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Le Journal D'Anne Frank

Le Journal D'Anne Frank

Titel: Le Journal D'Anne Frank Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Frank
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que si je les avais écrits hier, mais que j’aie pu parler d’autres choses avec autant de sans-gêne me paraît inimaginable. J’ai vraiment honte en relisant les pages où j’aborde des sujets que je préfère me représenter sous un plus beau jour. J’ai vraiment manqué de délicatesse ! Mais bon, assez sur ce sujet.
    Ce que je comprends aussi très bien, c ’est la nostalgie et le regret de Moortje. Consciemment, mais plus souvent encore inconsciemment, j’avais et j’ai depuis mon arrivée ici une soif de confiance, d’amour et de tendresse. Ce besoin est tantôt plus fort, tantôt plus faible, mais il est toujours là.
     
     
     
    JEUDI 5 NOVEMBRE 1942
     
    Chère Kitty,
     
    Les Anglais remportent enfin quelques victoires en Afrique, et Stalingrad n’est pas encore tombée, donc les messieurs sont très gais et nous avons eu droit ce matin à du café et à du thé. Sinon, rien de spécial.
    Cette semaine, j’ai beaucoup lu et peu travaillé, c’est ainsi qu’il faut faire dans le monde pour aller loin. Demain, c’est l’anniversaire de Peter, mais je t’en parlerai encore. Maman et moi nous entendons mieux ces derniers temps, mais pas au point de nous faire des confidences, et Papa est préoccupé par quelque chose dont il ne veut pas parler, mais il est toujours aussi chou.
    On a rallumé le poêle depuis quelques jours et toute la pièce est pleine de fumée, je préfère de loin le chauffage central, et je ne suis sûrement pas la seule. Pour qualifier Margot, je ne trouve pas d’autre mot que peste, elle m’agace jour et nuit au plus haut point.
     
    Anne Frank
     
     
     
    LUNDI 9 NOVEMBRE 1942
     
    Chère Kitty,
     
    Hier, c’était l’anniversaire de Peter, il a eu seize ans. A huit heures, j’étais déjà en haut et j’ai regardé les cadeaux avec Peter. On lui a donné, entre autres, le jeu de la Bourse, un rasoir et un briquet. Ce n’est pas qu’il fume tellement, au contraire, mais c’est élégant. La plus grande surprise, c’est M. Van Daan qui nous l’a faite en nous annonçant à une heure que les Anglais avaient débarqué à Tunis, à Alger, à Casablanca et à Oran. C’est le commencement de la fin, disaient-ils tous, mais Churchill, le Premier ministre anglais, qui avait probablement entendu en Angleterre la même exclamation, a dit : « Ce débarquement est un fait décisif, mais il ne faut pas croire que c’est le commencement de la fin. Je dirais plutôt que cela signifie la fin du commencement. » Tu sens la nuance ? Il y a pourtant des raisons d’optimisme, Stalingrad, la ville russe qu’ils défendent depuis trois mois, n’est toujours pas tombée aux mains des Allemands.
    Pour respecter l’état d’esprit qui règne à l’Annexe, il faut bien que je dise un mot de notre approvisionnement en vivres. (Il faut que tu saches que ceux du dessus sont de vraies fines gueules !) Notre pain nous est fourni par un boulanger très gentil que connaît Kleiman. Naturellement, nous n’en avons pas autant qu’à la maison, mais la quantité suffit. Nos cartes d’alimentation sont également achetées clandestinement. Leur prix augmente constamment, de 27 fl il est déjà passé à 33 fl. Et tout ça pour une simple feuille de papier imprimé !
    Pour avoir en réserve des denrées non périssables en plus de nos cent boîtes de conserve, nous avons acheté 270 livres de légumes secs. Tout n’est pas pour nous, on a pensé aussi au personnel du bureau. Les légumes secs étaient dans des sacs pendus à des crochets dans notre petit couloir (derrière la porte camouflée). Sous le poids, les coutures des sacs ont craqué à certains endroits.
    Nous avons donc décidé d’entreposer au grenier nos provisions pour l’hiver et nous avons chargé Peter de la corvée de les monter. Cinq des six sacs avaient déjà atterri là-haut indemnes et Peter était justement en train de hisser le n° 6, lorsque la couture inférieure du sac s’est rompue et qu’une pluie, non, une grêle de haricots rouges a jailli dans les airs et s’est répandue dans l’escalier. Le sac contenait environ cinquante livres, cela faisait un bruit de fin du monde ; en bas, ils étaient persuadés que la vieille maison avec tout son contenu leur tombait sur la tête. Peter a eu un instant de frayeur, puis a éclaté de rire en me voyant en bas de l’escalier, tel un îlot perdu au milieu des vagues d’haricots, car je baignais dans une masse rouge jusqu’aux chevilles. Nous

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