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Le Maréchal Berthier

Le Maréchal Berthier

Titel: Le Maréchal Berthier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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et y acquit rapidement une certaine aisance qui lui permit de se marier. Dans les actes de naissance de ses deux enfants, il est qualifié de « bourgeois ». L'aînée, une fille, resta toujours dans la région et épousa assez jeune un vigneron. Sans doute conscient de sa propre insuffisance, Michel Berthier chercha à donner une bonne éducation à son fils et le mit au collège. Tonnerre n'en possédait pas. Mais il y en avait deux excellents, tenus par des jésuites, l'un à Auxerre, l'autre à Sens, et les connaissances dont fit preuve très vite Jean-Baptiste incitent à penser qu'il fréquenta l'un d'eux.
    Une légende (mais les légendes ont la vie dure) prétend que son père le plaça comme domestique chez un officier général qui résidait aux environs de Tonnerre, nommé de Channis de Vezanne. Celui-ci, frappé par l'intelligence du jeune garçon, lui aurait fourni des rudiments d'instruction avant de le faire entrer comme petit commis au ministère de la Guerre. Cette histoire est d'autant plus improbable que dans les postes qu'il occupa dans les années suivantes le jeune Berthier allait faire preuve de connaissances approfondies en mathématiques, en physique et en architecture.
    Mais l'on sait avec certitude qu'à dix-huit ans, en 1739, il fut nommé instructeur à l'école de Mars à Paris, chargée de former les officiers d'infanterie. Il y progressa rapidement puisque, en moins de deux ans, il en devint inspecteur général. À ce titre, il avait son mot à dire dans le programme des études. Les trouvant par trop théoriques, il proposa et obtint de leur donner un caractère plus fonctionnel. Dans ce but, il fit construire sur l'île aux cygnes à Paris un fort miniature, ouvrage très complet baptisé « Fort Dauphin ». Là, devant un parterre de généraux, sans compter un nombreux public venu comme au spectacle, les élèves de l'école, divisés en deux camps, exécutèrent des manoeuvres dont le thème était évidemment le siège et la défense d'une place. Mais, si cette innovation commençait à faire connaître le nom de Berthier dans les milieux militaires, ce rôle d'inspecteur ne suffisait pas à contenter les ambitions du jeune homme. D'ailleurs, la guerre (succession d'Autriche) avait éclaté en 1740 entre l'Autriche et la Prusse. Malgré une forte résistance du roi Louis XV, qui ne voyait aucun intérêt pour la France à participer à ce conflit, le parti militaire à la cour l'emporta.
    Jean-Baptiste fit tout son possible pour faire partie des unités combattantes, mais ce ne fut qu'au lendemain de la victoire de Fontenoy qu'il put rejoindre l'armée où il fut affecté à l'état-major du maréchal de Saxe en tant qu'ingénieur géographe. Il eut alors l'idée originale d'effectuer les levées pour dresser une carte du champ de bataille. Ses travaux préliminaires achevés, il en parla au maréchal de Saxe que cette conception enthousiasma et qui l'encouragea non seulement à terminer son travail mais encore à agir de même pour toutes les futures rencontres de la campagne.
    Il assista à la bataille de Raucoux et fut blessé à celle de Lawfeld, mais il n'en poursuivit pas moins son travail.
    De cette campagne il ramena suffisamment de documents pour faire établir un album de 25 cartes rapportant les principaux faits de la mémorable campagne de Flandre qu'il offrit au roi, d'autant plus charmé qu'il y avait pris une part active. Se voyant confirmé dans son rôle d'ingénieur géographe et intégré dans ce corps d'officiers, il estima qu'il pouvait désormais fonder une famille. Il épousa le 23 septembre 1749 Marie-Françoise L'Huillier de la Serre. Le père de celle-ci, ingénieur cartographe, donc collègue de Jean-Baptiste Berthier, était d'une excellente famille bourgeoise. Mais tel le personnage de Molière, il avait acquis la terre de la Serre et en avait accolé le nom à son patronyme pour se donner un air de gentilhomme. La jeune fille avait dix ans de moins que son mari, étant née en 1731.
    Ce fut un mariage heureux. À une époque où les sentiments n'avaient que peu de place dans la vie d'un couple, ils furent toujours épris l'un de l'autre. Elle mit au monde douze enfants dont six, quatre garçons et deux filles, survécurent, ce qui dans cette période où la mortalité infantile était élevée était normal. Très active et bien organisée, elle trouva le temps d'exercer la fonction très enviée, car rémunératrice et source de hautes

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