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Le maréchal Ney

Le maréchal Ney

Titel: Le maréchal Ney Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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se fit précéder au quartier général par un de ses aides de camp, un capitaine nommé Pajol. Celui-ci prit normalement contact avec le commandant de l’escorte, le capitaine Ney. Michel vida son sac devant cet officier qu’il ne connaissait pas. Pajol le trouva sympathique et intéressant ; il rapporta son histoire à son supérieur qui, curieux, décida de faire la connaissance de ce fougueux hussard.
    *
    Il se nommait Jean-Baptiste Kléber, était natif de Strasbourg et avait un long passé militaire derrière lui. Pourtant, il avait débuté dans la vie comme architecte. Mais cette profession ne lui avait guère plu et il s’était engagé dans l’armée autrichienne. Il y était devenu officier. Ce ne fut que sous la Révolution, alors qu’il était revenu servir dans l’armée française, qu’il put donner toute sa mesure. Au moment où Dumouriez battait les Autrichiens à Jemappes, Custine, par une avance foudroyante, avait profondément pénétré en Allemagne et enlevé Mayence. Lorsqu’un peu plus tard, il lui fallut reculer, il confia la défense de la place à Kléber. Celui-ci, même s’il dut en fin de compte capituler, s’y couvrit de gloire, soutenant un siège de trois mois. Mieux, au moment où se négociait la reddition de la place, alors que les coalisés consentaient à laisser la garnison regagner la France, ils stipulèrent que pendant un an elle ne pourrait pas servir contre eux. Ils oubliaient que la Vendée était en pleine révolte contre la République et que le gouvernement serait trop heureux d’employer pour la combattre ceux que l’on nommait déjà « les Mayençais ».
    D’abord qualifié de traître puis peu après de héros, Kléber fut donc nommé général de brigade et envoyé dans l’Ouest. Il allait y rester un an, avec des résultats incertains, avant d’être rappelé, nommé général de division et muté à l’armée que commandait Jourdan : celle de Sambre-et-Meuse. Il en dirigea brillamment l’aile gauche à Fleurus et reçut peu après la charge de toute l’armée. Quoiqu’il passât pour un officier d’humeur difficile et assez susceptible, sa prise de commandement déchaîna l’enthousiasme.
    Entre Kléber, de seize ans son aîné, et Ney, ce fut l’entente immédiate. Un détail allait encore cimenter cette union : tous deux parlaient parfaitement l’allemand, ce qui, chose étonnante, était extrêmement rare dans une armée française opérant outre-Rhin. Kléber fit vite le tour de ce nouvel adjoint et, afin de lui remonter le moral, le nomma provisoirement adjudant général. Ce grade intermédiaire au rôle pas toujours bien limité, s’il était bien exploité, conduisait à des fonctions supérieures.
    À l’état-major de Kléber, Ney fit la connaissance de deux officiers brillants, dont les leçons lui seraient profitables : le général Hardy, topographe, et le chef d’état-major Billy, mathématicien connu. Mais le « patron » avait d’autres vues sur Michel Ney. Il n’avait pas été sans remarquer sa hardiesse, sa bravoure, sa curiosité et son esprit d’initiative. À son attention, il créa donc un petit corps indépendant que, faute de mieux et à contresens, il nomma ses « partisans ». En fait, il s’agissait d’une unité autonome, à la fois chargée d’opérer des raids destructeurs sur les arrières de l’ennemi en y faisant régner l’insécurité, et d’un groupe de reconnaissance fournissant des renseignements sur les mouvements de l’adversaire. C’était un poste qui ne nécessitait pas de profondes connaissances théoriques dans l’art de la guerre, mais qui demandait de savoir se couvrir et observer afin de tomber sur l’ennemi en son point le plus faible. Là, opérant presque toujours loin de nos lignes, Ney pourrait agir à sa guise sans avoir à rendre compte de ses actes. Mais, contrecoup de cette indépendance, aucun échec ne lui serait toléré. Comme la situation d’adjudant général avait quelque chose d’ambigu, en date du 30 août 1794, Kléber le fit promouvoir chef de corps, autrement dit colonel.
    Immédiatement Ney, fort à l’aise dans ce commandement indépendant, fit parler de lui. Dès le 30 juillet, dans un combat à la pointe de l’avant-garde, il mettait en déroute deux cents hussards de Blankenstein avec seulement trente dragons. Au mois d’août, s’attaquant à la logistique de l’ennemi, il enlevait un grand convoi de vivres et de munitions ainsi

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