Le lever du soleil
trompée, un homme se met sur les rangs de courtiser Mme de Lavallière, il a besoin de renseignements, chez Monsieur, toujours amant de Guiche, et Madame, maîtresse du Roi. C'est Fouquet.
Louise dit tout au Roi ! L'été était si beau pourtant à
Fontainebleau.
Le démon de la vengeance s'empare du cúur du Roi.
Fouquet a promis de l'argent à Louise ! Comme il a acheté
sa mère il veut acheter l'amour de la maîtresse du Roi. En ao˚t Fouquet invite la Cour en son ch‚teau de Vaux.
Louis réfléchit, fort sombre. Emmener des mousquetaires et l'arrêter. Colbert déjà prépare les dossiers. Non. Voir d'abord. Et puis il y a Molière. Il y donne la comédie que le Roi lui-même lui a inspirée, Les F‚cheux. Ils n'ont jamais tant abondé.
La vie est un thé‚tre. Le Roi prépare son coup, mais Molière d'abord, Comédien de Monsieur que le Roi pensionne parfois. Et lui indique les caractères qu'il aimerait voir sur scène. Des gens qui l'entourent, des gens qui l'agacent, des gens qui l'étouffent, et qu'il écrive aussi ses belles comédies-ballets qu'enchante ce violon de Lulli et qu'Henriette danse avec la gr‚ce de Marie.
Molière obéit, touche la pension de son titre de Tapissier de Sa Majesté auquel le Roi ajoute celui de Valet de Chambre, ce qui leur permet de se rencontrer dans le particulier.
La fête est au-delà du somptueux. Louise en est la reine, Henriette la princesse, le Roi en est le dieu, la Reine mère la conscience outrée.
Le Roi sourit à Fouquet dès l'entrée du parc, quand partent mille feux d'artifices.
Ces jets d'eaux qu'il aime tant montent dans l'or du couchant au-dessus du ch‚teau de Vaux. Le Roi se fige, puis sourit.
Vatel a préparé un souper servi dans de la vaisselle d'or.
Au bout d'une allée un thé‚tre de verdure est entouré de sapins.
On prend place. La Béjart, fol amour de Molière, entre en scène à peine vêtue de transparence.
" C'est Louis qui le veut, nymphes sortez, faune sortez. " Des bosquets surgissent nymphes et faune ainsi appelés, suivis de satyres et dryades.
Louis remontera dans son carrosse à trois heures du matin, après le bal qu'il aura ouvert avec sa femme, continué avec Henriette pour après ne plus l‚cher Louise et partager un sorbet avec Mme de Sénecey, duchesse de Randan.
Mme de Sénecey hésite dans le carrosse de la Reine qui les ramène à Fontainebleau. Elle qui a vu certain plan comprend bien vite cet homme qu'elle connut enfant et suivit en ses heurs et malheurs, consola bien tôt et bien tard.
Fouquet a b‚ti avant Louis le rêve du Roi. Son ch‚teau de Vaux possède des " parterres d'eau ".
Elle hésite dans les cahots et la Reine mère dodeline de la tête sur cette route de Fontainebleau.
- Madame...
- Oui, Marie-Catherine ?
- Vous appréciez M. Fouquet.
- Comme vous le savez.
- Le Roi... est mécontent de lui.
- Le Roi est mécontent de tous ceux que j'aime ! C'est sa nouvelle méthode de gouvernement. Mécontent de lui ! après une telle fête donnée en son honneur. Mon fils est un ingrat, mais jusqu'alors il ne l'était qu'avec moi. Ce qui dit-on est normal, il faut à un fils oublier sa mère s'il veut être libre de grandir et de conquérir la terre.
- Madame...
- Pourquoi vous inquiéter ? Laissez, il est jaloux car Fouquet, m'a-t-on dit, a courtisé la petite Lavallière. Il ignorait tout du penchant du Roi. J'en ai fait remontrance à mon fils.
- Il ne s'agit pas de maîtresses : le Roi est au-dessus de ces fadaises.
- Ah, Marie-Catherine, vous le défendrez toujours. Il e˚t d˚
vous faire maréchale de France, vous eussiez été un brave Turenne.
- Oui, Madame, j'aime le Roi.
- Il en a besoin, il est de moins en moins aimable. Vous l'aimez depuis son enfance. S'en rend-il compte ?
- Je crois. Il faut Madame que je vous dise que M. Fouquet, pour qui vous montrez de l'amitié, risque... énormément. Il a commis une faute que le Roi ne pardonnera pas.
- quoi donc ?
- Il lui a volé son rêve !
La Reine mère rit aux éclats, bien réveillée maintenant en son carrosse alors que l'aube pointe.
- Volé son rêve ! La cousine de La Rochefoucauld ne se pique pas de maximes, mais de poésie...
- Madame, écoutez-moi.
La Reine mère voit que son amie a les larmes aux yeux.
Elle ne rit plus, saisit la main fine de la marquise dans sa main si célèbre. Deux mains de presque douairières s'étreignent dans une beauté inespérée. La Reine a cinquante-neuf ans, la marquise bien
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