Le méridien de Paris - Une randonnée à travers l'histoire
pas moins de quatre mètres vingt.
Montsouris. Ici, sont recueillies, grâce à un Il était bagarreur, provocateur, et tout Paris le aqueduc de 173 km, les eaux de la Vanne
craignait. Les autorités firent appel à un
(voir l’œuvre d’art de Claude Lévêque
vaillant guerrier de Montpellier du nom de
intitulée Tchaïkovski, dont nous avons parlé Guillaume d’Orange, surnommé Guillaume
plus haut) afin de pouvoir garantir l’achem-
au Court Nez.
inement de l’eau jusqu’à une hauteur de
Court Nez était malin. Il rejoua une version
adaptée de David contre Goliath : en faisant
semblant d’être mort, il parvint à surprendre Ysoré. La victoire ne fut pas facile pour autant.
Les ennemis se livrèrent un combat acharné.
Finalement, Nez Court sépara la tête du tronc géant et Ysoré fut enterré dans cette rue qui s’appelait alors la route d’Orléans. En 1212, on découvrit une pierre tombale qui lui fut
attribuée, le S epulcrum Isoreti. Son nom se transforma progressivement d’Ysoré en
Isoere, puis Issoire. D’où la rue Tombe-Issoire, La chapelle de la Cité du Souvenir.
le tombeau d’Ysoré.
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L e M é r i d i e n d e P a r i s
Les meilleures années de la vie d’Henry Miller La Villa Seurat, un ensemble de villas d'artistes et d'hôtels particuliers construit de 1924 à 1926.
Un fourmillement
artistique
L a première rue à droite, à hauteur du n°100, s’appelle la Villa Seurat. Un
héritage typique des années vingt du
siècle dernier. Henry Miller (1891-
Henry Miller déclara plus tard que les années 1980), sans le sou au début des années trente, passées à la Villa Seurat avaient été les plus y vécut gracieusement quelque temps. Son
heureuses de sa vie. Une petite villa d’artistes propriétaire et ami, Michael Fraenkel, espérait que Miller décrivit comme le centre du monde, lui aussi devenir écrivain. C’est ici que Miller représentative de l’importance que Paris avait écrivit Le Tropique du Cancer en 1934 (son à cette époque dans le domaine culturel.
propriétaire y figure sous les traits du person-Toute la rue s’adonnait au travail dans le calme nage de Boris), et qu’il vécut une belle histoire et la joie. Chaque maison abritait un écrivain, d’amour avec Anaïs Nin. Contrairement à
un peintre, un sculpteur, un danseur ou un
lui, cette dernière avait de l’argent et elle loua acteur. C’était une ruelle calme avec pourtant pour lui l’étage supérieur. L’auteur anglais
une activité intense, mais silencieuse, presque Laurence Durell faisaient aussi partie de la
respectueuse. Selon Miller, il y avait des
bande. Miller y publia en tant qu’éditeur la
centaines de rues comme celle-ci à Paris, la
collection Villa Seurat Series, qui comptait
ville où travaillait le plus grand contingent Max et les Phagocytes de Miller lui-même, d’artistes du monde. C’était ce qui faisait
Le Carnet noir de Durell et Un Hiver d’artifice Paris à ses yeux : un groupe hétérogène
d’Anaïs Nin. Alors que l’écrivain rendait
d’hommes et de femmes occupés par les
visite à Durell en Grèce, la Seconde
choses de l’esprit, qui dynamisaient la ville et Guerre mondiale éclata et dût retourner
en faisaient le pôle magnétique du monde
vivre aux États-Unis en 1939.
culturel.
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L e M é r i d i e n d e P a r i s
des nus sensuels chevauchant des sortes de
dauphins. Plus une plaisanterie me semble-
t-il qu’une référence. La petite rue se trouvait à l’époque au bord de la ville, à la limite de Montparnasse qui connaissait alors ses
heures chaudes. C’était autrefois un refuge
d’artistes. Aujourd’hui, les maisons sont
devenues beaucoup trop chères pour la
nouvelle bohème.
June et Henry Miller.
[Parcours]
N°21 : Tout droit jusqu’à la place
Saint-Jacques (station de métro
La Villa Seurat est aujourd'hui une ruelle tranquille.
Saint-Jacques). À droite, à l’angle
avec le boulevard Saint-Jacques,
Henry Miller avait vue sur l’atelier du peintre se trouve un garage Renault .
expressionniste Chaïm Soutine (1893-1943),
La plaquette pour Arago se situait
au n°17. La plupart des maisons, nos 1, 3, 5, 8, entre le feu tricolore et la vitrine,
9 et 11, ont été construites par André Lurçat.
mais elle a manifestement disparu.
Son collègue, Auguste Perret, a construit la
Au garage, pas d’information.
maison au n°7 pour la sculptrice Chana Orloff (1888-1968). On y voit
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