Le méridien de Paris - Une randonnée à travers l'histoire
l’époque en tout cas, les
à un parking souterrain.
autorités la dépeignirent comme un exemple
effrayant d’obscénité et de cupidité. Donc
Des architectures à découvrir
en rien une femme qui se conformait aux
Pour compenser ces absences, je propose
règles en vigueur.
de faire un petit détour intéressant. Prenez
tout de suite à gauche la rue Nansouty et
admirez au n°14 la villa Guggenbühl. Cette
[Parcours]
maison fut dessinée par l’architecte André
N°16 : Après le n°15, garder à droite
Lurçat, contemporain du Corbusier dont il
la remise des jardiniers cachée
partageait les idées. On la décrit parfois
dans les buissons. Quelques
comme une sculpture cubiste, surtout parce
mètres avant une maisonnette
que les fenêtres étaient initialement placées blanche carrée (commodités
à des hauteurs inégales. Plus tard, les
gratuites) se trouve le n°16.
propriétaires de la bâtisse les ont modifiées, N°17 : À gauche, suivre l’allée du Puits.
ce qui a fait perdre à la maison une partie de Le médaillon est à deux mètres
son originalité. Remarquez l’auvent caractéris-avant le premier banc à gauche.
tique. André était le frère du peintre Jean Lurçat, N°18 : Sur le côté droit de la même
qui fut très connu pour ses dessins de gobelins.
allée, trois mètres plus loin, près
À droite la rue Braque, du nom du peintre
du bord du trottoir, il y a un trou,
Georges Braque qui y occupait au n°6 une
mais plus de plaquette.
N°19 : L’allée du Puits débouche sur
l’allée de Montsouris. Prendre à
droite en direction de la sortie, face
à l’avenue René-Coty. C’est là que
se trouvaient les nos19 et 20.
En raison du renouvellement de
l’asphalte, les plaquettes ont été
« enlevées », comme le confirme
le gardien du parc. Peut-être
réapparaîtront-elles dans le cadre
du « programme de repose » ?
Dans ce cas, le n°19 sera placé
à droite de l’abri des gardiens,
à trois mètres du trottoir.
N°20 : Quant au n°20, si le programme
La villa Guggenbühl fut construite en 1926-1927 par est appliqué, il sera à six mètres
l’architecte André Lurçat pour le peintre zurichois du bord du trottoir, à droite de
Walter Guggenbülh.
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L e M é r i d i e n d e P a r i s
quatre-vingt mètres. C’est encore l’œuvre
maison en brique, dessinée par les frères
d’Haussmann (voir chapitre « Le baron
Perret. Revenez sur vos pas et prenez à
Haussmann »), qui, malgré les épidémies de
gauche la rue Nansouty, puis encore à
choléra, mit des années à convaincre les
gauche le square Montsouris, une jolie petite députés que l’eau de la Seine utilisée
rue qui n’existe d’ailleurs que depuis 1922.
jusqu’alors était infectée.
Le peintre Roger Bissière, un ami de
Braque, habita au n°8. À l’angle avec
La rue Saint-Yves tourne brusquement vers la
l’avenue Reille, au n°53 se dresse la maison
gauche, nous croisons une rue qui porte bien
que le Corbusier construisit en 1923 pour le
son nom de rue des Artistes. Au n°11 de la rue peintre Amédée Ozenfant. Tous deux
Saint-Yves, remarquez le bâtiment aux lignes
prônaient le purisme, la version épurée
épurées portant l’inscription « Cité du
du cubisme. Selon Ozenfant, il fut le premier Souvenir ». Il s’agit d’un complexe réalisé en client français de l’architecte qui allait être 1924 à l’initiative d’un certain père Keller qui, célèbre et méconnu à la fois.
après la boucherie de 14-18, espérait fournir des logements décents aux survivants, en
remplacement des taudis et des bidonvilles. La Sur les traces du baron
chapelle s’élève toujours dans la cour, mais
Haussmann
la gestion n’est plus aux mains de l’Eglise.
À droite, prenez la rue Tombe-Issoire. C’est dans Le chemin le plus court vers le médaillon n°21
cette rue que, d’après une chanson de geste
passe par l’avenue René-Coty, mais cette
française de 1182, un Guillaume d’Orange se
dernière est dénuée de charme particulier. Il serait déjà manifesté bien avant le Guillaume est bien plus agréable d’emprunter sur la
d’Orange dit le Taciturne, célèbre aux Pays-Bas.
gauche la rue Saint-Yves, parallèle à l’avenue, Voici son histoire. Sur la butte Montmartre
qui longe l’un des plus grands réservoirs d’eau s’était installé Ysoré, un géant qui ne
potable de la Ville de Paris, le réservoir de mesurait
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