Le méridien de Paris - Une randonnée à travers l'histoire
d’asile.
satisfaire, ce qui est sans doute supposé
Pour s’emparer du royaume de France,
nous donner une idée de sa sensualité
Henri IV fera plus tard annuler le mariage, et débridée.
soutiendra même qu’il n’a jamais prononcé
La Reine Margot était poète et écrivit ses
de vœux sur cet échafaud. Il épousera Marie
mémoires. On a également beaucoup écrit
de Médicis en 1600.
sur elle. Alexandre Dumas lui consacra un
célèbre roman sous le titre La Reine Margot.
Henri III
On affirme qu’il s’agit de son meilleur roman après Les trois Mousquetaires . En 1994, et ses fêtes extravagantes
Patrice Chéreau la remit à la mode en faisant Sous Henri III (roi de 1574 à 1589), successeur un film du même titre, troublant et intrigant, de Charles IX, le Louvre est principalement un avec Isabelle Adjani dans le rôle de Margot.
lieu de fête. Les ripailles s’enchaînent. Des
« Le mariage de Marguerite de Valois et
combats entre des lions et des chiens y sont
d’Henri de Navarre aura moins été un accou-
organisés. Depuis les fenêtres de la salle des plement au sens biblique du terme qu’une
Caryatides, les spectateurs suivent ces
alliance au sens diplomatique du terme »,
combats inégaux. Le roi était cultivé, lisait écrit Francis Lancassin dans sa préface à La l’italien et le latin. Il soutenait les écrivains et Reine Margot de Dumas. La mère d’Henri, les artistes plasticiens. Il discutait volontiers Jeanne d’Albret, espérait que ce mariage
de sujets élevés et aimait s’amuser avec ce
entre la princesse catholique et le jeune roi qu’on appelait alors ses « mignons ». Ses
protestant faciliterait la réconciliation entre festivités extravagantes devaient être
protestants et catholiques.
financées par le peuple, mais cela ne contribua Le mariage fut une froide affaire. Aussitôt
pas à sa popularité. Après la journée des
ses vœux prononcés, sur « un échafaud »
Barricades le 12 mai 1588 – la première dans
ainsi que sa femme le formulera plus tard,
la longue série qu’allait connaître l’Histoire de sur le parvis de Notre-Dame, Henri se lève et France –, il s’enfuit pour ne jamais revenir.
disparaît, car il ne veut pas assister à la suite Après l’assassinat d’un de ses « petits amis »
de la messe. Celle-ci terminée, il revient et qui convoitait la femme du duc de Guise, le
accompagne sa femme au palais.
roi prit conscience de ses errements et fonda Margot, dont le premier grand amour avait été la Confrérie royale des pénitents. En son
le très catholique duc de Guise, sauva la vie absence, la cour imitait les processions
à son jeune époux en lui conseillant, « une
royales par d’effrénées parties costumées
expression tragique » sur le visage, de rester dans la salle des Caryatides. Des drag-au palais et de ne pas s’amuser en ville avec queens avant la lettre !
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L e M é r i d i e n d e P a r i s
Construction
de la Grande Galerie
Le palais resta vide pendant vingt-cinq ans.
Son successeur Henri IV (roi de 1589 à
1610), qui avait d’abord été marié à la reine Margot, épousa Marie de Médicis – encore
un sacré numéro ! – en 1600. Sa nouvelle
épouse n’osa pas l’amener au Louvre, tant le
palais était sale et délabré. Après qu’un peu de rangement et de ménage eurent été faits
en toute hâte, elle vint inspecter le résultat pour ne trouver que vide et obscurité. Elle
eut la peur de sa vie, elle ne put croire
qu’elle se trouvait au Louvre et crut tout
d’abord qu’il s’agissait d’une mauvaise
plaisanterie.
Le palais du Louvre fut agrandi sous le règne d’Henri IV.
Du coup, son mari s’occupa sérieusement
venir des centaines de malades dans la
d’agrandir le Louvre. Sous son règne fut
nouvelle galerie où il était supposé les
construite le long du fleuve la Grande
guérir en « touchant les écrouelles ». En
Galerie, longue de quatre cent cinquante
fait, il passait dans les salles, entouré de
mètres. Le roi pouvait ainsi voir ce qui se
serviteurs et de médecins, et traçait une
passait sur la Seine, et les meilleurs artisans petite croix sur le front de ses sujets.
et les maîtres de chaque discipline s’y
Parmi toute cette agitation vivait la population consacraient à la peinture, la sculpture,
artistique, ainsi que les nobles de familles
l’orfèvrerie, l’horlogerie, la certification, rivales, protestantes ou
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