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Le Huitième Péché

Titel: Le Huitième Péché Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philipp Vandenberg
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fournir la moindre information. Mais comment s’y prendre ? Savait-elle seulement que sa sœur était morte ?
    Il tripotait le bout de papier en tergiversant. Il finit par prendre le téléphone. Après plusieurs bips, il entendit un crachotement et une voix féminine sur un répondeur : Vous êtes bien chez Liane Ammer. Étant entre Madrid, Rome, Athènes ou Le Caire, je ne suis pas joignable pour le moment. N’hésitez pas à me laisser un message si vous avez quelque chose à me dire. Sinon, vous pouvez raccrocher. Merci de parler après le bip.
    Malberg entendit le signal, mais ne broncha pas. Il ne s’était pas attendu à tomber sur un répondeur. Quelle attitude adopter ? Devait-il raccrocher ? S’il donnait la raison de son appel, il lui laissait la possibilité de réfléchir. À supposer qu’elle ne soit pas au courant de la mort de Marlène, il valait mieux qu’il se contente d’une simple allusion.
    — Je suis un camarade de classe de votre sœur Marlène. Vous êtes sans doute depuis longtemps au courant de ce qui lui est arrivé. Je vous serais reconnaissant si nous pouvions en parler brièvement au téléphone. Je me permettrai de vous rappeler ultérieurement.
    Puis il raccrocha, soulagé.
    La nuit était déjà tombée lorsque Malberg quitta la librairie pour rentrer à Grünwald, un faubourg situé au sud, avec ses villas et ses appartements régulièrement cambriolés. Malberg y avait acheté un appartement dix ans plus tôt, à une époque où les biens immobiliers y étaient encore abordables. Il n’avait pas envie de rentrer chez lui et ne comprenait pas pourquoi. Cette réticence ne fit que s’accentuer lorsqu’en pénétrant dans l’appartement, il sentit l’odeur de renfermé. Cela faisait dix semaines qu’il avait quitté son appartement, depuis le milieu de l’été. On était maintenant en automne, et le temps était maussade.
    Malberg ouvrit toutes les fenêtres. Puis il enleva sa veste, qu’il suspendit au portemanteau, et se laissa tomber sur le gigantesque canapé en cuir rouge. Il croisa les mains derrière la tête et réfléchit.
    Avait-il bien fait d’appeler la sœur de Marlène ? N’aurait-il pas été préférable de lui rendre visite à l’improviste ? Elle n’aurait pas pu se dérober. C’est alors que son téléphone portable sonna.
    — Bonjour, lança joyeusement Malberg, qui s’attendait à un appel de Caterina.
    — Vous êtes bien monsieur Malberg ? lui répondit une voix grave et froide.
    — Oui, dit Malberg, très surpris. Qui est à l’appareil ?
    — Mon nom n’a pas d’importance.
    — Écoutez, si vous ne jugez pas utile de vous présenter… commença Malberg, très remonté.
    Mais son interlocuteur ne lui laissa pas le temps de finir sa phrase.
    — Marlène est morte, l’interrompit l’inconnu. Pourquoi fourrez-vous votre nez dans sa vie privée ? N’allez surtout pas mêler Liane à tout cela !
    — Mais Marlène a été assassinée ! Qui que vous soyez, monsieur l’inconnu, si Marlène ou sa sœur représentent quelque chose pour vous, alors il devrait vous tenir à cœur que ce crime soit élucidé !
    Il s’ensuivit un interminable silence.
    — Allô ? dit Malberg en pressant son oreille contre l’écouteur. Mais il n’entendit qu’un chuintement lointain. Il allait raccrocher lorsqu’il entendit à nouveau la voix grave.
    — Malberg, ceci est une mise en garde solennelle ! Il n’y en aura pas une deuxième. Vous commencez à devenir gênant. Songez à Giancarlo Soffici, le secrétaire du cardinal Philippo Gonzaga !
    Il y eut encore dans l’écouteur un crachotement, un grésillement, puis plus rien.
    Malberg se leva. Il était abasourdi. Qui était cet homme ? Comment connaissait-il son nom et son numéro de portable ? Comment cet homme pouvait-il savoir qu’il avait téléphoné à Liane Ammer ? Que signifiait cette allusion au secrétaire de Gonzaga ?
    Il faisait froid. Malberg frissonna. Il ferma machinalement les fenêtres et regarda par les vitres embuées la rue déserte à cette heure de la journée.
    Il appuya la tête contre la vitre humide pour rafraîchir son front derrière lequel bouillonnaient toutes sortes d’idées. Il ferma les yeux. Cela faisait du bien de ne rien voir. L’obscurité favorise la réflexion. Mais il n’arrivait pas à se concentrer.
    Une voiture s’immobilisa devant chez lui. Malberg ouvrit les yeux et fit un pas en arrière pour sortir du halo de

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