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Le Japon

Le Japon

Titel: Le Japon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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protection des divinités, obtenue grâce aux prières commandées par la cour et le bakufu . L’opuscule, rédigé sans doute par un moine du temple attaché au sanctuaire Hachiman-gû, situé au sud de Kyôto, les Instructions faciles relatives à Hachiman (Hachiman gudô-kin) , raconte bien quelques faits de guerre ; mais il s’étend surtout sur le salut, œuvre des divinités. Il énonce clairement que tous les habitants du Japon, de l’empereur aux derniers des sujets, sont les enfants des divinités nationales et ne dépendent de qui que ce soit, de l’Inde ou de la Chine. Ainsi, les guerriers combattaient d’abord pour servir leur seigneur, les prêtres et les moines priaient pour la sécurité et le salut du pays, quelquefois même avec un sentiment très vif de son identité, comme en témoigne le poème composé par le moine Ean en 1270, alors qu’il célébrait un service à la demande du bakufu  : « Jusqu’à la fin des fins, jusqu’à la fin des temps, notre pays, parmi tous les pays, est le meilleur. »
    Il ne s’agissait pas, en réalité, d’une nouveauté : avec plus d’assiduité et de vigueur, en raison des circonstances graves, avec une efficacité éclatante aux yeux de tous, les moines et les prêtres ont assuré à l’égard de la cour le service qui leur était de tout temps dévolu. En effet, il s’était développé très tôt dans le monde de la cour, cœur du pays et élément qui lui donne son existence et sa cohésion, un sentiment de responsabilité : la cour considérait que sa mission était de prendre lesmesures spirituelles nécessaires à la conservation du pays et de ses habitants.
    L’empereur était l’interlocuteur privilégié des divinités fondatrices, même s’il laissait généralement aux spécialistes le soin de les invoquer. En outre, les moines bouddhistes lui ont fait connaître comme recettes efficaces pour l’accomplissement de sa mission les enseignements de sûtra promettant la paix et la prospérité aux pays dont les souverains les feraient réciter. Il serait abusif d’assimiler cet état d’esprit, surtout répandu parmi l’élite, au patriotisme moderne. On peut remarquer, de plus, que les moines, à peu près seuls hommes instruits à voyager hors du Japon, avaient tout naturellement un sens plus éveillé de l’étranger. Au moment des invasions, le bakufu , à qui il incombait de prendre des mesures concrètes de défense, a, lui aussi, très vivement senti sa responsabilité, au point qu’empiétant sur un domaine normalement réservé à la cour, il a subventionné des célébrations religieuses pour le salut du pays et non pas seulement pour ses intentions particulières. Mais on ne sait rien des réactions de la population, ni même de celles des guerriers qui ne furent pas directement touchés. La cour, l’élite des moines et des desservants du culte national, de même que le bakufu , ont eu une conscience nette du danger et de leur devoir d’obtenir le départ des envahisseurs, par les moyens qui étaient les leurs. Les guerriers ont courageusement fait front, soit par obéissance à leur éthique propre, soit pour remplir leurs obligations à l’égard de leur seigneur, soit pour obtenir des récompenses. La délivrance fut imputée aux dieux, ce qui renforça le sentiment que le Japon, pays divin, peut compter sur la promesse de la divinité fondatrice et que sa dynastie est éternelle.
    En effet, les ouvrages écrits au XIV e  siècle, l’ Histoire de la succession correcte des divins empereurs (Jinnô-shôtô-ki) dont l’influence a été si grande à l’époque de Edo (début XVII e  siècle), ou le Miroir supplémentaire (Masu-kagami) , ou l’ Histoire de la grande paix (Taihei-ki) , quand ils mentionnent, d’ailleurs assez brièvement, les événements de 1274 et 1281, mettent l’accent sur la protection des divinités et des buddha. Ils ne font pas état d’un quelconque élan de l’ensemble de la population face à l’étranger. Tout au plus peut-on dire qu’ils le postulent de façon implicite, car la cour est censée contenir le pays tout entier et manifester les sentiments de tous. Ces combats n’ont pas suscité de récits ; ils ne sont pas entrés dans la mémoire collective, comme si la guerre contre des gens venus d’ailleurs ne pouvait pas être considérée comme normale et exemplaire. Preuve, peut-être, d’une certaine difficulté à définir des rapports avec l’étranger.
    Ces

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