître anormal pour un honnête barreau de fer. Maintenant, si monseigneur veut passer, la porte est grande ouverte.
    Deux minutes plus tard, ils étaient tous les quatre dans la place. A travers les trous du masque qu’il avait placé sur son visage, et à la lueur d’une cire apportée à cette intention, Concini, d’un coup d’œil rapide, étudia les lieux.
    Ils étaient dans une cuisine assez grande, où tout était rangé dans un ordre parfait, où tout était reluisant, brillant, d’une propreté méticuleuse.
    Deux portes : une à droite, en plein bois, l’autre devant eux, vitrée, celle-là. Ce fut vers cette porte vitrée qu’ils allèrent. Elle fut vite ouverte. Ils pénétrèrent dans une chambre à coucher.
    Dans le grand lit clos, dans l’entrebâillement des courtines écartées d’une main tremblante, une tête effarée apparut, les yeux arrondis par l’effroi, la bouche ouverte, prête à crier à l’aide. C’était la respectable propriétaire du lieu, dame Colline Colle.
    Avant qu’elle eût proféré un son, Concini, d’un bond, fut sur elle, écarta tout à fait les rideaux et gronda :
    – Si tu cries, si tu résistes, ce poignard dans ta gorge… Si tu te tais, si tu obéis, cette bourse pour toi. Choisis.
    En voyant cet homme masqué se ruer sur elle, en voyant la lame acérée menacer sa gorge plate et osseuse,

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