Le Journal D'Anne Frank
surplombait un jardin. Les voisins situés à l’arrière de l’immeuble pouvaient donc voir cette partie du bâtiment, mais les Frank avaient, dès leur arrivée, fixé des rideaux, ce qui ne risquait pas d’éveiller de soupçons, la défense passive obligeant les civils à voiler les fenêtres de façon à ne laisser filtrer aucune lumière la nuit. Les voisins pouvaient croire qu’il s’agissait d’entrepôts. Les risques majeurs étaient donc le bruit, ou encore une lumière ou une ombre apparaissant derrière les fenêtres en dehors des heures de bureau. D’autre part, l’approvisionnement présentait un danger, tout d’abord parce que l’obtention et le transport de la quantité de nourriture nécessaire à la survie de huit personnes ne passaient pas inaperçus, mais aussi parce qu’un contact avec des résistants était indispensable pour obtenir des tickets de rationnement.
Otto Frank avait mis plusieurs personnes dans le secret. Son plan aurait échoué sans le dévouement de MM. J. Kleiman et V. Kluger, de la secrétaire Miep Gies et de Bep, une autre secrétaire. La plupart sont nommés, dans le Journal d’Anne, par des pseudonymes.
Anne Frank avait établi une liste de correspondances, en vue d’une éventuelle publication.
Les « protecteurs » permirent aux habitants de l’Annexe de vivre presque confortablement dans leur cachette en leur fournissant des vivres et des vêtements, mais aussi en leur apportant des nouvelles du dehors, des livres, des revues, et surtout un grand soutien moral. C’est grâce à Miep que le Journal de Anne Frank put être préservé. Dans son ouvrage, Elle s’appelait Anne Frank (1) , Miep Gies nous raconte en toute humilité le rôle qu’elle a joué auprès des clandestins, puis l’importance qu’Anne Frank devait prendre dans sa vie.
La convocation des S.S. envoyée à Margot précipita le départ pour l’Annexe. Les Frank s’y installèrent le 6 juillet 1942. Ils furent rejoints en août par M. et Mme Van Pels et leur fils Peter, puis en novembre par le dentiste, M. Pfeffer. Anne Frank a décrit la vie et les habitants de l’Annexe avec suffisamment de détails et d’esprit dans son journal pour qu’il soit superflu de rien ajouter. Le récit de Miep Gies rétablit quelque peu l’équilibre face aux féroces traits de plume d’Anne sur certains des compagnons que lui imposait la circonstance.
La famille vécut à l’Annexe pendant plus de deux ans, une période relativement importante car rares sont les cas où les Juifs parvenaient à rester cachés longtemps aux Pays-Bas. Le pays, de par sa configuration, offrait peu de possibilités à ceux qui cherchaient à se soustraire aux recherches. Dans les villes, le risque de dénonciation était élevé. Durant sa clandestinité, Anne Frank, outre son journal, écrivait de petites histoires dont certaines ont été traduites en français sous le titre Contes d’Anne Frank (2) .
1 Miep Gies : Elle s’appelait Anne Frank, Calmann-Lévy, 1987.
2 Contes d’Anne Frank , Calmann-Lévy, 1959, et Le Livre de Poche, 1991.
L’arrestation et la déportation
Le 4 août 1944, une voiture s’arrête devant l’immeuble du 263, Prinsengracht. Un Autrichien du nom de Silber- bauer en descend, suivi de plusieurs Hollandais. Il s’agit de policiers du Sicherheitsdienst, le service de renseignements et d’espionnage des S.S. Lorsque Silberbauer entre dans la maison, il semble savoir précisément où il doit se rendre. Il se dirige droit vers la « porte-bibliothèque » pivotante qui cache la porte d’accès à l’Annexe, et exige qu’on l’ouvre. C’est ce qui fit croire plus tard à une dénonciation. Les soupçons portèrent sur un magasinier du nom de Van Maaren – mentionné dans le Journal sous les initiales V.M. – mais rien ne put jamais être prouvé. Ce magasinier avait remplacé le père de Bep – le M. Vossen du Journal – qui était tombé gravement malade.
Silberbauer posta quelques hommes dans l’Annexe en attendant l’arrivée d’un véhicule plus grand pour emmener les clandestins ainsi que MM. Kugler et Kleiman. Alors qu’il interrogeait Otto Frank, Silberbauer vit une sacoche en cuir dont il vida le contenu par terre, sans doute dans l’idée de trouver des bijoux. Mais elle ne contenait que des feuilles de papier. Il s’agissait d’une partie du journal d’Anne. Après le départ de la police, Miep Gies ramassa tous les papiers
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