Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Journal D'Anne Frank

Le Journal D'Anne Frank

Titel: Le Journal D'Anne Frank Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Frank
Vom Netzwerk:
notre parti pris. Comment ai-je pu changer à ce point ? Tu vois, je me suis dit tout d’un coup que si Maman était différente, une vraie mams, nos relations ici auraient été totalement différentes. Bien sûr, il est vrai que Mme Van Daan est tout sauf agréable, et pourtant je pense que si Maman n’était pas aussi intraitable à chaque discussion un peu vive, la moitié de nos querelles aurait pu être évitée. En fait, Mme Van Daan a un bon côté : on peut parler avec elle. En dépit de tout son égoïsme, de son avidité et de sa sournoiserie, on peut facilement lui faire reconnaître ses torts du moment qu’on ne provoque pas sa susceptibilité ou son caractère récalcitrant. Les effets de cette méthode ne se prolongent pas jusqu’à la prochaine occasion, mais si on a de la patience, on peut recommencer pour en observer les limites. Toutes les questions d’éducation, les histoires d’enfants gâtés, la nourriture, tout, absolument tout, aurait pris une autre tournure si nous étions restés ouverts et en bons termes au lieu de ne voir que les mauvais côtés. Je sais exactement ce que tu vas dire, Kitty : « Mais, Anne, ces mots viennent-ils de toi ? De toi qui as dû subir de là-haut tant de paroles sévères, de toi, consciente de toutes les injustices qui ont eu lieu ! » Et pourtant, ces mots viennent bien de moi. Je veux tout reconsidérer, sans m’en tenir au proverbe : « Telle mère, telle fille. » Je veux analyser moi-même les Van Daan et distinguer entre ce qui est vrai et ce qui est exagéré. Si je rencontre moi-même une déception, je pourrai alors suivre la même ligne que Papa et Maman, sinon, eh bien, j’essaierai d’abord de les détromper et si je n’y arrive pas je défendrai haut et fort mes opinions et mon jugement. Je saisirai chaque occasion de parler ouvertement à Madame des nombreux sujets de discorde et ne craindrai pas de donner une opinion neutre même si on m’appelle Madame-je-sais-tout.
    Mes griefs contre ma famille, je suis obligée de les taire, mais pour ma part, à dater d’aujourd’hui, les médisances font partie du passé, même si cela ne veut pas dire pour autant que je manquerai jamais de les défendre contre qui que ce soit. Jusqu’à présent, j’ai toujours cru dur comme fer que pour les disputes, tous les torts leur revenaient, mais nous étions certainement en grande partie responsables. Nous avions raison sur le fond de la discussion, mais on s’attend tout de même que des personnes raisonnables (parmi lesquelles nous nous comptons !) aient une meilleure notion du comportement à adopter envers les gens. J’espère avoir acquis un peu de cette notion et pouvoir trouver une occasion d’en faire bon usage.
     
    Bien à toi,
    Anne
     
     
     
    LUNDI 24 JANVIER 1944
     
    Chère Kitty,
     
    Il m’est arrivé une chose (enfin on ne peut pas vraiment dire arrivé) que moi-même je trouve très surprenante.
    Avant, à la maison et à l’école, on parlait des questions sexuelles en faisant des mystères ou de manière répugnante. Les mots qui s’y rapportaient étaient prononcés à voix basse et quand quelqu’un n’était pas au courant, on se moquait de lui. Je trouvais toujours cela ridicule et me disais : « Pourquoi faut-il toujours que les gens en parlent de manière si mystérieuse et agaçante ? » Mais comme il était impossible de rien y changer, je tenais ma langue, dans la mesure de mes moyens, et demandais des renseignements à mes amies. Quand j’en savais déjà beaucoup, Maman m’a dit une fois : « Anne, je vais te donner un bon conseil, ne parle jamais de ces choses-là avec les garçons et ne leur réponds pas s’ils abordent la question ! » Je me rappelle exactement ma réponse : « Bien sûr que non, quelle idée ! » Et les choses en sont restées là.
    Au début de notre clandestinité, Papa me racontait souvent des choses que j’aurais préféré entendre de Maman, et j’ai fini par apprendre le reste dans les livres ou dans les conversations. Peter Van Daan n’a jamais été aussi agaçant dans ce domaine que les garçons de l’école, au début peut-être, à de rares occasions, mais jamais pour essayer de m’en faire parler. Madame nous avait dit une fois qu’elle n’avait jamais parlé de ces choses-là avec Peter et, pour autant qu’elle le savait, son mari non plus. Apparemment, elle n’était même pas au courant de la façon dont Peter se renseignait et de ce

Weitere Kostenlose Bücher