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Le Gerfaut

Le Gerfaut

Titel: Le Gerfaut Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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bien fait de rester chez vous.
    — Si vous me disiez ce qui s’est passé ? dit Gilles en se penchant pour examiner la jambe blessée.
    Elle n’était pas belle à voir. Le tibia avait été brisé et une longue esquille blanchâtre pointait hors des chairs meurtries. L’homme resterait boiteux.
    — Je m’appelle Arthur Collins. Je suis pêcheur et j’ai une petite maison pas loin d’ici. J’y vis avec ma jeune sueur Margaret… Elle est assez belle pour avoir plu à ce monsieur et voici plusieurs nuits qu’il venait la rejoindre pendant que j’étais en mer. Hier matin, je suis arrivé juste à temps pour le voir sauter par la fenêtre et s’en aller…
    « J’ai cru devenir fou. Ma sœur ! Il a osé toucher à ma sœur, ce misérable. Comme si c’était une fille publique…
    — Il ne l’a tout de même pas violée, j’imagine ?
    — Non. Cette pauvre sotte s’est laissé entortiller par de belles paroles. Il lui a dit qu’elle ressemblait à une dame européenne… une très grande dame. Elle me l’a avoué en pleurant et maintenant qu’elle se prend pour une princesse, elle m’a injurié et j’ai dû l’enfermer pour l’empêcher d’aller le rejoindre… Qu’est-ce que vous avez à dire à ça ? Pour moi ça vaut la mort… et pas n’importe laquelle, je voulais le faire bouffer par des requins !…
    Gilles haussa les épaules avec dégoût. La haine de cet homme était presque palpable.
    — Rien ! Si ce n’est que partout l’amour fait faire des bêtises, que vous n’avez rien à envier aux Iroquois les plus féroces… et que vous avez le plus grand besoin d’être soigné. On va vous mettre sur mon cheval et vous conduire à l’hôpital de l’armée.
    — Pour qu’on nous y assassine ? Jamais de la vie ! Et d’ailleurs, je ne veux pas de votre aide. Si vous ne vous décidez pas à nous achever, laissez-nous ici et allez-vous-en. On viendra à notre secours dès que vous serez partis avec votre sauvage !
    — Comme vous voudrez. Mais quand vous avez des comptes de ce genre à régler, venez en plein jour en demander raison et ne vous conduisez pas comme des bandits de grand chemin… Venez, monsieur…
    Il prit le bras du Suédois pour l’entraîner mais celui-ci, doucement, se dégagea, revint vers l’homme étendu, sortit sa bourse et la déposa près de lui.
    — Trouvez un bon médecin pour vous et votre ami. Quant à Margaret, dites-lui que je ne l’ai pas trompée et que je garderai son souvenir !
    — Allez vous faire foutre ! Je ne veux pas de votre argent.
    Mais, déjà Fersen avait rejoint ses compagnons. Ensemble, ils regagnèrent l’endroit où Gilles avait attaché le cheval.
    — Prenez-le pour rentrer, dit-il au Suédois. Vous avez plus de chemin à faire que moi. Seulement renvoyez-le-nous dès votre retour. Je l’ai emprunté au colonel de Gimat.
    La lune se levait, éclairant le visage calme du beau Suédois, sa tête nue dont les cheveux blonds s’ébouriffaient. Il avait dans l’aventure perdu sa perruque, malencontreusement tombée dans une ornière boueuse et parfaitement inutilisable mais ainsi il paraissait plus jeune. Le manteau rejeté sur l’épaule laissait voir l’impeccable uniforme bleu et jaune, les buffleteries et les manchettes d’une blancheur absolue. Il sortait de son filet de pêche aussi élégant que s’il allait au bal. Mais il refusa le cheval.
    — Ma foi non, mon ami. Je vais rentrer à pied.
    — En bottes ?
    — Eh oui, en bottes ! Ma légèreté mérite une punition et il n’y a aucune raison pour que vous fassiez pénitence à ma place. Et puis, la marche est bonne pour la pensée. La nuit est belle… Je rêverai.
    — À cette grande dame, si belle, dont vous cherchez le souvenir, jusqu’auprès des sœurs de pêcheurs de Virginie ? fit Gilles hardiment.
    Fersen tressaillit. Son regard qui avait toujours tendance à se perdre dans des lointains invisibles revint se poser gravement sur son interlocuteur.
    — Ne dites pas le souvenir… dites l’image, mon ami, car elle n’est pour moi qu’un rêve… un rêve inaccessible. Ou mieux : … ne m’en parlez jamais ! Puis, sans transition, il se mit à rire : Dites-moi donc à votre tour : je vous croyais officier ?
    — Je le suis : lieutenant dans la légion du marquis de La Fayette ! Je sais que ce n’est pas évident mais mon bel uniforme noir est resté quelque part dans un taillis près de Richmond. J’ai dû faire

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