Le maréchal Ney
pour l’époque, ils ne répondirent pas aux ambitions de leurs parents et s’engagèrent par goût comme simples troupiers dans la cavalerie, sans espoir d’avancement sous l’Ancien Régime, tant était grand chez eux l’attrait du métier des armes. Les guerres de la Révolution puis de l’Empire les portèrent à des sommets. Mais si au temps de la Convention Murat fut avant tout un soldat politique, Ney resta un guerrier.
Contrairement aux allégations de certains, ce n’étaient pas uniquement des sabreurs fous de bravoure, ne sachant qu’entraîner les hommes au combat. Au contraire, excellents tacticiens et honnêtes stratèges, ils montrèrent en de nombreuses occasions leurs qualités de manoeuvriers. Ney se révéla incomparable dans la manière d’ordonner et de commander une retraite sous le feu, ce qui est un des exercices militaires les plus difficiles. Ce n’est pas le moindre paradoxe, chez un homme surtout connu pour sa fougue et son allant.
Entiers, de caractère difficile parce que précisément ils en avaient beaucoup, ils s’entendirent mal avec Napoléon qui préférait les subordonnés soumis et ne discutant pas ses conceptions. Pour sa part, Ney fut toujours plus proche du clan Beauharnais que de Bonaparte, mais il faut y voir l’influence de sa femme. On les a accusés de trahison vis-à-vis de l’empereur, or le mot est injuste. Ils se séparèrent de lui lorsqu’ils estimèrent que leur manière de concevoir l’avenir n’avait plus rien de commun. Mais comme ils avaient un fond de sentimentalité, ils tentèrent in extremis un rapprochement dont Napoléon ne leur sut aucun gré.
Leur fin tragique et identique ne manqua pas de grandeur. Victimes d’un ordre européen qui tentait de se survivre, ils surent mourir. Ils avaient en réalité compris que le monde d’après 1815 n’était pas fait pour eux. Alors ils cessèrent de lutter, car la vie qui aurait été la leur n’aurait plus eu de sens. Pour les qualifier d’un mot, ils furent avant tout et demeurèrent jusqu’au bout de magnifiques soldats.
Le surnom de « brave des braves » qui fut appliqué à Ney n’est pas, contrairement à la légende, né dans l’esprit de Napoléon. Ce furent les soldats du sixième corps, puis à leur suite toute l’armée qui l’inventèrent pour immortaliser l’attitude du maréchal pendant les campagnes de 1805, 1806 et 1807.
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En 1913, l’Amirauté britannique fit mettre en chantier une série de monitors, sorte de petits cuirassés formidablement armés, destinés au bombardement des côtes ennemies. Dans le cadre de l’Entente cordiale, il fut décidé qu’ils porteraient les noms de maréchaux français du I er Empire. Deux seulement furent lancés et participèrent aux deux conflits mondiaux. Ils se nommaient Marshal Soult et Marshal Ney.
La Bucherie,
1998-2000.
ANNEXE I
Carrière du maréchal Ney
1788 : engagé au régiment colonel général des hussards.
01/01/1791 : brigadier fourrier
01/02/1792 : maréchal des logis
14/06/1792 : adjudant ; même jour sous-lieutenant (provisoire)
10/10/1792 : lieutenant
03/02/1793 : breveté aide de camp
12/04/1794 : élu capitaine
25/04/1794 : breveté dans ce grade
31/07/1794 : adjudant général
30/08/1794 :colonel
01/08/1796 : général de brigade
20/03/1799 : général de division
15/05/1804 : maréchal de France
1805/1808 : commandant le 6 e corps d’armée en Allemagne
01/03/1808 : duc d’Elchingen
1809/1811 : commandant du 6 e corps en Espagne et Portugal
1812 : commandant du 3 e corps en Russie
01/02/1813 : prince de la Moskowa
1813 : commandant du 1 er corps d’observation puis de plusieurs corps d’armée
Janv. 1814 : commandant la moyenne garde
Mai 1814 : membre du conseil de la guerre ; commandant de la cavalerie pour le roi
Juin 1815 : commandant plusieurs corps d’armée en Belgique
04/12/1815 : procès pour trahison
07/12/1815 : fusillé
Blessé : décembre 1794 au bras ; mars 1799 à la joue ; mars 1813 au cou ; octobre 1813, contusion par boulet.
Plusieurs fois cité à l’ordre de la nation et dans les bulletins de la Grande Armée
Grand officier de la Légion d’honneur
Chevalier de Saint-Louis
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