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Le loup des plaines

Le loup des plaines

Titel: Le loup des plaines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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garçon retournant à sa yourte avec
le titre de « cavalier émérite » ou de « maître des chevaux »
pourrait un jour succéder à son père quand celui-ci se retirerait pour s’occuper
de ses bêtes. À l’exception, peut-être, du gros Temüge, les autres ne pouvaient
s’empêcher de rêver. Cela énervait Temüdjin que Bekter tînt pour acquis que
cette place lui revenait, comme si un an ou deux de plus comptaient. Leurs
rapports étaient devenus tendus depuis que Bekter était rentré de son année de
fiançailles passée loin de la tribu. L’aîné de la famille avait changé et Temüdjin
trouvait qu’il était devenu un compagnon pincé.
    Temüdjin avait d’abord cru que Bekter jouait la comédie, qu’il
faisait juste semblant d’avoir mûri. D’humeur sinistre, il ne parlait plus sans
avoir réfléchi et semblait peser chaque mot dans son esprit avant de le laisser
franchir ses lèvres. Temüdjin s’était moqué de son sérieux, mais les mois d’hiver
avaient passé sans qu’il se détende. Par moments, Temüdjin trouvait encore
amusante l’attitude pompeuse de son frère, mais il respectait le caractère de
Bekter, à défaut de son droit à hériter les tentes et le sabre de leur père.
    Tout en chevauchant, Temüdjin surveillait Bekter pour ne pas
laisser croître la distance entre eux. Il faisait trop beau pour se soucier d’un
avenir lointain et Temüdjin rêvait que tous les quatre – tous les cinq, même,
avec Bekter – ils remportaient tous les honneurs au rassemblement des
tribus. Yesugei en serait gonflé de fierté et Hoelun les prendrait dans ses
bras un par un, les appelant « mon petit guerrier », « mon petit
cavalier ». Même Temüge, âgé de six ans, pouvait concourir, malgré les
risques d’une chute. Temüdjin fronça les sourcils quand Bekter regarda derrière
lui pour estimer son avance. Malgré les manœuvres subtiles de ses fils, Yesugei
ne leur avait pas encore accordé la permission de prendre part aux courses.
     
     
    Hoelun était de nouveau enceinte et proche du terme. Sa
grossesse avait été difficile, très différente des précédentes. Chaque jour
commençait et finissait par des vomissements qui l’obligeaient à garder la tête
au-dessus d’un seau jusqu’à ce que son visage soit parsemé de taches de sang
sous la peau. Ses fils se forçaient à être sages et attendaient que Yesugei
cesse d’aller et venir nerveusement devant les tentes. Finalement, lassé de
leurs regards et de leur silence prudent, il les avait envoyés chasser l’hiver
des jambes de leurs chevaux. Temüdjin n’avait pas obtempéré immédiatement et le
khan, le soulevant d’une main puissante, l’avait expédié vers l’étalon au
paturon blanc. L’enfant avait tourné dans l’air, atterri sur le dos de la bête
et était aussitôt parti au galop. Patte-Blanche était un cheval hargneux, mais
Yesugei savait qu’il était le préféré de Temüdjin.
    Le khan avait regardé les autres monter en selle sans aucun
signe d’orgueil paternel sur son large visage. Comme son père avant lui, il n’était
pas homme à montrer ses sentiments, encore moins à des fils que cela aurait
amollis. Un père avait pour responsabilité d’être craint, même si parfois il mourait
d’envie de les prendre dans ses bras et de les lancer en l’air.
    Savoir quel était leur cheval préféré était un signe de son
affection et si les garçons devinaient, à un regard, à une lueur dans l’œil, ce
qu’il éprouvait, ce n’était pas plus que ce que son propre père avait fait des
années plus tôt. Il chérissait ces moments pour leur rareté et se rappelait
encore le jour où son père avait enfin approuvé d’un grognement la solidité de
ses nœuds pour attacher un lourd fardeau. C’était une petite chose, mais
Yesugei pensait encore au vieil homme chaque fois qu’il tendait une corde, le
genou enfoncé dans une balle. Il regarda ses fils galoper dans le soleil et
lorsqu’ils ne purent plus le voir, son expression s’adoucit. Son père savait qu’il
fallait des hommes durs sur une terre dure. Yesugei savait que ses garçons
devraient survivre aux batailles, à la soif et à la faim, pour parvenir à l’âge
adulte. Un seul d’entre eux deviendrait le khan de la tribu. Les autres
ploieraient le genou ou partiraient en vagabonds avec pour seul héritage
quelques chèvres et quelques moutons. Cette pensée lui fit secouer la tête
tandis qu’il suivait du regard

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