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Le méridien de Paris - Une randonnée à travers l'histoire

Le méridien de Paris - Une randonnée à travers l'histoire

Titel: Le méridien de Paris - Une randonnée à travers l'histoire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philip Freriks , Alain Lechat , Kim Andringa
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point il est maigre (1961).
    ce qu’après quelques années d’école à
    Le bureau dans son cabinet médical est tou-
    l’étranger, il se porta volontaire pour l’armée jours recouvert de papiers, quatre ans après les en 1912. Son père était correspondancier
    premiers enregistrements. C’est là qu’il écrivait, dans une compagnie d’assurances, sa mère
    pendant que sa femme donnait des cours de
    tenait une boutique de dentelles.
    105

    L e M é r i d i e n d e P a r i s
    « Ah ! Je me rappelle une chose, c’est que chez etc. Je ne me posais pas la question [si j’aimais nous, on bouffait des nouilles. […] On faisait ma mère]. […] Eux étaient angoissés par leurs une lessiveuse de nouilles, parce que la nouille problèmes de la croque […]. Je me rappelle
    est le seul aliment […] qui n’a pas d’odeur, car une chose: il n’y avait jamais qu’une vitrine qui la dentelle, et surtout la dentelle ancienne, était allumée le soir au gaz, parce que, dans retient les odeurs. Par conséquent, j’ai vécu l’autre, il n’y avait rien. […] Il n’y avait pas de dans la panique de l’odeur. Donc il n’était pas complexe n’est-ce pas ? Il s’agissait de
    question ni de viande, ni de poisson, ni de rien.
    manger, de donner à bouffer.
    La nouille ! La nouille !
    C’est curieux, il faut avouer que ça vous mar-Alors ma mère, la pauvre femme […], elle était que aussi [de vivre là], pas tant que la prison infirme. Pour monter un escalier d’un étage en mais ça vous marque, en ce sens que je n’avais tire-bouchon comme ça, pour le monter le
    aucun endroit où aller jouer, où vont les gosses.
    moins possible, elle faisait une lessiveuse de Et nous avions dans le passage Choiseul trois nouilles. Alors on bouffait de la nouille avec un cent soixante becs de gaz qui marchaient jour peu de beurre le soir, très peu. C’est vrai que et nuit, vous le savez, et nous avions les petits j’ai été élevé aux nouilles et à la panade. »
    chiens qui faisaient leurs besoins. Et puis nous avions des chansons. Chose assez curieuse, je Dans Mort à crédit, la galerie couverte peux dire que j’ai assisté à la fin des
    s’appelle passage des Bérézinas.
    chansons. Au début, avant la guerre de
    quatorze, chaque fois qu’il entrait une
    « On a quitté rue de Babylone, pour se
    arpète ou une midinette, comme elles
    remettre en boutique, tenter encore la
    s’appelaient, au début du passage, elle
    fortune, Passage des Bérézinas, entre la
    commençait à chanter. Elle chantait pendant
    Bourse et les Boulevards. On avait un loge-
    toute sa durée de traversée du passage. Et
    ment au-dessus de tout, en étages, trois
    puis, après quatorze, on n’a plus chanté
    pièces qui se reliaient par un tire-bouchon.
    dans le passage. C’est un signe des temps.
    Ma mère escaladait sans cesse, à cloche-
    C’est tout ce qu’on avait comme distraction.
    pied. Ta ! Pas ! Tam ! Ta ! Pas ! Tam ! Elle se C’est la chanson des petits apprentis. Et puis retenait à la rampe. Mon père, ça le crispait des midinettes. C’est à peu près tout.
    de l’entendre. Déjà il était mauvais à cause
    Depuis ce temps-là, j’ai été voir le passage, j’y des heures qui ne passaient pas. Sans cesse
    retournais souvent, mais les gens je ne les
    il regardait sa montre. Maman en plus, et sa
    connais plus. […] [C’est] une espèce qui a
    guibole, ça le foutait à cran pour des riens.
    disparu puisqu’on ne demeure plus au passage
    En haut, notre dernière piaule, celle qui
    Choiseul. L’hygiène s’y refuse et puis d’abord donnait sur le vitrage, à l’air c’est-à-dire, c’est éclairé à l’électricité, c’est fini le gaz.
    elle fermait par des barreaux, à cause des
    Enfin, on peut dire que j’ai été élevé dans une voleurs et des chats. »
    cloche à gaz. Enfin, c’était une façon comme
    une autre. Ça marque tout de même d’être
    Dans l’entretien, il raconte ses années
    élevé dans une cloche à gaz. Il y a beaucoup
    d’enfance :
    d’animaux de laboratoire, quand ils vivent
    « Je n’avais pas beaucoup de chance d’être
    dans une étuve, ils s’en ressentent. Ce n’est doux et affectueux. J’ai été élevé dans les gifles pas tout simple.
    parce que […] à cette époque-là, on élevait
    Passage Choiseul, on voyait aussi des belles
    avec des gifles et puis tais-toi, tu es un voyou clientes, on voyait des gens qui étaient bien au-106

    L e M é r i d i e n d

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