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Le Maitre Philippe

Le Maitre Philippe

Titel: Le Maitre Philippe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Bricaud
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Maître resta en
Russie près de deux mois. Après son retour, sa réputation s’accrut à tel point
qu’elle parvint jusqu’aux Souverains.
     
    L’Impératrice, en laquelle sommeillait le goût du fantastique, et
que certains font une sorte d’hystérique névrosée, et le Tsar, slave curieux d’expériences
troublantes, voulurent connaître un homme dont la renommée vantait les pouvoirs
surnaturels.
     
    Ils profitèrent de leur voyage en France pour le faire appeler
auprès d’eux. Ce fut la grande-duchesse Militza qui fit savoir au Maître
Philippe que l’Empereur et l’Impératrice seraient heureux de s’entretenir avec
lui à Compiègne.
     
    M. Maurice Paléologue, qui fut le dernier ambassadeur de France
à la Cour de Russie, a raconté dans ses souvenirs, publiés en 1922, {2} comment s’opéra la rencontre du thaumaturge avec les Souverains.
     
    Il dit tenir ces renseignements du policier russe Manouilov, qui
était en mission à Paris, au service de l’Okhrana , et qui fut l’intermédiaire.
     
    Le Maître Philippe arriva à Compiègne le 20 septembre. Manouilov
fut chargé de le recevoir à l’entrée du palais et de l’examiner un peu avant de
le conduire dans les appartements impériaux.
     
    « Je vis entrer, me dit-il, un gros bonhomme, avec une
grosse moustache, habillé de noir, l’air modeste et sérieux, l’air d’un instituteur
endimanché ; son costume était aussi ordinaire que possible, mais d’une impeccable
propreté. Il n’y avait de remarquable en lui que ses yeux : deux yeux
bleus, à demi cachés par de lourdes paupières, mais qui avaient par instant un
éclat et une douceur étranges… Il portait au cou un petit sachet triangulaire
de soie noire. Je lui demandai ce que c’était. Il s’excusa mystérieusement de
ne pouvoir me répondre.
     
    Plus tard, je lui ai toujours vu cette amulette sur la
poitrine. Un soir, comme j’étais seul en wagon avec lui, et qu’il dormait en
ronflant à plein nez, j’ai essayé de lui enlever son talisman pour voir ce qu’il
y avait dedans ; mais à peine l’avais-je touché qu’il s’éveilla en sursaut. »
     
    Dès la première entrevue, le Maître s’imposa à la pleine
confiance des Souverains, qui le décidèrent à venir s’installer en Russie. Il
partit presque aussitôt. Une maison lui fut préparée à Tsarskoïe-Selo, la
résidence impériale. Son but principal était d’influencer favorablement une
grossesse de l’Impératrice pour avoir un héritier mâle.
     
    Nicolas II avait, en effet, l’ardent désir d’un fils, et la
Tsarine ne lui avait donné que des filles. Le D r . Schenk, de Vienne,
professeur d’accouchements, mandé auprès de l’Impératrice, lui avait imposé un
régime spécial, qui devait, à coup sûr, amener la naissance d’un garçon. Une
fille était née ! Jean de Cronstadt, le moine guérisseur, aux prières
duquel on avait fait appel, n’avait pas été plus heureux.
     
    Pendant une nouvelle grossesse de la Tsarine, le Maître Philippe
déclara que l’enfant attendu par le couple impérial serait cette fois un garçon.
La prédiction s’étant réalisée, il vit à partir de ce moment son influence grandir
de plus en plus. II fut comblé d’honneurs : le Tsar lui conféra un grade
militaire équivalent à celui de général de division, avec droit de porter l’uniforme
du grade ; et – suprême honneur – il reçut l’autorisation de pénétrer dans
les appartements du Tsar et de la Tsarine quand bon lui semblerait, sans se
faire annoncer.
     
    Peu à peu, il devint absolument indispensable. Sitôt qu’il s’absentait
de la Cour, l’on s’inquiétait, et, à la moindre alerte, des messagers partaient
à sa recherche.
     
    Etonnée qu’un homme doué de pouvoirs aussi extraordinaires ne
soit possesseur d’aucun titre officiel, pas même celui de docteur en médecine, l’Impératrice
lui fit octroyer, par l’Université de Moscou, le diplôme de docteur. Mais comme
le diplôme russe ne conférait pas, à lui seul, le droit d’exercer la médecine
en France, elle pria l’ambassadeur de France à Petrograd de faire des démarches
pour qu’un diplôme équivalent soit délivré à son protégé par le gouvernement
français.
     
    L’ambassadeur de France répondit que c’était là une chose
impossible, aucun diplôme n’étant délivré honoris causa.
     
    La Tsarine ne fut pas convaincue. Profitant de son second voyage
en France, elle demanda un

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