Le Journal D'Anne Frank
livre qu’il a rédigé en prison en 1923, Mein Kampf. L’Allemagne doit être débarrassée de tous ceux qui n’appartiennent pas à la race pure, la race aryenne. Les partis sont interdits, un régime de terreur s’installe. Les Juifs sont mis au ban de la société ; dépouillés de leurs droits et de leurs biens, isolés du reste de la population, ils seront ensuite déportés, comme tous ceux qui ne correspondent pas à l’idéal nazi. Quant au problème du chômage, Hitler a entrepris de le régler par une politique industrielle résolument créatrice d’emplois ; les chômeurs sont autant de travailleurs disponibles qui lui fournissent une main-d’œuvre formidable pour concentrer ses efforts sur la préparation de la guerre.
Au moment où Otto Frank décide d’émigrer, le sort réservé à la communauté juive ne fait plus de doute pour lui. Déjà la ségrégation a commencé à l’école, les magasins juifs sont boycottés, les Juifs perdent leurs emplois. Aussi Otto Frank part-il pour Amsterdam en éclaireur afin de trouver un logement et de régler certaines questions administratives. Il a des relations dans cette ville, ses affaires l’ayant déjà amené à y travailler. Sa famille le rejoint après un séjour à Aix-la-Chapelle, chez la grand- mère maternelle d’Anne. La grand-mère paternelle d’Anne émigrera elle aussi et ira se fixer à Bâle.
La famille s’installe aux Pays-Bas
Les Frank occupent un appartement de la Merwede- plein, dans le sud d’Amsterdam. Otto Frank crée sa propre société, une entreprise spécialisée dans le commerce de pectine, un produit servant à la préparation de confitures. Plus tard, il diversifie son activité en vendant également des épices. Anne et Margot s’adaptent rapidement à la vie néerlandaise. Très vite, elles acquièrent à l’école une bonne maîtrise du néerlandais, et c’est d’ailleurs dans cette langue qu’Anne rédige son journal. Le père avait une pratique suffisante de la langue dans le cadre de ses activités. Leur mère, qui demeurait au foyer, semble avoir éprouvé, à cet égard, de réelles difficultés, d’autant que les Frank fréquentaient surtout d’autres Allemands réfugiés en Hollande pour les mêmes raisons qu’eux.
Otto Frank avait vu dans les Pays-Bas, qui étaient restés neutres durant la Première Guerre mondiale, une terre d’asile, un État à l’abri de la menace nazie. Puis la guerre éclate, les Pays-Bas sont envahis et capitulent presque aussitôt. Au début de l’occupation, la vie de la famille Frank se poursuit normalement. Mais se succèdent bientôt des mesures, au départ anodines, ensuite de plus en plus rigoureuses, contre les Juifs. Pour Otto Frank, déjà témoin de cette escalade en Allemagne, il n’y a plus de doute, il faut se cacher, car il est trop tard pour émigrer à nouveau. Il fait néanmoins une dernière tentative en janvier 1942. Avant qu’on lui interdise d’exercer son métier, Otto Frank demande à des amis et collègues de lui servir de prête- noms, afin de ne plus être officiellement propriétaire et directeur de son entreprise. Il s’adresse à Jan Gies, le mari de sa secrétaire Miep, ainsi qu’à MM. V. Kugler et J. Kleiman. Otto contourne de cette manière une mesure engagée en octobre 1940 visant, pour des raisons évidentes, à recenser les Juifs propriétaires ou directeurs d’une société. Il conserve, contrairement à de nombreux autres Juifs, sa source de revenus. La sonnette d’alarme retentit lorsque Margot reçoit une convocation des S.S. Nous connaissons la suite des événements, puisque Anne Frank les évoque en détail dans le Journal.
La famille se cache à l’Annexe
Petit à petit, dans l’immeuble qui abritait ses bureaux, Otto Frank avait discrètement aménagé ce que l’on a appelé l’Annexe et qui est en fait une partie du bâtiment donnant sur la cour. On accédait à l’Annexe par le palier du deuxième étage. La porte menant à l’Annexe fut ultérieurement camouflée par des rayonnages pivotants (« la porte-bibliothèque » dont parle Anne dans le Journal). Anne Frank décrit la composition de l’Annexe et du reste de l’immeuble dans le Journal , mais il convient d’ajouter que les fenêtres de la partie avant du bâtiment, d’où on aurait pu apercevoir l’Annexe, étaient recouvertes d’un papier noir servant à protéger les épices de la lumière. L’Annexe
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