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Le Huitième Péché

Titel: Le Huitième Péché Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philipp Vandenberg
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comme pour prier et leva les yeux au ciel.) Le cinquième commandement !
    Sur le bureau du cardinal, le téléphone sonna.
    Abate, le secrétaire privé de son Éminence, qui avait suivi la conversation de loin, décrocha :
    — Monsieur le cardinal secrétaire d’État ! s’écria-t-il.
    Moro se précipita sur le téléphone et arracha le combiné des mains d’Abate.
    — Mon frère ! Nous étions tous très inquiets de ne pas savoir où vous vous trouviez !… Bien sûr, vous n’avez pas de comptes à me rendre !… Qu’entendez-vous par hypocrite ?… Nous sommes tous dans le même bateau, dans la barque de Pierre… Au revoir, mon frère.
    Il raccrocha. Puis il murmura à voix basse :
    — Gonzaga est réapparu. Que Dieu ait pitié de nous.
    Mesomedes s’inclina poliment avant de quitter la pièce sans ajouter un mot. Il en avait assez entendu.
    Voilà qui ne me paraît pas très catholique, pensa-t-il. C’est quand même un comble, en ces lieux.

36
    I ls observaient depuis deux jours la maison de la marquise, toujours sans résultat. Le vieil immeuble était pratiquement inhabité depuis la mort de Lorenza Falconieri.
    Malberg et Barbieri, qui se relayaient toutes les trois heures, commençaient à s’ennuyer ferme. Le premier jour, pendant qu’il arpentait la ruelle, Malberg avait encore réfléchi à la mort étrange des deux femmes. Le deuxième jour, il s’était mis à compter ses pas du bout de la rue jusqu’à la Via dei Coronari dans laquelle elle débouchait.
    Il n’arrivait jamais au même nombre, car la longueur de ses enjambées variait selon les moments de la journée. Le matin, il faisait de plus grands pas que l’après-midi.
    Finalement, Malberg se trouvait conforté dans son intuition : surveiller cette maison ne les faisait pas avancer d’un pouce. À cela s’ajoutait qu’il devenait de plus en plus difficile de monter ainsi la garde sans se faire remarquer.
    Au soir du deuxième jour, un homme apparut au bout de la rue. D’un pas assuré, il s’avança vers la maison de la marquise, appuya sur une sonnette, attendit un moment, puis s’éloigna en se retournant encore une fois et en regardant vers l’étage du haut.
    Un instant, Malberg envisagea d’aller parler à cet homme. Mais il se ravisa et décida de le suivre.
    L’homme avait le visage défiguré par des cicatrices de brûlures. Il n’avait ni cils ni sourcils, et il faisait peur. Les passants qui venaient à sa rencontre s’écartaient ou changeaient de trottoir.
    Malberg eut tout loisir d’observer ce manège pendant qu’il suivait l’inconnu.
    Tout à la filature de l’homme au visage brûlé, Malberg ne prêtait que peu d’attention à la circulation dans les rues de Rome.
    C’est ainsi qu’il traversa une rue sans regarder, au moment où une voiture arrivait. Il ne dut qu’aux bons réflexes du conducteur de ne pas être renversé.
    Après s’être excusé auprès de ce dernier, il se rendit compte que l’inconnu au visage défiguré avait disparu entre les véhicules.
    — Il est possible que cela n’ait aucune importance, dit Malberg une fois de retour chez Barbieri, mais cet homme a sonné chez la marquise. Malheureusement, je l’ai ensuite perdu de vue.
    — Un homme au visage brûlé, dis-tu ? Entre deux âges, le front haut et dégarni, environ un mètre quatre-vingt-dix, maigre ?
    On reconnaissait nettement le langage d’un commissaire de police criminelle.
    — Tu le connais ? demanda Malberg, très agité.
    — Connaître, ce n’est pas le mot. Mais j’ai déjà aperçu cet homme, le premier jour, dans l’après-midi. Pour être franc, j’ai plutôt eu l’impression que c’était lui qui m’observait. Du moins c’est ce que j’ai pensé, car il est resté planté une heure entière au coin de la Via dei Coronari, et chaque fois que je me suis approché de lui, il a évité mon regard tout en feignant de s’ennuyer. À ses pieds, il y avait au moins dix mégots…
    — Je m’en veux d’avoir perdu sa trace. Reste à savoir s’il voulait vraiment aller chez la marquise.
    — Tu as bien dit qu’il avait sonné.
    — Oui, c’est ce que j’ai vu.
    — Il ignore donc que la marquise est morte !
    — Rien d’étonnant, puisqu’aucun journal n’a fait état du meurtre.
    — Alors, il ne manquera pas de revenir.
    Malberg soupira profondément.
    — Je crains le pire. Penses-tu que nous devrions poursuivre notre surveillance, demain ?
    — Lukas,

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