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Le loup des plaines

Le loup des plaines

Titel: Le loup des plaines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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mourir de
faim. La Mongolie est une terre dure. Le jeune Temüdjin ne fut jamais cruel et
rien dans les documents n’indique qu’il prit plaisir à tuer ses ennemis, mais
il savait être impitoyable.
    Lorsque la tribu envoya des hommes voir ce qu’était devenue
la tribu abandonnée, ils se heurtèrent à une vive résistance des fils de Hoelun.
Après une poursuite, Temüdjin resta caché dans les fourrés pendant neuf jours
sans manger jusqu’à ce que la faim le contraigne à se montrer. Fait prisonnier,
il s’échappa et plongea dans une rivière. Le banc de glace bleue que je décris
ne figure pas dans L’Histoire secrète, mais j’en ai vu de semblables
pendant mes voyages en Mongolie. J’ai changé Sorkan-sira en Basan pour nommer l’homme
qui le repéra dans l’eau et ne le livra pas. C’est aussi Sorkan-sira qui le
cacha dans sa yourte. Après l’échec des recherches, Sorkan-sira lui donna une « jument
fauve à bouche blanche », des vivres, du lait, un arc et deux flèches
avant de le renvoyer vers sa famille.
    Börte, l’épouse de Temüdjin, fut enlevée par des Merkits et
non par des Tatars, comme je l’ai écrit. Il fut blessé pendant l’attaque. Elle
resta aux mains de ses ravisseurs plusieurs mois et non quelques jours. Temüdjin
n’était donc pas certain d’être le père de son fils aîné, Djötchi, qu’il n’accepta
jamais totalement. Ce fut parce que Chatagai, son second fils, refusa de
reconnaître Djötchi comme successeur au titre de khan que Gengis désigna son
troisième fils Ögödei comme son héritier.
    La pratique cannibale consistant à manger le cœur de son
ennemi était rare mais pas inconnue dans les tribus de Mongolie. On appelait d’ailleurs
« chair humaine » la meilleure partie de la marmotte, l’épaule. En
cela aussi, on peut voir un lien avec les pratiques et les croyances des tribus
indiennes d’Amérique.
    Toghril des Kereyits se vit effectivement promettre un
royaume en Chine du Nord. S’il fut d’abord le mentor du jeune pillard, il en
vint à craindre l’ascension de Temüdjin et échoua dans sa tentative pour le
faire assassiner, enfreignant ainsi la règle première des tribus selon laquelle
un khan doit toujours réussir. Toghril fut contraint à l’exil et tué, semble-t-il,
par les Naïmans.
    Être trahi par ceux à qui il avait accordé sa confiance
alluma en Temüdjin un désir de vengeance, une soif de pouvoir qui ne le quittèrent
jamais. Ce qu’il vécut enfant engendra ce qu’il devint, un homme qui refusait
de plier, qui rejetait la peur et la faiblesse sous toutes leurs formes. Il n’était
attaché ni aux biens matériels ni aux richesses et ne se souciait que de voir
tomber ses ennemis.
    L’arc mongol à double courbure est tel que je l’ai décrit, avec
une puissance de tir supérieure à celle de l’arc anglais, qui a cependant
montré son efficacité sur les armures deux siècles plus tard. Le secret de
cette puissance, c’est sa structure stratifiée, avec des couches de corne
bouillie et de tendons ajoutées au bois. La couche de corne est appliquée côté
intérieur puisque la corne résiste à la compression. La couche de tendons
recouvre le côté extérieur puisqu’elle résiste à l’extension. Épaisses d’un
doigt, elles augmentent la puissance de l’arc, au point que la force nécessaire
pour le maintenir bandé équivaut à celle qu’il faut pour tenir un homme
suspendu à l’aide de deux doigts. Les flèches sont en bois de bouleau.
    L’habileté des Mongols avec un arc et leur incroyable
rapidité à manœuvrer permirent à Gengis de bâtir son empire. Ses cavaliers se
déplaçaient plus vite que les colonnes blindées actuelles et pouvaient
subsister longtemps avec un mélange de sang et de lait de jument qui ne
nécessitait pas de lignes de ravitaillement.
    Chaque guerrier portait deux arcs, de trente à soixante
flèches dans deux carquois, un sabre – tous n’en possédaient pas –, une
hachette et une lime en fer pour affûter les pointes de flèche accrochées au carquois.
En plus de ses armes, il était équipé d’un lasso en crin de cheval, d’une alêne
pour percer des trous dans le cuir, d’une aiguille et de fil, d’une marmite en
fer, de deux gourdes en cuir pour l’eau, et portait cinq kilos de lait caillé
durci dont il consommait une demi-livre par jour. Chaque unité de dix hommes
disposait d’une yourte transportée par un cheval de remonte, ce qui la

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