Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Journal D'Anne Frank

Le Journal D'Anne Frank

Titel: Le Journal D'Anne Frank Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Frank
Vom Netzwerk:
des voleurs, il est courageux, et quand il est gauche ou malhabile, alors justement, il est attendrissant. J’aime beaucoup mieux qu’il me donne une explication que de devoir, moi, lui apprendre quelque chose, j’aimerais tant que dans presque tous les domaines, il l’emporte sur moi !
    Je me fiche bien de toutes ces Mamans, oh, si seulement il pouvait se déclarer.
    Papa dit toujours que je fais ma mijaurée, mais ce n’est pas vrai, je suis seulement vaniteuse ! Je n’ai pas encore entendu beaucoup de gens me dire qu’ils me trouvent jolie. A part C.N. qui m’a dit que j’étais très mignonne quand je souriais. Hier, pourtant, Peter m’a fait un compliment sincère et je vais rapporter à peu près notre conversation, comme ça, pour le plaisir : Peter me disait très souvent : « Souris, pour voir ! » Cela m’a frappée et hier je lui ai demandé : « Pourquoi faut-il donc que je sourie tout le temps ?
    — Parce que c’est mignon ; cela te donne des fossettes sur les joues, comment ça se fait ?
    — Je suis née avec. J’en ai aussi une au menton. C’est la seule chose que j’ai de joli.
    — Mais non, ce n’est pas vrai du tout !
    — Si, je sais très bien que je ne suis pas une belle fille, je ne l’ai jamais été et je ne le serai jamais !
    — Je ne suis absolument pas d’accord avec toi, moi je te trouve jolie.
    — Ce n’est pas vrai.
    — Si je te le dis, tu peux me croire ! »
    Alors, naturellement, j’ai dit la même chose de lui !
     
    Bien à toi,
    Anne M. Frank
     
     
     
    MERCREDI 29 MARS 1944
     
    Chère Kitty,
     
    Hier soir, le ministre Bolkesteyn a dit sur Radio Orange qu’à la fin de la guerre, on rassemblerait une collection de journaux et de lettres portant sur cette guerre. Évidemment, ils se sont tous précipités sur mon journal.
    Pense comme ce serait intéressant si je publiais un roman sur l’Annexe ; rien qu’au titre, les gens iraient s’imaginer qu’il s’agit d’un roman policier. Non, mais sérieusement, environ dix ans après la guerre, cela fera déjà sûrement un drôle d’effet aux gens si nous leur racontons comment nous, juifs, nous avons vécu, nous nous sommes nourris et nous avons discuté ici. Même si je te parle beaucoup de nous, tu ne sais que très peu de choses de notre vie. L’angoisse que ressentent les dames lors des bombardements ; par exemple dimanche 350 appareils anglais ont largué un demi-million de kilos de bombes au-dessus d’Ijmuiden, la façon dont les maisons se mettent alors à trembler comme un brin d’herbe dans le vent, le nombre d’épidémies qui sévissent ici. De toutes ces choses dont tu ne sais rien, et il me faudrait passer la journée entière à écrire si je devais tout te raconter dans les moindres détails. Les gens font la queue pour se procurer des légumes et tout ce qu’on peut imaginer, les médecins ne peuvent pas se rendre auprès des malades, parce qu’on vole leur véhicule à tout bout de champ ; les cambriolages et les vols sont innombrables, à tel point qu’on finit par se demander ce qui pique les Hollandais pour être devenus tout d’un coup aussi voleurs. Des petits enfants de huit et onze ans brisent les fenêtres des appartements pour voler de tout sans distinction. Personne n’ose quitter son domicile pour cinq minutes, car, quand on part, le contenu de l’appartement part aussi. Tous les jours dans le journal, des annonces paraissent, promettant une récompense pour la restitution de machines à écrire, de tapis persans, de pendules électriques, d’étoffes, etc. On démonte les pendules électriques, on défait les téléphones dans les cabines jusqu’au dernier fil.
    Le moral de la population ne peut pas être bon, tout le monde a faim, les rations de la semaine suffisent à peine pour tenir deux jours, sauf celle d’ersatz de café. Le débarquement se fait attendre, les hommes sont obligés de partir en Allemagne, les enfants tombent malades ou sont sous-alimentés, tous ont de mauvais habits et de mauvaises chaussures. Une semelle coûte 7,50 florins au marché noir, en plus la plupart des cordonniers n’acceptent plus de clients ou alors il faut attendre quatre mois avant que les chaussures soient prêtes, et elles ont souvent disparu entre-temps. Dans tout cela, une chose est bonne : les actions de sabotage contre les autorités ne cessent de se multiplier en réaction à une nourriture de plus en plus mauvaise et à des mesures

Weitere Kostenlose Bücher