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Le Journal D'Anne Frank

Le Journal D'Anne Frank

Titel: Le Journal D'Anne Frank Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Frank
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que du vent. Je bouillais de fureur, trouvais Dussel terriblement impoli (ce qu’il était), et me trouvais moi-même très aimable.
    Le soir, quand j’ai pu prendre Papa à part, je lui ai dit comment j’affaire avait tourné et j’ai discuté avec lui de ce qui me restait à faire, car je ne voulais pas renoncer mais préférais m’en tirer toute seule. Pim me donna plus ou moins la marche à suivre, mais insista pour que j’attende le lendemain, car j’étais trop excitée.
    Je n’ai pas suivi ce conseil et le soir, après la vaisselle, j’ai attendu Dussel. Papa était assis à côté de nous dans la pièce, ce qui me donnait un grand calme.
    Je commençai : « Monsieur Dussel, je crois que vous pensez qu’il ne vaut pas la peine de reconsidérer l’affaire avec moi, mais je vous demande de le faire tout de même. »
    Avec son plus charmant sourire, Dussel remarqua : « Je suis toujours et à tout moment disposé à reparler de cette affaire, déjà réglée toutefois entre-temps ! »
    Je poursuivis alors la conversation, interrompue sans cesse par Dussel : « A votre arrivée ici, il était convenu que cette chambre nous servirait à tous les deux, donc, si le partage était équitable, vous devriez avoir le matin et moi, tout l’après-midi ! Mais je ne le demande même pas ; et deux après-midi par semaine, ce n’est que justice, il me semble. »
    Là, Dussel a bondi, comme piqué par une aiguille : « La justice, ce n’est pas à toi d’en parler, et puis moi, qu’est-ce que je deviens ? Je vais demander à M. Van Daan s’il veut bien me construire un petit cagibi au grenier où je pourrai me tenir, je n’ai pas de place pour travailler tranquille, avec toi, on passe son temps à se quereller : si ta sœur, Margot, qui a de meilleures raisons à faire valoir, m’adressait la même requête, je ne songerais pas à refuser, mais toi »… et de nouveau il a été question de mythologie et de tricot, et de nouveau Anne s’est sentie offensée. Cependant je n’en fis rien paraître et laissai Dussel vider son sac : « Enfin, avec toi, il n’y a pas moyen de s’entendre. Tu es une égoïste éhontée, une seule chose t’intéresse, obtenir ce que tu veux, et tous les autres doivent s’effacer, jamais je n’ai vu une enfant pareille. Mais en fin de compte, je vais tout de même être obligé de te donner satisfaction, sinon plus tard je m’entendrai dire : Anne Frank a raté son examen parce que M. Dussel ne voulait pas lui céder la table ! »
    Et il continuait… et il en rajoutait, à la fin c’était devenu un tel flot que je ne pouvais presque plus le suivre. Un moment je pensais : « Je m’en vais lui donner un de ces coups sur la tronche, il ira valser contre le mur avec tous ses mensonges », et l’instant d’après je me disais : « Reste calme, ce type ne mérite pas que tu te mettes dans cet état ! » Enfin M. Dussel n’a plus eu de bile à cracher et, le visage partagé entre une expression de courroux et de triomphe, il est sorti de la pièce, son manteau bourré de victuailles.
    J’ai couru trouver Papa et lui ai fait le récit complet de la conversation, pour autant qu’il ne l’avait pas suivie. Pim a décidé alors de parler à Dussel le soir même ; ainsi fut fait, et leur discussion dura plus d’une demi-heure. Ils se sont d’abord demandé si Anne avait vraiment besoin de la table, oui ou non. Papa a rappelé qu’ils avaient déjà abordé le sujet, mais qu’il avait alors fait mine de se ranger à l’avis de Dussel pour ne pas donner tort au plus vieux des deux face à la plus jeune ; pourtant, même alors, Papa trouvait que ce n’était pas juste. Dussel estimait que je n’avais pas à le présenter comme un intrus qui confisquait toutes les affaires, mais Papa le contredit catégoriquement sur ce point, car il m’avait entendue lui-même et savait que je n’avais pas dit un mot en ce sens. Et l’échange se poursuivait, Papa prenant ma défense sur le chapitre de l’égoïsme et de ma façon de « travailloter », Dussel continuant à bougonner.
    Finalement, Dussel a tout de même dû céder et j’ai eu droit à deux après-midi par semaine pour travailler sans être dérangée. Dussel avait l’air tout dépité, il est resté deux jours sans me parler et a fait valoir qu’il avait besoin de la table de cinq heures à cinq heures et demie naturellement.
    Un homme de cinquante-quatre ans qui a encore des

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