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Le guérisseur et la mort

Le guérisseur et la mort

Titel: Le guérisseur et la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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c’était déjà fait et il s’en est allé. À cause de la pluie, je n’ai pas remarqué à quoi il ressemblait ni s’il était grand. »
    — Le portier est-il ici ? demanda Berenguer.
    Plusieurs personnes le poussèrent en avant.
    — Le voilà, Votre Excellence, dit l’une d’elles.
    — Dans quoi transportait-il le remède ?
    — Juste comme elle a dit, répondit le portier. Un de ces paniers où on retrouve jamais rien une fois qu’on l’a mis dedans.
    — Avait-il une courroie ?
    — On peut pas le porter autrement.
    Quelqu’un lui donna un coup de coude dans les côtes.
    — Votre Excellence, ajouta-t-il.
    — Merci beaucoup.
    À ce moment, un page entra dans la salle et courut vers les juges. Il s’inclina et dit quelques mots à l’oreille de l’évêque. Celui-ci fronça les sourcils. Il regarda les deux autres juges, puis les trois hommes se rapprochèrent pour discuter.
    Les spectateurs – surtout ceux qui n’étaient pas des gens assez importants pour se voir gratifier d’une place assise – commençaient à s’impatienter, remuant les pieds, parlant à voix basse puis plus fort. Le premier juge leur lança un regard glacial et le silence revint.
    — La cour aimerait maintenant entendre la déclaration de l’accusé, dit-il.
    Le clerc s’empressa de se lever.
    — J’ai ici sa déposition si vous désirez que je vous la lise.
    Le juge acquiesça.
    — Voici la déclaration de Lucà, fils de Gabriel et Catarina, décédés, de la ville de Majorque, prise le treizième jour du mois d’avril de l’an de grâce 1355. « Je suis innocent des crimes d’empoisonnement de maître Narcís Bellfont et de tentative d’empoisonnement sur la personne de maître Mordecai, juif du diocèse, en ce que je n’ai préparé aucun remède susceptible d’entraîner leur mort, que j’ignore comment une telle potion a pu se concocter et que je n’ai adressé ni à l’un ni à l’autre un mélange nocif préparé par une tierce personne.
    « Tout ceci, je le jure, etc., Lucà de Majorque. »
    — Est-ce tout ? s’étonna le troisième juge.
    — C’est tout, répondit le clerc.
    — Je pense que nous aimerions entendre le prisonnier, dit le premier juge.
     
    — Que comptez-vous faire ? demanda Yusuf après que leur long détour par la campagne les eut conduits à quelques lieues de la ville.
    Ils étaient allongés sur le ventre dans l’herbe tendre et un gros rocher les dissimulait à demi. Ils attendaient que quelque chose se produisît. Le soleil apparaissait derrière le faîte des collines. Leurs chevaux paissaient de l’autre côté d’un petit bouquet d’arbres. La chaleur du soleil, le parfum des fleurs de la prairie et le bourdonnement des abeilles les berçaient doucement. Yusuf déplia une grande serviette où il déposa la nourriture chipée dans la cuisine avant leur départ.
    — Je pensais attendre l’arrivée des gardes, dit Daniel en servant du pain et du fromage. Ils sont censés envoyer en tête celui qui me ressemble, les autres le suivant à distance raisonnable. Quand il sera attaqué, ses camarades interviendront.
    — Il faut espérer que l’agresseur n’a pas décidé de lui planter une flèche ou deux dans le dos.
    — Je pense qu’il porte une armure sous sa cape. Il doit avoir terriblement chaud. Mais j’ai le sentiment que l’inconnu sait que ce n’est pas moi et qu’il le laissera passer. Moi-même chevaucherai derrière les gardes.
    — Et s’il vous attaque ?
    — Je crierai au secours. Ils seront non loin de moi, dit Daniel en posant la main sur l’épaule de Yusuf. Tiens, les voilà, fit-il en se tournant vers le sud. Je les entends.
    — Non, c’est par là qu’ils arrivent, le corrigea Yusuf en indiquant la direction de Gérone, où un nuage de poussière s’élevait au-dessus de la route. Ils passent juste à côté de sa cachette.
    — Tu crois qu’il s’y trouve déjà ?
    — Qui donc pourrait aller au galop dans cette direction à une heure si matinale ?
    — Tu as raison. J’aurais dû y songer. Je l’ai pris pour un courrier.
    — Qui viendrait de par là ? C’est peu probable.
    Tous deux se cachèrent mieux derrière le rocher quand les cinq gardes passèrent à toute allure et filèrent vers le sud. Dès que la poussière fut retombée, Yusuf s’assit.
    — Pourquoi les gardes sont-ils partis si tard ? demanda-t-il. Nul n’ignore qu’un voyageur venu de Barcelone arrive le soir, à

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