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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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hasard, Gringaille, laconiquement, lança :
    – Six !
    – Vous l’entendez, monseigneur ? triompha Escargasse. Six blessés, qu’il a comptés, Gringaille.
    Concini réfléchissait :
    « Puisqu’il y a des blessés, il y a eu lutte… Donc le coup a été tenté. Je vois à peu près comment les choses ont dû se passer : le roi était accompagné, puisque ce drôle a cité La Varenne, Jehan le Brave a dû frapper et les autres lui sont tombés dessus. Mais c’est un rude sanglier, et il en a décousu plus d’un… Pour ce qui est des archers et des gardes, je pense que c’est Léonora qui s’est arrangée de manière à les faire intervenir… trop tard. Mais le roi a-t-il été frappé ?… Est-il mort ?… est-il blessé ?… ou s’en est-il tiré comme les autres fois ? »
    Les trois braves respectaient sa méditation et ils se communiquaient leurs impressions par des clins d’yeux expressifs. L’importance exorbitante que leur maître paraissait attacher à un malheureux retard de rien les enrageait et les impatientait. Mais ils avaient mis dans leur tête qu’ils le « rouleraient », et, l’amour-propre s’en mêlant, ils tenaient bon. Ce n’était pas toutefois sans envoyer intérieurement le Concini à tous les diables.
    Celui-ci cependant haussait les épaules d’un air de dédaigneuse pitié et reprenait :
    – Je crois, mes braves, que la peur d’être arrêtés vous a troublé la vue et que vous exagérez l’importance des événements. S’il y avait eu émeute, j’en serais informé, que diable ! Je crois que votre soi-disant bataille se réduit, plus simplement, à quelque bagarre, comme on en voit souvent… Peut-être quelque tentative de meurtre… quelque assassinat, que sais-je ?
    Sans s’en apercevoir, il avait baissé la voix. Escargasse, qui craignait de s’être trop avancé, fit instinctivement de même pour répondre d’un air évasif :
    – Heu ! vous savez, meurtre, bataille, assassinat, tout cela se tient… c’est tout un ou à peu près.
    Il était quelque peu ahuri et cruellement embarrassé, le pauvre diable. Et pour dissimuler ses impressions, il se donnait des airs entendus, vaguement mystérieux et inquiets. Naturellement, ses deux compères modelaient leur physionomie sur la sienne. Si bien que Concini se disait :
    « Les drôles en savent beaucoup plus qu’ils ne veulent dire. Peut-être craignent-ils d’être compromis.
Corbacco !
il faut pourtant que je sache ! »
    Et tout haut :
    – Alors, c’est bien d’un assassinat qu’il s’agit ?… Et la victime ?… Voyons, parle sans crainte. La victime est-elle morte ou simplement blessée ?
    – Je ne peux pas vous dire au juste, monseigneur. Vous comprenez, dans des algarades de ce genre, de pauvres diables comme nous, entourés de soldats et d’archers, ont tout à perdre et rien à gagner. Nous nous sommes tapis prudemment pour qu’on ne nous vît pas, ce qui fait que nous-mêmes nous voyions très mal. D’autant que tout le monde allait, courait, criait, se démenait, que c’était merveille. Cependant…
    – Cependant ? haleta Concini.
    – Je crois avoir entendu des gens crier : « Quel malheur ! C’est un irréparable malheur ! »
    « Il est mort ! hurla Concini dans son esprit. Ah ! maintenant je suis le maître !… Enfin !… »
    Cependant, pas un muscle de son visage ne bougea. Il souriait toujours d’un sourire un peu railleur, il jouait toujours distraitement avec le petit poignard. Et du même air indifférent :
    – 
Peccato !…
dit-il. Mais j’y songe, pour soulever une telle émotion, il faut que le malheureux qui a été ainsi meurtri soit un personnage… un grand personnage même… Qui diable est-ce ?… Vous ne l’avez pas vu un peu, si peu que ce soit ?… Je vous demande cela parce que je réfléchis qu’après tout c’est peut-être un de mes amis.
    Et il fixait sur eux un œil scrutateur.
    Escargasse, excédé et d’ailleurs aux abois, songeait :
    « Que la fièvre te mange, ruffian d’Italie !… Un nom !… Crois-tu que je vais te donner un nom ? Et demain tu t’apercevras que j’ai menti et tu me chasseras… sans compter que tu serais bien capable… Eh vé ! quelle idée !… Outre ! je vais lui dire que c’est le roi qui a été meurtri !… On prétend qu’il est au mieux avec son épouse, madame la reine, ça lui fera plaisir au Concini. Seulement, minute, espère un peu, je vais lui

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