Le Japon
événements ont eu des prolongements et des conséquences. Pour les Mongols, une expédition manquée ne représentait pas un désastre majeur : le Japon n’était pour eux qu’un théâtre d’opérations entre plusieurs. Qoubilai n’abandonna pas l’idée de le soumettre un jour et fit entreprendre à plusieurs reprises des préparatifs, d’abord en 1283 et une dernière fois avant sa mort, en 1294. Il avait entre-temps essayé, avec des succès divers, de conquérir le Tonkin, le Champa (sur la côte d’Annam) et Java.
Jusqu’en 1294 et même au-delà, le Japon dut rester vigilant. Il fallut continuer à entretenir les fortifications du Nord de Kyû Shû et à imposer des services exceptionnels de garde des côtes aux guerriers locaux. Les enquêtes sur les mérites acquis en 1281 se poursuivirent jusqu’en 1286 et les distributions ne purent se faire que lentement : des récompenses furent encore attribuées en 1307. Le bakufu avait stipulé que terres et offices concédés ne le seraient que dans l’île de KyûShû, car il ne voulait pas déplacer des combattants éventuels. Or les biens disponibles étaient en fort petit nombre et, outre les guerriers, les établissements religieux élevaient aussi la prétention de faire reconnaître leurs services. Les lots distribués variaient de trois à dix hectares. Les invasions mongoles n’ont pas provoqué les difficultés économiques des vassaux du bakufu , mais elles n’ont pas contribué à les réduire ni à raviver la reconnaissance et la fidélité des gokenin à l’égard du régime de Kamakura.
Les dangers courus du fait des Mongols ont permis au régent Tokimune, maître du bakufu , d’étendre le champ de ses interventions. Pour les besoins de la défense, il a exigé une part des redevances dues aux seigneurs, nobles de cour ou établissements religieux, qui, normalement, ne relevaient pas de lui, encourageant ainsi les usurpations des gokenin officiers domaniaux. Averti de l’arrivée de la flotte ennemie en 1281, il s’était arrogé le droit de mobiliser non seulement les vassaux du bakufu mais encore tous les hommes disponibles dans les provinces menacées. Le clan des Hôjô put aussi placer à Kyû Shû dans des postes de gouverneurs militaires des hommes de leur maison. Après 1285, ils mirent progressivement en place un organe nouveau chargé de la défense des côtes et investi de la juridiction sur toute l’île, dont les membres prirent le dessus sur les deux grandes familles de gouverneurs militaires, les Shôni et les Ôtomo, plus anciennement installées. Mais cette volonté des Hôjô d’accroître leurs prérogatives, de s’entourer des conseils de leurs propres vassaux et de les placer aux postes importants, était antérieure aux invasions mongoles, qui n’ont fait que la fortifier.
Les événements de 1274 et de 1281 n’ont pas eu d’influence notable sur les échanges avec le continent.Sans qu’il y ait eu de relations officielles entre la dynastie mongole des Gen et le Japon, à partir de 1292, des bateaux japonais ont recommencé à fréquenter les ports de la Chine, des moines chinois sont revenus au Japon et surtout des moines japonais, assez nombreux au début du XIV e siècle, ont repris le chemin de la Chine, dont l’influence culturelle resta très forte. Dès lors, le développement des activités des pirates japonais, les fameux wako , allait amener une nouvelle phase dans les relations de l’archipel avec le continent.
Notes
3 . Les Taïra et les Minamoto guerriers au service de la cour ont profité de l’affaiblissement de celle-ci pour organiser des groupes de combattants qui étaient souvent des administrateurs domaniaux. Les Minamoto, après leur victoire sur les Taira ont fondé le Bakufu de Kamakura. Mais le shôgun , chef nominal du Bakufu était dans la pratique remplacé par les membres de la maison Hōjō, régents héréditaires.
4 . Bakufu : « gouvernement de la tente », ensemble d’organes administratifs qui constituent la maison du général chargé de la pacification des barbares de l’Est. Titre porté à la fin du XII e siècle par une grande famille de guerriers chargée par l’empereur d’assurer l’ordre dans le pays.
5 . Gokenin : hommes de la maison et vassaux du shôgun.
La dernière bataille des seigneurs de la guerre
En octobre 1600, la bataille de Sekigahara, dont on a fêté à travers tout le Japon le quatre centième anniversaire, a permis
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