Le Japon
pas, mais qui est plausible) pour expliquer la perte de la moitié de leur effectif. Une pénurie de flèches, la blessure d’un de leurs chefs seraient à l’origine de la décision d’arrêter l’opération. Il est clair qu’en dépit des mises en garde des Coréens, les Mongols avaient sous-estimé les difficultés d’une expédition maritime et de l’arrivée sur un terrain totalement inconnu.
Hors des régions directement concernées, Tsushima, Iki et la baie de Hakata, défendues par quelques centaines de combattants, les événements de la fin de 1274, ce qu’on appelle la campagne de l’ère Bun.ei, n’ont pas beaucoup ému le reste du pays. La cour qui célébrait alors les Grandes Prémices du début du règne de Go.uda-tennô ne les repoussa pas, quoiqu’elle eût reçu les nouvelles de Tsushima. Tout au plus, le mois suivant, prit-elle le deuil pour l’incendie du sanctuaire de Hakozaki par les Mongols. À Kamakura, on savait qu’ilne s’agissait pas d’une délivrance définitive. On donna les ordres de routine relatifs à l’enregistrement par les gouverneurs militaires des mérites acquis au combat par les gokenin , mérites manifestés par le nombre de têtes présentées et par les témoignages, ceux de parents étant exclus. Une liste de cent vingt guerriers dignes d’être récompensés fut promulguée. Surtout, il fallait mieux organiser la défense. Dès 1275, les deux principaux gouverneurs militaires de Kyû Shû, Shôni Tsunesuke et Ôtomo Yoriyasu, furent chargés de mettre sur pied un système de garde des côtes par les gokenin . Les provinces de l’extrémité occidentale de Hondo reçurent des ordres analogues.
En 1276, on commença la construction de fortifications dans la baie de Hakata. Les vassaux du bakufu ayant des intérêts à Kyû Shû et les établissements religieux de l’île furent taxés en proportion de leurs biens : pour cent hectares, édification de trente mètres d’un mur d’un mètre quatre-vingts de hauteur et de trois mètres de largeur à la base. Il y eut aussi des préparatifs maritimes et une velléité de la part du bakufu de porter la guerre en Corée. Qoubilai ne jugeait pas que ses troupes avaient subi une défaite et espérait encore que le Japon se soumettrait. Il envoya, dès 1275, une ambassade que le bakufu fit venir à Kamakura pour la mettre à mort. En 1278, alors qu’on ignorait ce fait, un bateau japonais fut autorisé à aborder en Chine. En 1279, ayant achevé la conquête de la Chine, Qoubilai dépêcha une seconde ambassade qui subit le même sort que la première. Le bakufu , qui recueillit alors des moines chinois réfugiés, entendait ne pas succomber comme les Song. On attendait l’invasion pour 1281 et, dès 1280, la cour commanda des services religieux et mobilisa les moines les plus connus pour leur efficacité.
Qoubilai créa en 1280 un organe chargé de soumettre l’Est et nomma les préposés aux préparatifs en Corée et en Chine du Sud. Le corps expéditionnaire devait partir de deux bases : le Sud de la Corée et la région du fleuve Bleu. L’armée de Corée aurait disposé de 900 bateaux, 15 000 Mongols et Chinois, 10 000 Coréens et 15 000 marins sous le commandement de Kinto. L’armée de Chine aurait eu 3 500 bateaux et environ 100 000 hommes, les approvisionnements étant prévus pour trois mois. Le tout était placé sous le commandement du Mongol Arakan qui, malade, fut remplacé au dernier moment par Atahai, ce qui fut peut-être la cause du retard pris par la flotte partie de Chine. Les deux groupes devaient faire leur jonction à Iki vers la mi-juin. Cependant la flotte de Corée, sortie du port le 22 mai, attaqua Tsushima puis Iki et, à partir du 23 juin, porta son effort sur la péninsule de Shikanoshima (alors une île), au nord-est de la baie de Hakata, et sur diverses îles situées au sud-ouest. Mais la défense fut efficace et, en une semaine, les assaillants ne progressèrent pas.
La flotte de Chine arriva à la fin de juillet devant Hirado, entre-temps choisi comme lieu de rendez-vous, et, le 12 août, une avant-garde approcha de l’île Taka. Dès l’arrivée des bateaux dans leurs eaux, les Japonais avaient commencé à harceler les isolés, de sorte qu’ordre fut donné par le général mongol de les tenir reliés par des chaînes pour la nuit, précaution qui s’avéra désastreuse, quand, le 15 août, un typhon s’éleva. La flotte devant Taka fut
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