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Le livre du magicien

Le livre du magicien

Titel: Le livre du magicien Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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voilà ! haleta-t-il, conscient de la sueur qui inondait son visage et de la moiteur de ses mains.
    — Absurde !
    — Ils sont là ! insista Ufford. Les Chiens du roi, Craon et compagnie !
    Il ramassa son ceinturon et s’en ceignit la taille. Puis, attrapant au vol sa chape et ses fontes, il ouvrit l’huis et s’immobilisa sur le palier. Il entendait le souffle de Bolingbroke derrière lui. La rue, en bas, était vide.
    — Descendons vite, le pressa ce dernier. Séparons-nous. Si je suis arrêté je détruirai ce manuscrit. N’oublie pas : quai de la Madeleine, le marinier au capuchon écarlate... il te conduira au Gloire de Westminster, une cogghe anglaise dont le capitaine s’appelle Chandler.
    Ufford acquiesça et dévala l’escalier. Une fois en bas, il tourna à gauche et remonta en courant une venelle bordée de murs aveugles. Il ignorait dans quelle direction était parti son compagnon, mais Bolingbroke, se promenant souvent seul, connaissait la ville comme sa poche, mieux même que lui. Ufford courait tel le vent. Il apercevait, accroupis sous les porches, des mendiants aux visages blêmes, aux traits tirés, des chiens, babines retroussées, qui battaient sournoisement en retraite quand il les écartait d’un coup de botte. Il passa devant une petite église aux marches délabrées. Distinguant la tête d’une gargouille, il eut l’impression que c’était Maître Thibault qui se gaussait de lui. Il ne quitta pas le misérable quartier, mal éclairé et plein d’odeurs nauséabondes : le guet de l’échevinage s’y risquait fort peu souvent. Il n’avait qu’une chose en tête : la carte qu’il avait apprise par coeur. Débouchant dans la rue des Capucins, il s’arrêta pour reprendre haleine et soulager la douleur aiguë de son flanc. Il rengaina son poignard, s’accroupit et, fouillant dans son escarcelle, trouva un morceau de fromage. Il tenta de le mâcher, mais il avait la bouche si sèche qu’il dut le recracher.
    Il essaya de comprendre la situation. Ils avaient volé ce maudit manuscrit que Bolingbroke détenait et, à présent, le salut n’était plus qu’à quelques heures. Une fois les deux compagnons à bord de la cogghe, Craon et sa meute pourraient bien aboyer comme tous les chiens de l’Enfer, ils n’en seraient pas moins sains et saufs. Mais comment tout cela était-il arrivé ? Ufford prit une profonde inspiration, l’oreille tendue, à l’affût d’une éventuelle poursuite. Avait-il commis une erreur ? La horde pourchassait-elle le malheureux Bolingbroke ? Il tenta de retrouver son calme en pensant au visage d’Edelina, mais ce fut celui de Lucienne qui lui traversa l’esprit avec sa jolie bouche qui s’ouvrait et le sang qui giclait. Ufford était somnolent. Il se remémora la question qu’il avait posée à son compagnon. Qu’avait ce livre de si précieux ? Les magiciens pullulaient à Londres et à Paris ! Frère Roger avait lancé de remarquables prophéties, mais ce n’était sans nul doute que de vagues rêveries... Sa douleur au côté s’était apaisée et il s’efforça de réfléchir au mauvais pas dans lequel il se trouvait. C’était Bolingbroke, en rapport avec le mystérieux traître, qui avait découvert où se trouvait le manuscrit, mais ensuite ? Ce félon les avait-il dénoncés ? Était-ce un piège ? Le volume que portait Bolingbroke était-il authentique ou faux ?
    Ufford scruta la rue des Capucins. De l’endroit où il était accroupi, il entrapercevait le fleuve et distinguait la lueur des torches du quai fixées sur leurs piquets. Le passeur viendrait peut-être tôt. Il se releva et descendit la rue sans se hâter. D’une fenêtre, le cri strident d’un enfant déchira la nuit. Un chien hurla et le tourbillon rapide des chauves-souris au-dessus de lui fit sursauter Ufford. Plus loin, dans un jardin, un hibou hulula et il se rappela les histoires de bonnes femmes affirmant que le hibou était messager de la mort. Il se trouvait à mi-chemin de la rue des Capucins quand il ouït un cliquetis de métal derrière lui. Il posa la main sur la garde de son poignard et se retourna. Une rangée d’hommes encapuchonnés et portant cotte de mailles était sortie d’une ruelle. Ils se tenaient là, silencieux, comme une légion de vampires émergeant de l’enfer.
    — Oh non ! souffla Ufford, suffoquant.
    — Monsieur, cria une voix, déposez vos armes et rendez-nous le manuscrit.
    Ufford tenta de percer

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