Le Huitième Péché
lumière que projetaient les réverbères. Un homme sortit du véhicule et pénétra dans l’immeuble d’en face. Quelques minutes plus tard, au deuxième étage, des lumières s’allumèrent dans l’appartement situé à la même hauteur que le sien.
Inquiet, Malberg se précipita vers l’interrupteur et éteignit la lumière. Il s’approcha alors de la fenêtre. Dans l’appartement d’en face, la lumière était également éteinte. Son cœur battait à tout rompre, comme s’il venait de courir un mille mètres. Il observa la façade de la maison de l’autre côté de la rue. Il n’osait même pas baisser les stores.
Pourquoi n’avait-il pas réussi à prolonger la conversation avec l’inconnu ? Pourquoi s’était-il comporté comme un gamin intimidé ?
L’homme qui était entré dans l’immeuble d’en face quelques minutes auparavant en ressortit, se dirigea vers sa voiture et démarra. Quand on se retrouve dans des situations qui frisent l’absurde, la moindre inquiétude prend des proportions incroyables. Malberg se sentait oppressé. La sonnerie de son mobile l’arracha brutalement à ses réflexions.
Il n’avait pas l’intention de répondre.
Mais, comme le téléphone continuait de sonner, il finit par décrocher :
— Oui ? dit-il sur un ton hésitant, en s’abstenant de donner son nom.
— Mais, bon sang, où es-tu ? s’écria Caterina.
Sa voix lui fit l’effet d’une délivrance.
— Dieu merci ! dit-il tout bas.
— Comment cela, Dieu merci ? demanda Caterina. Je n’ai rien dit du tout. Tout va bien chez toi ?
Malberg bredouilla.
— Oui. Ou plutôt, non. Je viens de recevoir un curieux appel.
— De qui ?
— J’aimerais bien le savoir. L’homme avait une voix grave et glaciale. Il ne m’a pas donné son nom, bien que je le lui aie demandé.
— Et que voulait-il ?
— Que j’arrête de fourrer mon nez dans la vie de Marlène. Et surtout que je ne mêle pas sa sœur à cette affaire. Et puis, il a dit quelque chose de bizarre : que je devais penser au secrétaire du cardinal Gonzaga. J’ai oublié le nom qu’il m’a donné.
— Monsignor Giancarlo Soffici ?
— Oui, je crois que c’est ce nom-là.
Il y eut un long silence que Malberg interrompit.
— Caterina, pourquoi ne dis-tu rien ? Que se passe-t-il ?
— J’ai peur pour toi, finit-elle par répondre.
— Peur ? Malberg s’efforçait de garder son calme. Pourquoi peur ?
— Tu ne lis donc pas les journaux ?
— Non, désolé, je n’en ai pas encore trouvé le temps.
— Les journaux italiens titrent sur la mort tragique du secrétaire du cardinal Gonzaga.
— Qu’y a-t-il de si tragique à cela ?
— Il a été victime d’un accident sur une route de montagne qui conduit au château de Layenfels, une forteresse qui domine le Rhin. Tu la connais ?
— Jamais entendu parler ! Il y en a tellement !
— L’histoire est mystérieuse au plus haut point. Le secrétaire a brûlé dans sa voiture, qui était en fait le véhicule de fonction du cardinal secrétaire d’État Philippo Gonzaga. Ladite voiture avait disparu quelques jours auparavant. Les plaques minéralogiques de la Mercedes étaient fausses.
— C’est étrange, vraiment étrange ! remarqua Malberg.
Il feignait d’avoir l’air détendu, afin de ne pas alarmer Caterina. En vérité, les menaces de l’inconnu repassaient en boucle dans sa tête. Songez à Soffici ! Il comprit tout à coup les insinuations de cet homme. Songez à Soffici !
Il s’agissait d’une menace de mort. Et c’était aussi la preuve que le prétendu accident du monsignor n’en était pas un, mais plutôt un assassinat déguisé en accident…
— Dans un des articles à propos de la mort mystérieuse de Soffici, poursuivit Caterina, j’ai trouvé une photo de cette forteresse sur les bords du Rhin. Maintenant, tiens-toi bien : il y a sur la photo un indice qui renvoie directement à la mort de Marlène Ammer.
— C’est de la folie.
— Tu ne crois pas si bien dire. Cette forteresse est le siège d’une confrérie obscure qui dispose de beaucoup d’argent et qui héberge de grands esprits.
— Et où est le lien avec Marlène ?
Pas de réponse.
— Allô ? Allô ?
La communication était coupée. Malberg sentit son pouls s’emballer. Il tenta sans y parvenir de rappeler Caterina. C’était vraiment étrange. Son téléphone émit un bip. Caterina venait de lui envoyer un
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