Le pays de la liberté
Français et des Peaux Rouges, mais ils refusent de payer.
- Ils ne le feront d'ailleurs pas s'ils peuvent s'ei abstenir, dit Drome.
La réunion qui s'est tenue ! Boston a proclamé un boycott sur toutes les importa tions britanniques. Ils renoncent au thé et se son même mis d'accord pour faire des économies sur 1< tissu noir en réduisant la durée du deuil !
- Si les autres colonies, dit Robert, suiven 4!
l'exemple du Massachusetts, la moitié de notre flotte de navires n'aura plus de cargaison.
- Les colons, dit Sir George, sont un fichu ramassis de bandits, voilà ce qu'ils sont ; et les distillateurs de rhum de Boston sont les pires. ª Jay fut surpris de voir l'agacement de son père : ce problème devait lui co˚ter de l'argent pour qu'il soit si énervé. ´ La loi les oblige à acheter de la mélasse provenant des plantations britanniques, mais ils font venir en contrebande de la mélasse française et font tomber les prix.
- Les Virginiens sont pires, renchérit Drome. Les planteurs de tabac ne paient jamais leurs dettes.
- Je ne le sais que trop, fit Sir George. Je viens de me trouver devant un planteur en cessation de paiement : il m'a laissé sur les bras un domaine en faillite. Un endroit du nom de Mockjack Hall.
- Dieu merci, dit Robert, il n'y a pas de droit de douane sur les forçats.
ª L'affaire d'armement des Jamisson tirait le plus clair de ses bénéfices du transport des bagnards en Amérique. Tous les ans, les tribunaux condamnaient à la déportation plusieurs centaines de gens - c'était une alternative à la pendaison, un ch‚timent punissant des crimes comme le vol
- et le gouvernement versait cinq livres par tête à l'armateur. Neuf déportés sur dix traversaient l'Atlantique à bord d'un navire de Jamisson.
Et la somme versée par le gouvernement n'était pas le seul argent que rapportait l'opération. Là-bas, les forçats devaient accomplir sept ans de travail sans être payés, ce qui signifiait qu'on pouvait les vendre comme esclaves pour sept ans. Les hommes atteignaient des prix de dix à quinze livres, les femmes, de huit à neuf, les enfants moins. Avec cent trente ou cent quarante bagnards entassés dans la cale comme des poissons dans un panier, Robert pouvait faire en un seul voyage un bénéfice de deux mille livres : le prix d'achat du vaisseau. C'était un commerce fort lucratif.
Ć'est vrai, dit Père en vidant son gobelet. Mais, si on laissait faire les colons, même cela serait aboli. ª
46
Les colons n'arrêtaient pas de se plaindre à ce propos. Même s'ils continuaient à acheter les forçats -tant on manquait là-bas de main-d'úuvre à bon marché - ils en voulaient à la mère patrie de déverser sur eux sa racaille et reprochaient aux forçats de faire monter le taux de criminalité.
Áu moins, les mines de charbon sont fiables, dit Sir George. C'est la seule chose sur laquelle on puisse compter de nos jours. C'est pourquoi il faut anéantir ce McAsh. ª
Chacun avait son avis à donner sur McAsh et plusieurs conversations s'amorcèrent aussitôt. Sir George semblait en avoir assez de ce sujet. Il se tourna vers Robert. D'un ton jovial, il dit : Álors, et la petite Hallim, hein ? Un vrai bijou, si tu veux mon avis.
- Elizabeth est une jeune fille pleine de fougue, fit Robert d'un ton hésitant.
- C'est bien vrai, dit Père avec un rire. Je me souviens de ce jour o˘
nous avons abattu, voilà huit ou dix ans, le dernier loup dans cette région de l'Ecosse : elle a insisté pour élever elle-même les petits. Elle se promenait avec deux louveteaux en laisse. On n'a jamais rien vu de pareil !
Les gardes-chasse étaient scandalisés : ils disaient que les petits allaient s'échapper et devenir une menace. Mais, heureusement, ils sont morts.
- Elle risque de faire une épouse difficile, dit Robert.
- Rien de comparable à une jument fougueuse, dit Sir George. D'ailleurs, quoi qu'il arrive, un mari a toujours le dessus. Tu pourrais tomber plus mal. ª II baissa la voix. ´Lady Hallim conserve l'usufruit du domaine jusqu'au mariage d'Elizabeth. Comme les biens d'une femme appartiennent à
son mari, tout cela deviendra la propriété de son époux le jour du mariage.
- Je sais ª, dit Robert.
Jay n'était pas au courant, mais il n'était pas surpris : peu d'hommes légueraient volontiers un domaine de cette importance à une femme.
47
Sir George reprit : ÍI doit y avoir des milliers de tonnes de charbon sous High Glen : toutes les veines
Weitere Kostenlose Bücher