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Le maréchal Ney

Le maréchal Ney

Titel: Le maréchal Ney Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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temps, pour l’aider à parachever sa convalescence, Kléber lui annonça qu’il était nommé maréchal de camp (général de brigade) à titre provisoire. À la stupeur de son chef, Ney refusa cet avancement, déclarant qu’il n’avait pas assez montré ses capacités et qu’il n’était pas assez savant pour mériter cette promotion.
    Se jugeant suffisamment dorloté et pratiquement guéri, il retourna à l’armée en février 1795. Faute de moyens, nos troupes ne faisaient pas grand-chose et d’ailleurs les négociations préliminaires de la paix de Bâle ralentissaient les opérations. Le mouvement des grandes unités se répétait avec monotonie. Chacun prenait l’offensive lorsqu’il se trouvait près de ses bases puis reculait lorsqu’il approchait celles de l’adversaire. Dans ce genre de combat, Ney se distinguait par ses actions isolées et indépendantes. Il devait confesser, des années plus tard, que le service à l’armée de Sambre-et-Meuse avait constitué le moment le plus dynamique et le plus agréable de sa carrière. Il y avait donné le meilleur de lui-même.
    Outre ses fonctions à la tête de ses partisans, Kléber, toujours décidé à le pousser, en avait fait son chef de service pour les renseignements (on disait la partie secrète). Il continuait à faire parler de lui. Le 17 juin 1796, à la tête de ses cavaliers, il porta secours à la brigade de Soult encerclée et la dégagea. Celui-ci ne devait pas lui en garder une profonde reconnaissance. Deux jours plus tard, à Uckerath, il couvrit la retraite de l’armée pendant sept heures, permettant ainsi à nos soldats de s’enfuir. Deux mois après, les Français reprenaient l’offensive. Commandant l’avant-garde et prié par Kléber de talonner l’ennemi, il arriva devant la ville de Forscheim, place pourvue de sérieuses fortifications et défendue par une importante garnison armée d’une forte artillerie. Il n’entendait pas laisser derrière lui un tel obstacle qui, en cas de retraite, pouvait se révéler des plus gênants. Mais ses ordres ne lui laissaient pas le loisir d’en entreprendre le siège. Il adressa donc au gouverneur de la forteresse un ultimatum si violent, si terrifiant (il se rappelait la leçon de Maastricht) qu’affolé l’Autrichien hissa sur-le-champ le drapeau blanc. Cet exploit apporta à Ney le surnom de « preneur de villes », dans une armée qui en avait vu beaucoup.
    Depuis le 1 er août 1796, Michel Ney avait été promu général de brigade par le Directoire, sur la demande insistante de Kléber. Il avait vingt-sept ans, et cette fois il ne refusa pas.
    L’offensive française s’arrêta une fois de plus en septembre puis fut suivie d’une retraite. La monotonie de ces allers et retour n’échappait à personne. Alors qu’à Paris les hommes politiques et les coquins gravitant autour du gouvernement vivaient dans un luxe inouï et une débauche permanente, les soldats français manquaient de tout. Au début de 1797, complètement écoeuré par cette situation, Kléber démissionna. Suivant ses propres paroles, il « remit la boutique » à Hoche. Avec son départ, Ney perdait un protecteur et un ami. Pourtant, il ne manifesta pas particulièrement de regrets et ne songea pas à le suivre. Il agirait ainsi tout au long de sa vie. C’était moins de l’ingratitude qu’une sorte d’indifférence qui serait déplaisante si elle n’était en réalité commune à beaucoup de généraux préoccupés, avant tout, de leur propre carrière. Et Ney commençait à s’intéresser à la sienne.
    Il s’entendit bien avec le successeur de Kléber, qui avait un caractère différent de celui du Strasbourgeois. Républicain fanatique et borné, au moins aussi occupé à débusquer les « mauvais citoyens » qu’à combattre l’ennemi, Hoche était un général qui connaissait son métier, sensible aux compliments. Ney lui plut parce qu’il était d’origine populaire et également parce qu’il lui écrivit, dans un style qui sentait son courtisan, ce qui flatta Hoche : « La confiance que votre présence inspire à l’armée entière est un sûr garant du succès de vos entreprises. »
    Toutefois, le jeune Lorrain ne devait pas participer longtemps à la campagne victorieuse de son nouveau supérieur. Alors que le 21 avril, avec sa fougue et son mépris du danger, il se portait au secours d’une poignée de soldats en difficulté, il fut submergé par un parti de

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