Le Journal D'Anne Frank
qu’elle put trouver et les mit sous clef dans son bureau. Plus tard, elle envoya le magasinier Van Maaren récupérer d’autres affaires avant qu’une entreprise de déménagement de triste renommée, choisie par les Allemands, la société Puis, ne vienne vider l’Annexe de ses meubles. Miep ne sortit les écrits d’Anne de son tiroir que pour les confier à Otto Frank lorsque celui-ci, seul survivant de la famille, revint du camp d’Auschwitz (1).
Par miracle, Miep Gies ne fut pas arrêtée(2). Les revers militaires de l’Allemagne se faisaient sentir et il régnait un grand désordre chez l’occupant. Miep raconte comment elle prit le risque de se rendre au quartier général du Sicherheitsdienst à Amsterdam et d’intercéder auprès de Silberbauer en lui proposant de l’argent afin d’empêcher la déportation des personnes arrêtées. Son intervention ne servit à rien. Les données recueillies par la Croix-Rouge néerlandaise ont permis d’établir ce que ces personnes sont devenues. M. Kugler et M. Kleiman furent envoyés dans un camp à Amersfoort, aux Pays-Bas. Ils connurent des sorts différents mais tous deux survécurent à la guerre. Les familles Frank et Van Pels, ainsi que M. Pfeffer, furent d’abord déportés au camp de Westerbork, dans l’Est des Pays-Bas, près de la frontière allemande. Puis ils furent transportés dans le dernier train qui partit de Westerbork en direction d’Auschwitz, où ils arrivèrent dans la nuit du 5 au 6 septembre 1944. M. Van Pels fut gazé quelques semaines après son arrivée. M. Pfeffer, lui, mourut le 20 décembre dans le camp de Neuengamme. Mme Van Pels est décédée en avril ou en mai 1945, après avoir été transférée d’un camp à un autre, et son fils Peter est mort le 5 mai 1945 au camp de Mauthausen. La mère de Margot et d’Anne mourut à Auschwitz-Birkenau le 6 janvier 1945. Ses filles furent, quant à elles, transférées à la fin du mois d’octobre ou au début du mois de novembre 1944 à Bergen-Belsen, où elles moururent du typhus(3)en février ou en mars 1945. Dans son livre, Les Sept Derniers Mois d’Anne Frank (4), une amie d’école, Hanneli Gosslar, la « Lies » à laquelle Anne fait référence de façon tristement prémonitoire dans sa lettre à Kitty du 27 novembre 1943, raconte comment elle a croisé Anne dans le camp de Bergen-Belsen, aux derniers jours de sa vie.
1 Miep ne donna le manuscrit à Otto (sans l’avoir lu) qu’après avoir été sûre de ne pouvoir le remettre à Anne.
2 Probablement parce qu’elle était autrichienne comme Silberbauer et que les Allemands étaient alors moins méfiants à l’égard des femmes.
3 Il est probable mais non certain qu’Anne Frank mourut du typhus. Cependant sa faiblesse joua vraisemblablement un rôle fort déterminant dans son décès.
4 Hanneli Gosslar: Les Sept Derniers Mois d’Anne Frank, Stock, 1989.
Le retour d’Otto Frank
Otto Frank, resté à Auschwitz, fut libéré par les Russes le 27 janvier 1945. Il arriva le 3 juin à Amsterdam. Durant ce long périple, il rencontra Elfriede Geiringer-Markovits, qui plus tard devait devenir sa femme. Elle avait été déportée de Westerbork à Auschwitz avec sa famille(1). Seule sa fille lui restait. De retour à Amsterdam, Otto tâcha d’exaucer le souhait d’Anne. Il parvint à faire publier le Journal.
Otto Frank, retiré en Suisse depuis 1953, est mort le 19 août 1980.
LA GUERRE AUX PAYS-BAS
La capitulation
Les Pays-Bas furent un des premiers pays à être envahis par les Allemands et un des derniers à être libérés. Après l’invasion de la Tchécoslovaquie, de la Pologne et de la Finlande, Hitler lance l’offensive le 10 mai 1940 contre la Belgique et les Pays-Bas. L’armée néerlandaise, mal équipée, prise de court car l’ennemi viole la neutralité du pays et s’engage vers le nord alors que personne n’avait envisagé qu’il passe au nord des Ardennes, se révèle impuissante face à l’aviation et aux blindés allemands. Le pays capitule au bout de cinq jours. Le centre de Rotterdam est totalement détruit. La reine des Pays-Bas, Wilhelmine, ainsi que sa famille, se réfugie à Londres de même que le chef du gouvernement, Gerbrandy, et ses ministres, qui tenteront d’organiser la résistance et s’adresseront au peuple néerlandais à la B.B.C. sur Radio Orange.
1 Le mari et le fils d’Elfriede Geiringer-Markovits sont
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