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Le Huitième Péché

Titel: Le Huitième Péché Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philipp Vandenberg
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avare en généreux bienfaiteur, qui n’avait « cessé d’être un exemple pour nous tous ».
    Après avoir longtemps erré, Malberg tomba sur la parcelle qu’il cherchait, la 312 E. Mais, à l’endroit où il aurait dû trouver la tombe de Marlène, il tomba sur une dalle de marbre noir dont l’épitaphe gravée dans la pierre le laissa profondément perplexe :
    JÉZABEL
    Ne crains pas ce que tu vas souffrir.
    Jézabel ? Malberg regarda autour de lui. Il était absolument sûr que c’était la tombe de Marlène. Jézabel ? Que pouvait bien vouloir dire cette étrange inscription ?
    Mais, après tout ce qu’il avait vécu jusqu’à présent, Malberg n’était pas autrement surpris par cette nouvelle machination diabolique. Dans de tels moments, il se sentait livré pieds et poings liés à un adversaire beaucoup plus puissant que lui.
    Pendant qu’il réfléchissait au sens que pouvaient avoir le nom et l’inscription, il entendit soudain un bruit de moteur derrière lui.
    Se retournant, il aperçut une petite pelle mécanique qui se dirigeait droit sur lui. L’époque où les fossoyeurs creusaient les tombes à la force des bras était révolue. Le temps des fossoyeurs est fini, pensa-t-il, ils ont été remplacés par de simples excavateurs.
    Il ne prêta guère attention à l’engin, préférant boire une gorgée de vin, fermer les yeux et tenter d’établir un contact avec Marlène, qui était étendue là, sous deux mètres et demi de terre.
    Sa tentative échoua, car l’excavateur s’immobilisa non loin de lui, dans la rangée adjacente. Les circuits hydrauliques poussèrent un sifflement quand le conducteur de la pelle mécanique coupa le moteur. L’employé ouvrit la porte vitrée.
    Malberg regarda avec étonnement une petite personne râblée s’extraire de l’étroite machine. S’agissait-il d’un homme ou d’une femme ? Il ou elle avait un visage bouffi et blafard. Ses cheveux étaient coupés si court qu’on voyait le cuir chevelu briller. La petitesse de cette personne, homme ou femme, était compensée par la taille de ses yeux. Jamais Malberg n’avait vu de si grands yeux.
    Ce n’est que lorsque cette petite personne se dirigea vers lui que Malberg crut comprendre, à sa façon de se mouvoir, qu’il s’agissait d’un homme. Les fossoyeurs sont toujours des personnages singuliers. Mais celui qui venait vers lui en le saluant aimablement était à n’en pas douter encore plus singulier que les autres.
    Il agitait étrangement les mains et les bras, sans prononcer un seul mot, du moins pas un seul mot qui fût audible. Il articulait différentes syllabes sans produire le moindre son. Malberg finit par comprendre que le conducteur de l’engin était sourd-muet.
    Il pointa l’index une fois sur Malberg, une fois sur la tombe de Marlène. Malberg crut comprendre que l’homme lui demandait s’il avait un lien de parenté avec la personne qui était enterrée ici.
    Malberg acquiesça.
    L’homme au visage doux posa alors sa main droite sur son cœur et regarda Malberg de ses grands yeux.
    Oui, acquiesça Malberg de nouveau. Il l’avait aimée. Il fut surpris de constater la facilité avec laquelle on pouvait se faire comprendre sans paroles. Il finit par sortir la bouteille de sa poche, il dévissa le bouchon et la tendit au petit homme.
    L’homme déclina l’offre. Mais lorsque Malberg eut bu une grande gorgée, le petit homme s’empara à son tour de la bouteille. Il avala de travers et fut pris d’une quinte de toux.
    Lorsqu’il reprit son souffle, il fit un signe pour dire à quel point il avait apprécié l’Averna. Le tout assorti d’un sourire laborieux.
    — C’est toi qui as creusé cette tombe ? s’enquit Malberg en veillant bien à ce que le conducteur de l’engin pût lire les mots sur ses lèvres.
    — Oui, dit celui-ci en désignant la pelle mécanique arrêtée à proximité.
    Il se passa alors quelque chose d’inattendu. Le petit homme désigna la tombe de Marlène avant de poser son index en croix sur ses lèvres, comme pour dire : « Je n’ai pas le droit d’en parler. »
    — Comment cela, tu n’as pas le droit d’en parler ?
    Étonné, Malberg observa les gestes qu’il faisait : on eût dit qu’il faisait passer de l’argent de sa main droite dans sa main gauche.
    — On t’a donné de l’argent pour que tu gardes le silence ?
    L’employé hocha la tête.
    — Qui ?
    La question de Malberg se heurta à un refus

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