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Le Journal D'Anne Frank

Le Journal D'Anne Frank

Titel: Le Journal D'Anne Frank Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Frank
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gamine ?
     
     
     
    SAMEDI 15 JANVIER 1944
     
    Très chère Kitty,
     
    Cela n’a aucun sens que je te décrive à chaque fois dans les moindres détails nos prises de bec et nos disputes. Je trouve déjà bien suffisant de te dire que nous faisons bande à part pour beaucoup de choses comme la graisse et la viande, que nous les accompagnons de nos propres pommes de terre sautées. Depuis quelque temps, nous mangeons un peu de pain de seigle en plus car à quatre heures, nous attendions déjà avec impatience le repas du soir et ne pouvions plus contrôler les grognements de nos estomacs.
    L’anniversaire de Maman approche à grands pas ; kugler lui a offert un supplément de sucre, source de jalousie du côté des Van Daan car lors de l’anniversaire de Madame, celle-ci n’y a pas eu droit. Mais à quoi bon l’ennuyer avec ces paroles dures, ces crises de larmes et ces conversations hargneuses, du moment que tu sais qu’elles nous ennuient encore plus.
    Maman a émis le souhait, irréalisable pour l’instant, de ne plus être obligée de voir la tête de M. Van Daan pendant quinze jours.
    Je me demande si on finit toujours par se disputer avec tous ceux qui partagent la même maison depuis si longtemps. Ou peut-être n’avons-nous vraiment pas eu de chance ? Quand, à table, Dussel prend un quart du contenu d’un bol de jus de viande à moitié plein et, mine de rien, oblige les autres à s’en passer, cela me coupe l’appétit et j’aurais envie de bondir pour le pousser de sa chaise et le jeter dehors.
    La majorité des gens serait-elle aussi égoïste et rapace ? Je suis très contente d’avoir un peu approfondi ma connaissance de l’espèce humaine, ici, mais je trouve qu’à présent cela suffit ; Peter en disait autant.
    La guerre n’a que faire de nos querelles et de nos envies de liberté et d’air frais, aussi devons-nous essayer de vivre au mieux notre séjour. Je suis là à prêcher, mais je crois que si je reste encore longtemps ici, je vais devenir une grande bringue toute desséchée. Et j’ai tant envie de rester encore une vraie gamine !
     
    Bien à toi,
    Anne
     
     
     
    MERCREDI SOIR 19 JANVIER 1944
     
    Chère Kitty,
     
    Je (encore cette faute !) ne sais pas pourquoi mais je remarque sans cesse qu’à la suite de mon rêve, j’ai changé. Entre parenthèses, j’ai encore rêvé de Peter cette nuit et j’ai vu une fois de plus ses yeux perçants me fixer, mais ce rêve n’était pas aussi beau et aussi clair que le précédent.
    Tu sais qu’avant, j’étais toujours jalouse de Margot, par rapport à Papa, aujourd’hui, il n’en reste plus de trace ; il m’arrive encore d’avoir de la peine quand Papa se montre injuste envers moi parce qu’il est nerveux, mais je me dis : « Je ne peux pas vous en vouloir d’être comme vous êtes, vous parlez beaucoup des pensées des enfants et des jeunes, mais vous n’y pigez rien ! » Je désire davantage que les baisers de Papa, que ses cajoleries. Ne suis-je pas affreuse de toujours m’occuper de moi-même ? Moi qui veux être bonne et gentille, ne me faut-il pas avant tout leur pardonner ? Pourtant, je pardonne à Maman, mais j’ai du mal à me contenir quand elle est pleine de sarcasmes et ne cesse de se moquer de moi.
    Je sais, je suis loin d’être comme il faudrait ; est-ce que je le deviendrai jamais ?
     
    Anne Frank
     
    P.-S. Papa m’a demandé si je t’avais parlé du gâteau. Pour son anniversaire, Maman a reçu de la part du personnel du bureau un vrai gâteau au moka, comme avant la guerre. Il était vraiment délicieux ! Mais en ce moment, j’ai si peu de place dans mes pensées pour ce genre de choses.
     
     
     
    SAMEDI 22 JANVIER 1944
     
    Chère Kitty,
     
    Peux-tu me dire pourquoi les gens cachent si jalousement leur vraie personnalité ? Comment se fait-il qu’en société, je fasse toujours tout autre chose que ce que je devrais faire ? Pourquoi les uns font-ils si peu confiance aux autres ? Je sais, il existe certainement une explication, niais il me semble parfois très triste qu’on ne puisse trouver nulle part, même auprès des gens les plus proches, la moindre complicité. J’ai l’impression que depuis la nuit de mon rêve, je suis devenue plus mûre et beaucoup plus une personne à part entière. Tu seras sans doute abasourdie si je te dis que même les Van Daan ont pris une autre place à mes yeux. Soudain, je ne considère plus les discussions, etc., avec

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