Le nazisme en questions
contact avec l’organisation en 1924 et s’y impose en 1925, lors de sa refondation : il manque les premières années, si importantes pour créer la légende de l’action révolutionnaire nazie.
Dans Mein Kampf , qu’il rédige en prison à la suite du putsch de la brasserie, à Munich, le 9 novembre 1923, Hitler consacre deux chapitres à la définition de la propagande dont Goebbels ne fera que reprendre les principes directeurs : il faut marteler un message simple destiné à l’auditeur le moins cultivé ; les actions de propagande sont coordonnées par le chef (Führerprinzip) ; tout est permis pour atteindre la victoire. Hitler y explique aussi que les actes exercent une forte pression sur l’opinion. Il est visiblement convaincu par la tactique d’occupation de la rue utilisée par Mussolini pour accéder au pouvoir.
Enfin, le chef du NSDAP situe l’action de la propagande dans le domaine des croyances et suppose donc que cet outil doit s’inscrire dans la perspective d’une religion politique, ayant sa liturgie, son culte, ses cérémonies, son calendrier et son clergé. Les propagandistes ne sont pas des techniciens mais les détenteurs d’une étincelle de vérité à diffuser dans les masses incultes etabêties. Ils doivent réveiller l’Allemagne comme le clame le slogan : « Deutschland erwache ! »
À partir de 1926, alors que Hitler lui a confié la direction de Berlin, Goebbels commence à copier le style des discours du Führer, jouant du ton brusque, tranchant, et des phrases cinglantes comme des slogans et introduisant humour et ironie pour se rallier le public. En ce sens, il est bien le propagandiste de son temps : un tribun efficace et un homme de plume. De fait, il remplit les salles à partir de 1928 et devient une valeur sûre pour mobiliser les troupes du parti. Le nouveau journal qu’il a créé en juillet 1927, Der Angriff (« L’attaque »), est son outil pour travailler en profondeur l’opinion des membres du NSDAP.
Hitler finit par le nommer délégué à la propagande du parti avec Heinrich Himmler. Cette position lui permet d’accéder à un supplément de ressources financières et de transformer Der Angriff en quotidien, en octobre 1930. Surtout, Goebbels hérite du formidable travail d’organisation effectué par Himmler.
Depuis 1926, Himmler est, en effet, le responsable en titre de la propagande du NSDAP. À partir de 1927, il cumule cette fonction avec celle de chef de la garde prétorienne de Hitler : la SS. À la propagande, il traite toutes sortes de dossiers et les hiérarchise : faut-il interdire l’usage des emblèmes du parti dans les publicités ? Quel serait le meilleur assureur pour la SA ? Où trouver des financements complémentaires pour les journaux ? Comment organiser l’agenda de campagne de la véritable vedette qu’est devenu Hitler (les entrées payantes à ses meetings remplissent les caisses des sections et des fédérations qui le sollicitent toujours plus, en particulier lors de la campagne législative de 1928) ? Et commentle ménager alors qu’il perd entre 3 et 5 kilos par performance ? Himmler fait des propositions à Hitler et décide avec lui de la stratégie : il rationalise la communication du parti. La propagande est déjà avec Himmler un secteur qui touche tout ce que le parti accomplit.
En 1930, Goebbels ne fait que reprendre les pratiques de Himmler – qui, après avoir secondé Goebbels, est bientôt trop accaparé par la SS pour continuer de mener de front ses deux emplois. Il y ajoute toutefois sa part d’invention. En 1932, à l’organisation rigoureuse de la campagne électorale déjà mise en œuvre par son prédécesseur, il ajoute une dimension symbolique : le Führer se rendra en avion dans 50 villes (c’est l’opération « Hitler über Deutschland », « Hitler au-dessus de l’Allemagne »).
Malgré ces beaux succès de communication, Goebbels est exclu du premier gouvernement nommé en janvier 1933 et dont Hitler est le chancelier. Il doit se contenter d’exécuter un travail de séduction en direction de la haute société berlinoise et d’assurer la pleine reconnaissance du nazisme dans les sphères mondaines. Depuis 1931, sa femme Magda, divorcée du richissime banquier Günther Quandt, le seconde intelligemment dans cette tâche.
En mars 1933, le gauleiter de Berlin tient sa revanche. Il est nommé ministre de la Propagande et de l’Éducation populaire,
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