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Le livre du magicien

Le livre du magicien

Titel: Le livre du magicien Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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saisir la flèche empennée plantée dans son corps. D’abord insensible à la douleur et au sang qui jaillissait, il tenta d’ouvrir la bouche pour hurler, mais Ufford bondit en avant et le frappa d’un coup d’arbalète sur la tempe. Le maître poussa un gémissement et s’affaissa sur les genoux, étouffé par le sang qui écumait sur ses lèvres. Ufford se contenta de l’écarter et courut vers Lucienne qui, immobile, les mains sur la bouche, regardait la scène comme si c’était un rêve. Un élan de pitié envahit Ufford devant ce beau visage, ces lèvres attirantes, ce teint d’ivoire. Il attrapa la jeune femme par le cou, lui plongea sans hésiter le poignard sous le coeur et appuya pour faire pénétrer la lame. Il regarda la vie s’éteindre dans ces yeux ravissants.
    — Je suis navré, murmura-t-il.
    — Je...
    Les yeux de Lucienne roulèrent dans leurs orbites ; elle toussa et soupira. Ufford déposa le corps sur le sol.
    — Nous serons pendus ! s’exclama le Roi des Clefs en fixant, horrifié, les deux cadavres.
    Le sang sourdait, formant des flaques qui coulaient en suivant les joints entre les dalles.
    Ufford ne pouvait vaincre ses tremblements.
    — Je n’avais pas le choix, haleta-t-il. Si je ne l’avais pas fait, nous étions bons pour le gibet. Terminez votre tâche, intima-t-il d’un ton menaçant à l’artisan.
    Puis il se précipita pour tirer les verrous qui fermaient l’huis.
    Le forceur de serrures reprit son ouvrage. Ufford se mit à faire les cent pas ; Bolingbroke se laissa aller contre le mur, les yeux fixés sur les dépouilles qui se rigidifiaient. Ufford tressaillit quand le corps de Thibault eut une ultime contraction et qu’un hoquet lui échappa. Le Roi des Clefs, ruisselant de sueur, se concentrait sur la dernière serrure. Il eut un cri de triomphe en entendant un cliquetis, releva le couvercle et, plongeant la main dans le coffre, poussa un effroyable hurlement de douleur. Ufford pivota sur ses talons. Bolingbroke gémissait doucement, comme un homme pris dans des rets. Le Roi des Clefs se retourna et Ufford le contempla, saisi d’épouvante : de petites chausses-trappes, des boulets, aux pointes acérées comme des rasoirs et longues comme des dagues, lui avaient transpercé main et poignet. L’homme, le bras tendu, s’avança en titubant vers Ufford, l’air suppliant.
    Le sang coulait à flots de son poignet comme de l’eau jaillissant d’un tuyau.
    — Ma main, geignit-il, ma main. Oncques ne pourrai...
    Le drame avait décomposé ses traits : il était blême.
    — Que Dieu vous maudisse ! chuchota-t-il.
    Tout à l’horreur subite de ce piège dissimulé, il ne se rendait pas compte de la gravité de sa blessure, mais Ufford s’y entendait assez en médecine pour comprendre qu’une grosse veine avait été sectionnée.
    — Aidez-moi ! se plaignit le blessé. Pour l'amour de Dieu !
    Il s’effondra sur les genoux et tirailla sur la pointe fichée dans son poignet, mais la douleur le fit se tordre sur le sol. Ufford se précipita et, avec l’aide de Bolingbroke, tenta d’extraire la chausse-trape. Elle était enfoncée trop profondément. Le Roi des Clefs tremblait et le sang jaillissait à si gros bouillons de la blessure qu’Ufford comprit qu’il ne pourrait l’étancher.
    — Aidez-moi, de grâce ! répéta l’homme.
    — Oui, oui. Nous avons besoin de quelques chiffons.
    Ufford tira son poignard. Il posa une main sur les yeux du malheureux et, de l’autre, plongea la lame dans sa gorge et la trancha.
    — Nous ne pouvons rien faire d’autre.
    Il regarda Bolingbroke qui serrait le sac du Roi des Clefs et qui commençait à se ressaisir comme s’il s’éveillait d’un cauchemar.
    — De toute façon il n’aurait pas survécu.
    Ils se dirigèrent vers le coffret et, le prenant par le couvercle, en déversèrent le contenu sur le sol. D’autres chausses-trappes meurtrières tombèrent avec fracas et roulèrent sur les dalles comme une dangereuse vermine s’échappant d’un trou. Bolingbroke, pourtant, soupira de soulagement en voyant le sac de cuir fermé par un lacet qui en tomba aussi. Il le ramassa, défit le noeud et en sortit un livre relié. Il l’emporta sous un lumignon, ouvrit le fermoir de cuir et le feuilleta en hâte.
    — Nous l’avons ? s’enquit Ufford.
    — Oui ! répondit Bolingbroke. Le Secretus secretorum de frère Roger Bacon !
    Ils s’empressèrent de quitter la chambre forte en

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