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Le Journal D'Anne Frank

Le Journal D'Anne Frank

Titel: Le Journal D'Anne Frank Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Frank
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était très intimidé mais cela ne l’a pas empêché de laisser échapper qu’il aimerait bien ne plus voir ses parents pendant deux ans. « Mon père est loin d’être aussi sympathique qu’il en a l’air, dit-il, mais sur la question des cigarettes, Maman a absolument raison ! »
    Je lui ai parlé aussi de ma mère. Mais il a pris la défense de mon père, disant que c’était « un type du tonnerre ».
    Ce soir, au moment où je raccrochais mon tablier après la vaisselle, il m’a rappelée pour me demander de ne pas dire en bas qu’ils avaient une nouvelle dispute et ne se parlaient plus. Je le lui ai promis, même si j’en avais déjà parlé à Margot. Mais je suis convaincue que Margot tiendra sa langue.
    « Mais non, Peter, dis-je, tu n’as rien à craindre, j’ai perdu l’habitude de tout raconter, je ne répète rien de ce que tu me dis. »
    Cela lui a fait plaisir. Je lui ai parlé aussi de ces médisances continuelles chez nous, et je lui ai dit : « Margot a bien sûr parfaitement raison de dire que je ne tiens pas parole ; car je veux bien cesser de dire du mal des gens, mais je ne prends que trop de plaisir à le faire quand il s’agit de M. Dussel. »
    « C’est très bien de ta part », dit-il, il avait rougi et, à mon tour, je me sentais presque confuse devant ce compliment qui partait du cœur. Nous avons parlé encore des gens d’en bas et d’en haut ; Peter était vraiment étonné d’apprendre que nous n’apprécions toujours pas ses parents. « Peter, dis-je, tu sais que je suis franche, pourquoi ne te le dirais-je pas, nous sommes tous au courant de leurs défauts. »
    J’ai ajouté : « Peter, je voudrais tant t’aider, est-ce possible ? Tu es plongé dans toutes ces histoires et même si tu n’en dis rien, je sais bien que tu te ronges.
    — Oh, je serai toujours heureux de profiter de ton aide.
    — Il vaut peut-être mieux que tu ailles voir Papa, lui non plus ne répète rien, tu peux tout lui raconter sans problèmes, tu sais !
    — Oui, c’est un vrai camarade.
    — Tu l’aimes beaucoup, n’est-ce pas ? » Peter fit oui de la tête et je poursuivis : « Lui aussi t’aime bien, tu sais ! »
    Il me lança un regard bref en rougissant, c’était vraiment touchant de voir à quel point ces quelques mots lui faisaient plaisir. « Tu crois ? demanda-t-il.
    — Oui, dis-je, on peut le déduire de ce qu’il laisse échapper de temps en temps ! »
    A ce moment, M. Van Daan est arrivé pour lui dicter quelque chose. Peter aussi est sûrement un « type du tonnerre », tout comme Papa !
     
    Bien à toi,
    Anne M. Frank
     
     
     
    VENDREDI 3 MARS 1944
     
    Très chère Kitty,
     
    Ce soir, en regardant la flamme de la bougie, je me suis sentie redevenir heureuse et calme. En fait, c’est Grand-mère qui se se tient dans cette bougie et c’est Grand-mère aussi qui me préserve et me protège et qui me rend ma joie. Mais… il en est un autre, qui domine toute mon humeur et c’est… Peter. Aujourd’hui, quand je suis allée chercher des pommes de terre et que j’étais encore dans l’escalier avec ma casserole pleine, il m’a demandé : « Qu’as-tu fait à midi ? » Je me suis assise sur l’escalier et nous avons commencé à parler ; à cinq heures et quart (une heure après le moment où j’étais partie les chercher), les pommes de terre (que j’avais entre-temps posées sur le sol) arrivaient à destination. Peter n’a plus dit un mot de ses parents, nous avons seulement parlé de livres et d’autrefois. Oh, que ce garçon a un regard chaleureux ; il ne s’en faut plus de beaucoup, je crois, que je ne sois amoureuse de lui.
    C’est de cela qu’il a parlé ce soir. J’entrai chez lui, après l’épluchage des pommes de terre, et me plaignis d’avoir chaud. « On peut voir la température rien qu’en nous regardant, Margot et moi ; quand il fait froid, nous sommes toutes blanches et quand il fait chaud, toutes rouges, dis-je.
    — Amoureuse ? demanda-t-il.
    — Pourquoi serais-je amoureuse ? » Ma réponse, ou plutôt (pour mieux dire) ma question, était un peu bébête.
    « Pourquoi pas ! », dit-il, et à ce moment on nous a appelés pour dîner.
    A-t-il voulu sous-entendre quelque chose par cette question? Aujourd’hui, j’ai enfin pris sur moi de lui demander si mon bavardage ne l’ennuyait pas, il a dit seulement : « Ça ne me dérange pas, tu sais ! » Dans quelle mesure

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