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Le lever du soleil

Le lever du soleil

Titel: Le lever du soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Dufreigne
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Dieu ne f˚t point devenu sourd après vingt ans de guerre et de bruits des canons et bombardes. Il n'était plus très s˚r de l'omniprésence de la divine oreille. Dieu avait subi vingt-deux ans de litanies de prières d'un royaume entier avant d'accorder un Dauphin. Par le biais d'une tempête. Les voix dis-cordantes de la France et, principalement, les geignements de la Cour, qui n'étaient rien à sa Gloire et tout aux ambitions égoÔstes, devaient désormais lasser sa sublime patience.
    Dieu permit en réponse un grand massacre dans la douce Normandie. Une province révoltée mérite le b‚ton, la Normandie eut droit à la corde, au feu, à la hache. Jean de Gassion, le vainqueur d'Hesdin, Gassion que désormais Richelieu surnommait La Guerre, Gassion opérait du côté d'Avranches, o˘ était cloîtré, séquestré même en sa forteresse, son gouverneur, le marquis de Canisy.
    Richelieu y avait envoyé la piétaille wallonne et les reîtres poméraniens. quinze cents cavaliers, autant de fantassins, pour leur particularité à ne pas comprendre un traître mot de patois du Cotentin, et donc aucun cri implorant pitié. Les Poméraniens ne comprenaient même pas un mot de pur allemand. quant à
    Gassion, né dans la Navarre du feu roi Henri, il ne connaissait que le français de cour, l'espagnol de Castille et le fil de l'épée.
    Gassion prit Avranches, libéra le marquis, démantela les remparts, pendit par bottes de trente les Nu-pieds des salines aux branches des ormes et des plus hauts pommiers, nouveaux fruits des vergers du roi Louis. Poméraniens et Wallons tuèrent et pillè-rent, rôtirent le bétail, dévalisèrent les bourgeois, br˚lèrent les maisons des mutins et des autres.
    A chaque dépêche venue d'Avranches le Roi exultait comme une pie-grièche. Son autorité était restaurée dans la couronne de feu qui en détruisait les faubourgs. Les femmes et les filles étaient violées ou éventrées. La paix régnait. Il en avait oublié le f‚cheux caractère du Dauphin.
    Le Roi écrivit une lettre de félicitations au colonel Jean de Gassion, lui affirmant son grand contentement, lui promettant de flatteuses satisfactions. que Gassion s'occupe maintenant de Vire et autres villes de l'armée de misère des Nu-pieds. Ainsi nommés car ils travaillaient pieds nus à ramasser le sel si précieux dont le transport et la vente donnaient la gabelle, principale mine des impôts indirects du Roi, pour payer les guerres. Et les mercenaires qui les tuaient.
    On pouvait passer à l'autre guerre. Celle de Fontainebleau, de Saint-Germain, un peu moins du Louvre, car le Louvre était dans Paris et Paris se donnait un peu trop les manières sombres d'Avranches, criardes, au bord de la rébellion. quand le roi Henri s'y promenait en carrosse dans les cris de joie et les hourras jus-

    qu'au fatal poignard, son fils Louis ne traversait sa ville capitale qu'entouré de deux compagnies qui ordonnaient qu'on fit place à
    grands coups de fouets.
    La guerre des trois ch‚teaux royaux ressemblait plus à une fin de campagne, quand on traite avec l'ennemi vaincu, lui accordant l'honneur d'une noble reddition ou bien le déshonneur cruel de devoir fuir sans armes ni drapeaux. La tactique en fut la sournoise-rie, la stratégie la surprise.
    Marie de Hautefort était en joie. Elle venait de tenir parole à
    une promesse naguère faite au Mans. Elle présenta son ami Paul Scarron à la Reine assez éberluée de ce corps contrefait arrivant roulé dans sa boîte par deux laquais. Scarron l'amusa, ainsi que la compagnie, on vit le marquis de Fontrailles sourire à plus laid que lui et commander une dédicace pour cinquante écus. Paul débita quelques vers et fit sa requête devant Anne d'Autriche.
    - Une charge, monsieur Scarron. Certes mais laquelle ? Je n'en dispose plus de vacante.
    - Madame, créez dans votre bonté celle de premier Malade de la Reine ! J'ai tous les maux possibles, avec ma seule personne vous tiendrez un hôpital.
    Anne d'Autriche rit aux éclats et accorda au poète une rente de 600 livres. Il repartit vers son hôtel de Troyes, on y souperait bien ce mardi soir qui serait un grand mardi gras hors du calendrier.
    Encore " Vivat Hautefort ! " à clamer haut en débouchant les bou-teilles de chinon. Il avait remarqué que le divin cul disposait d'un tabouret, ainsi qu'il l'avait prédit, sans le besoin d'être le fondement d'un duché. Il s'en réjouissait.
    Marie en riait encore quand, aux premières

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