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Le lever du soleil

Le lever du soleil

Titel: Le lever du soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Dufreigne
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désobéissant, boudeur, impatient. Cinq-Mars se rabibocha avec Sa Majesté. Cinq-Mars assiégea doucement la Reine, la visitant, lui souriant, faisant risette au Dauphin. La Reine vit en lui l'enfant qui demeurait sous les velours, les soies, les dentelles. Et Cinq-Mars eut un coup de génie : pour la NoÎl, il fit en sorte, par mille c‚lineries et douceurs de mots à cet homme de quarante ans à peine mais qui était déjà
    un vieillard et demeurait le Roi, que Louis XILI fasse dresser son chevet dans la chambre de la Reine.
    Et en fin janvier de l'an nouveau 1640, la reine fut annoncée grosse d'une second enfant de France, par la voix de La Gazette sur laquelle régnait Richelieu. Monsieur grimaça, mais bon... Le Roi ne se tenait plus de joie ! Plus heureux encore que de la naissance de son Dauphin. Plus prévenant que jamais avec son épouse.
    Et assez reconnaissant à son favori de l'avoir invité à ce dernier exploit, un soir de NoÎl.
    Voilà sans doute le moment de pousser son avantage, pensa le jeune impatient.
    Gaston d'Orléans ne dit rien. Il verrait bien, et fila dans son ch‚teau de Blois.
    JUSTE AVANT LE DELUGE

    Le Roi s'avouait content de son épouse enceinte, content de son favori radouci, content de ses armées qui avaient conquis l'Artois et l'Alsace, content de la politique du Cardinal qui faisait vaciller l'Espagne et trébucher l'Empire, content de lui qui avait soutenu cette politique fermement et contre l'avis de tous, même du pape, et il enrageait contre son fils.
    Pendant trois semaines on l'avait cru agonisant. Lui aussi l'avait pensé. Tout fut préparé pour l'extrême-onction. Son aumônier dormait dans son antichambre sur un lit de lanières dressé à côté de celui du Premier Gentilhomme dont on avait relié le poignet à
    celui du Roi par un long fil de soie. Mais c'était trop tôt, le Dauphin trop bambin encore, il lui fallait vivre pour terminer le travail depuis si longtemps ébauché et livrer à l'enfant un vrai royaume de France o˘ chacun ait sa place sous la protection de la Vierge.
    Louis croyait autant au pouvoir du sacré qu'en celui de la politique.
    Il avait vaincu son ventre mis en brèche, comme ses armées avaient vaincu les tercios de Molina, troupes terribles du Cardinal-Infant, son jeune beau-frère. Un dur combat que cette campagne du ventre et des intestins. Il avait encore maigri, encore jauni, encore triomphé. Il avait offert un tableau de Poussin, tout nouveau peintre du Roi, à Héroard, non pour le remercier de ses soins, le premier médecin avait fait comme à son habitude, de son mieux, qui n'était pas grand, mais au moins montrait-il de l'affliction devant les douleurs de son maître au lieu de baragouiner en mauvais latin. Une nuit le Roi avait mandé qu'on appel‚t Guitaut.
    - Montez la garde près de mon lit, s'il vous plaît, mon bon Guitaut, cette nuit j'ai peur d'avoir peur.
    - Au Pas-de-Suse, j'ai eu peur, c'est Votre Majesté qui m'a rasséréné et m'a fait l'honneur de ne pas s'en apercevoir.
    - Merci, Guitaut, de m'y avoir mené sur les remparts. Mais cette nuit, il ne s'agira pas de canons, bombardes et mousquets.
    - Non, hélas.
    - Menez-moi jusqu'au matin de demain.
    - Sire, je vous promets que nous franchirons encore ensemble ce fossé.
    - Dieu vous entende. Si vous jugez que nous échouons, appelez le Père Caussin. Il suffit de tirer ce cordonnet.
    - Bien, Sire.
    Guitaut veilla le Roi au sommeil agité, geignant, grimaçant, grinçant des dents, luttant certainement contre des cauchemars qui l'assaillaient par vagues. La tactique même des tercios qui avaient tant ravagé les soldats de Sa Majesté.
    Guitaut regardait son Roi, et l'admira. Il tiendra ! Il en a la volonté. Il semblait même au capitaine que c'était là le seul sang qui courait les veines du Roi : voir demain.
    Pourquoi moi près de son lit et non pas son favori ? Belle ques-

    tion, Louis XILI savait que Cinq-Mars aurait dormi !
    Le Roi sans joie qu'était son roi n'était pas homme sans jugement.
    Au matin le Roi s'éveilla, et vit au pied du lit le visage raviné
    par une nuit sans sommeil de son capitaine. Il lui sourit.
    - Eh bien nous avons traversé. Vous êtes un bon médecin.
    - Merci. Pour les mêmes raisons que Mme de Sénecey le fut pour le Dauphin...
    Le Roi rougit un peu, ce qui était un exploit compte tenu de l'ivoire de son teint. Il m‚cha sa moustache, tic de vrai vieux soldat.
    - La marquise reviendra, mon ami. Je vous en fais la

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