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Le Huitième Péché

Titel: Le Huitième Péché Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philipp Vandenberg
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regard.
    C’est lui, pensa-t-il soudain, c’est cet homme défiguré qui a tiré sur la marquise. Cette pensée n’était pas de nature à lui faire conserver le peu de confiance qu’il avait retrouvé.
    — J’ai l’impression, finit-il par dire, que nous nous sommes gênés mutuellement en poursuivant des objectifs tout à fait distincts. Au fait, je m’appelle Malberg, Lukas Malberg, et je suis bouquiniste à Munich.
    Il attendait que l’homme défiguré décline à son tour son identité, mais il en resta pour ses frais.
    — Il va de soi que vous n’êtes pas obligé de dévoiler votre nom, suggéra Malberg d’un ton provocant.
    — Les noms ne signifient rien, répondit l’autre. Appelez-moi simplement Gueule-brûlée. C’est ainsi que m’appellent tous mes amis, ajouta-t-il en grimaçant.
    Le mot « ami » sonnait faux dans la bouche de cet homme. Lukas avait du mal à s’imaginer que ce type puisse avoir des amis. Il était plutôt du genre à tuer père et mère et à vivre en solitaire.
    Une terrible pensée s’empara tout à coup de Malberg. Il dévisagea discrètement Gueule-brûlée, duquel émanait tant d’inflexibilité qu’on pouvait s’attendre à tout de sa part. Était-il possible qu’il ait assassiné Marlène ?
    — Où aviez-vous connu Marlène Ammer ? demanda Malberg à brûle-pourpoint, se demandant lui-même d’où il tirait le courage de poser une telle question.
    Il guetta avec inquiétude la réaction de son interlocuteur.
    — Marlène Ammer ? Qui est-ce ?
    Un instant, Gueule-brûlée parut déstabilisé. Malberg n’avait pas envisagé cette réaction.
    — Je suis censé connaître cette personne ?
    — C’était une amie de la marquise Falconieri.
    — Pourquoi parlez-vous au passé ?
    — La marquise est morte.
    — Je sais, je voulais seulement voir si vous le saviez aussi. Pour un bouquiniste qui s’occupe de vieux papiers, je dois dire que vous comprenez vite. Est-ce que ça vous dirait de vous investir dans une affaire que j’avais conclue avec la marquise ? poursuivit-il immédiatement.
    — Cela dépend de la nature du marché. S’il s’agit de livres anciens, j’ai déjà donné, merci.
    — Vous m’avez dit que vous étiez prêt à mettre deux cent cinquante mille euros pour les livres ?
    — Sans sourciller. Si la collection de la marquise n’avait pas été l’objet d’un recel.
    Gueule-brûlée prit un air de joueur de poker :
    — Je vous propose un marché dans lequel la mise est plus modeste, mais les chances de gagner sont plus élevées. Cela vous intéresse ?
    — Pourquoi pas, dit Malberg en faisant mine de se laisser convaincre.
    En réalité, cette offre douteuse ne l’intéressait pas le moins du monde. Il était persuadé que Gueule-brûlée faisait partie de cette faune innombrable d’escrocs professionnels qui peuplent par centaines les faubourgs de Rome.
    Mais il fallait le faire patienter. Du moins jusqu’à ce qu’il ait démêlé les liens qui existaient entre lui et la marquise, et peut-être même entre lui et Marlène.
    — Avez-vous cent mille dollars en liquide ? s’enquit l’homme.
    — Comment cela en liquide ? Je n’ai pas cet argent sur moi.
    — Je m’en doutais un peu. Je veux dire : dans quel délai pouvez-vous disposer de cette somme en liquide ? À condition que nous fassions affaire.
    — Écoutez, Gueule-brûlée, je ne comprends rien à vos propos. Arrêtons-nous là. Je ne vais pas accepter de me lancer dans une affaire alors que je ne sais même pas de quoi il retourne. Ça frise le ridicule. Expliquez-vous un peu.
    Gueule-brûlée se tortillait comme un ver.
    L’homme qui avait fait si peur à Malberg, un instant auparavant, paraissait acculé.
    — Ce n’est pas si simple à expliquer en deux ou trois phrases, commença-t-il. C’est une affaire dans laquelle le Vatican est impliqué, concernant un objet que la curie serait prête à acquérir pour une somme bien supérieure à celle que je vous demande, moyennant évidemment d’habiles négociations.
    — N’importe quoi ! s’emporta Malberg. Vous n’imaginez tout de même pas que je vais croire ce que vous me racontez. Si les circonstances sont telles que vous les décrivez, dites-moi une chose : pourquoi vous ne le faites pas vous-même ?
    Gueule-brûlée fit maladroitement disparaître son revolver dans la poche intérieure de sa veste. Malberg ne put s’empêcher de penser qu’il cherchait à

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