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Le Maréchal Berthier

Le Maréchal Berthier

Titel: Le Maréchal Berthier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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à la Grande-Bretagne afin, soutenaient-ils, de venger l'humiliation du traité de Paris de 1763. Seul, ou presque, Louis XVI était opposé à l'aventure, subodorant, entre autres, qu'elle grèverait lourdement les finances du royaume qui n'en avaient nul besoin. Mais il n'était pas homme à résister longtemps à cet engouement. Ce ne fut qu'après la victoire des insurgents à Saratoga, en octobre 1777, que le roi se décida à une intervention militaire, et celle-ci se mit en place avec une sage lenteur. Il fut décidé qu'un corps expéditionnaire serait envoyé renforcer les troupes américaines du général Washington, surtout que celles-ci venaient d'essuyer une défaite à Savannah en 1778.
    L'armée française mise sous le commandement du comte de Rochambeau commença à se rassembler à la fin de 1779 et presque tous les jeunes officiers se portèrent volontaires pour y servir, laissant au ministre l'embarras du choix.
    Naturellement, Alexandre Berthier et son frère cadet Charles – qui était également capitaine de dragons – posèrent leur candidature.

II
PERFECTIONNEMENT D'UN OFFICIER
(1780-1789) Ce ne fut pas avec plaisir que Jean-Baptiste Berthier apprit que ses deux fils aînés désiraient participer à cette guerre outre-Atlantique. Tout de même leur détermination finit par avoir raison de ses réticences, et il se décida à faire jouer ses relations pour leur obtenir d'être incorporés même à titre provisoire dans un des régiments désignés pour faire partie du corps de Rochambeau. Si grande était leur impatience qu'ils allèrent jusqu'à offrir de renoncer à leur rang d'officier et de servir comme simples volontaires. Les deux frères qui étaient très proches l'un de l'autre avaient souvent des réactions similaires.
    Jean-Baptiste eut la bonne idée d'adresser ses enfants au maréchal de camp comte de Saint-Maisme qui commandait le régiment de Soissonnais, lequel faisait partie de l'expédition. Or le comte connaissait déjà et avait eu l'occasion d'apprécier Alexandre. Le 26 avril 1780, il lui écrivit donc en lui offrant de le prendre avec lui, non pas comme volontaire, mais comme capitaine. Mieux encore, et là il faut sans doute voir l'influence de Jean-Baptiste, le ministre de la Guerre accepta d'inscrire les deux frères dans le cadre du régiment, tous deux comme capitaines encore qu'il n'y eût qu'une seule place. Il ne leur restait plus qu'à partir. Réalisant des prodiges de vitesse, ils couvrirent en deux jours à francs étriers la distance séparant Versailles de Brest et y parvinrent le 2 mai, à 6 heures du matin !
    Ce fut pour découvrir que l'escadre et son convoi avaient appareillé pendant la nuit et encore sur la grande rade se préparaient à franchir le goulet. Les deux frères n'avaient pas fait tout ce trajet pour assister au spectacle du départ. Sautant dans un canot avec leurs bagages, ils réussirent à monter à bord d'un lougre qui faisait fonction d'organe de liaison avec les bâtiments. Après douze heures d'attente, en fin d'après-midi, ils parvinrent à rallier le Duc de Bourgogne , vaisseau amiral et à monter à bord. Ils y furent plutôt mal reçus par l'amiral de Ternay qui commandait l'expédition. En effet, dans leur hâte de partir, les deux officiers n'avaient pas attendu de recevoir des ordres écrits signés par le ministre et s'étaient contentés de ses instructions verbales. Or Monsieur de Ternay leur déclara qu'à ses yeux ils étaient sans valeur. Alexandre essaya alors d'obtenir l'appui de Rochambeau qui assistait à la scène mais qui, à bord, n'avait aucun pouvoir. Il tenta néanmoins d'intervenir, ce qui eut pour seul effet de renforcer l'obstination de l'amiral. L'offre de Berthier de servir comme matelot pendant la traversée ne servit à rien et à la fin du compte, les deux frères transférés sur la frégate la Bellone furent ramenés à Brest. Ils avaient toutefois obtenu de Rochambeau des ordres écrits leur permettant d'embarquer sur un des bâtiments de la seconde escadre qui devait bientôt prendre la mer.
    La stupeur des officiers qui les avaient vus partir avec tant de précipitation fut grande en les voyant débarquer. Ce ne fut qu'un cri à Brest pour blâmer le comportement de l'amiral de Ternay peu digne d'un gentilhomme.
    Comme la seconde escadre tardait à prendre la mer, les frères Berthier, toujours pressés de prendre part au conflit, embarquèrent, le 25 juin, sur l' Auguste , vaisseau de ligne

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