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Le Huitième Péché

Titel: Le Huitième Péché Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philipp Vandenberg
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du moins, son nom ne figurait pas dans l’annuaire –, et ensuite parce qu’Anicet s’attendait à ce que le faussaire refuse toute visite dès le moment où il aurait compris de quoi il retournait.
    La sonnette du numéro 84 ne portait pas de nom ; Anicet sonna une première fois, sans succès. Puis il appuya longuement sur le bouton. Une fenêtre s’ouvrit alors au troisième étage. Un crâne dégarni et un visage osseux prolongé par une longue barbe blanche de père Noël apparurent dans l’encadrement. Anicet se dit qu’il avait déjà vu ce vieillard quelque part.
    — Monsieur de Coninck ? lança-t-il, la tête levée vers la fenêtre.
    — Il n’y a personne de ce nom ici, rétorqua sèchement le vieillard qui referma violemment la fenêtre.
    Anicet essuya les gouttes de pluie qui ruisselaient sur son visage. Il entendit alors une voix de femme qui provenait du premier étage de la maison d’en face.
    — Vous devez demander le Maître ou, mieux encore, Leonardo. Il ne répond jamais quand on l’appelle de Coninck… C’est un original, vous savez !
    Avant même qu’Anicet ait pu poser une question, le visage de la vieille femme disparaissait derrière un rideau.
    Bizarre, pensa-t-il. Mais, désireux de parvenir à ses fins, il sonna une troisième fois, avec insistance.
    Lorsque le crâne réapparut dans l’entrebâillement de la fenêtre, Anicet cria :
    — Maître Leonardo, un mot seulement. J’aimerais vous parler, vous parler de votre métier.
    Dans la seconde qui suivit, un objet métallique tomba à toute vitesse sur Anicet, qui fit un bond sur le côté et réussit à l’éviter de justesse. Une clef d’environ une dizaine de centimètres qui se balançait au bout d’une longue ficelle.
    Contrairement à sa première impression, Anicet comprit qu’il ne fallait pas y voir un projectile destiné à l’agresser, mais une invitation à entrer.
    À peine eut-il ouvert la porte que la clé lui fut arrachée des mains. Elle s’éleva dans les airs aussi vite qu’elle en était descendue.
    Anicet se retrouva dans une entrée voûtée, chichement éclairée par une ampoule au mur. Il distingua au fond un escalier, aussi raide qu’une échelle de meunier.
    En posant le pied sur la première marche, il déclencha des craquements et des grincements qui ne firent qu’amplifier au fur et à mesure qu’il montait.
    Arrivé en haut, il se retrouva nez à nez avec un vieillard décharné portant des hauts-de-chausses rouges et un gilet à basques moyenâgeux. Ce n’est qu’en le voyant ainsi qu’Anicet comprit pourquoi il pensait l’avoir déjà vu. Ernest de Coninck ressemblait à s’y méprendre à Léonard de Vinci.
    On aurait même pu croire qu’il était le génie de la Renaissance en personne.
    — Je vous salue, messire Léonard, dit Anicet, évitant soigneusement d’adopter un ton que le vieillard aurait pu trouver moqueur. Je m’appelle Anicet.
    — Vous êtes curé, ce n’est pas à moi qu’on va donner le change ! s’exclama Leonardo hors de lui. Je vous hais tous.
    — Je ne suis pas curé, croyez-moi, s’exclama Anicet vivement.
    Sous son trench-coat, il portait un costume gris, une cravate verte avec des imprimés. Il se demandait ce qui pouvait amener le vieillard à le prendre pour un curé. Il est vrai que les hommes d’Église ont une physionomie bien spécifique, avec leurs joues légèrement rouges, leur visage bouffi et leur regard artificiellement enflammé.
    Après des années d’abstinence, Anicet pensait s’être débarrassé depuis longtemps de ces traits caractéristiques. Mais, de toute évidence, il se trompait.
    Pour ne pas s’enfoncer davantage, il décida de s’expliquer :
    — Très bien, maître, je vais vous dire la vérité. J’ai été cardinal de la curie, mais cela remonte à fort longtemps.
    — C’est bien ce que je disais. Je les reconnais entre mille, marmonna Leonardo, qui ajouta aussitôt : qu’est-ce que vous voulez ?
    — Je voulais vous parler du suaire de Jésus de Nazareth.
    — Connais pas.
    — Messire Leonardo ! Pas la peine de jouer au plus fin avec moi. Nous savons tous les deux de quoi il retourne.
    Le vieillard qui, jusqu’alors, s’était tenu à une certaine distance, s’approcha de lui.
    Anicet remarqua que sa barbe tremblait et que ses yeux, profondément enfoncés dans les orbites, étincelaient.
    — Vous savez qui je suis ? demanda le vieillard d’une voix

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