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Le pays de la liberté

Le pays de la liberté

Titel: Le pays de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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ª
    Jay entendit frapper à la porte. ´ qui est-il, d'ailleurs ?
    - Je crois que je vais le laisser se présenter lui-même. ª
    La porte s'ouvrit, livrant passage à Robert. Jay se leva d'un bond, stupéfait. ´Toi! fit-il. quand es-tu arrivé ?
    - Il y a quelques jours ª, dit Robert.
    Jay lui tendit la main et Robert la serra brièvement. Cela faisait près d'un an que Jay ne l'avait pas vu et Robert ressemblait de plus en plus à
    leur père : bien en chair, renfrogné, sec. Ć'est donc toi qui m'as prêté
    l'argent? dit Jay.
    - C'était Père, dit Robert.
    - Dieu soit loué! J'avais peur de ne pas pouvoir emprunter davantage d'un étranger.
    - Mais Père n'est plus ton créancier, poursuivit Robert. Il est mort.
    - Mort?ª Jay se rassit brusquement. C'était un choc. Père n'avait même pas soixante ans.
    Ćomment... ?
    - Une crise cardiaque. ª
    Jay eut l'impression qu'on venait de le priver soudain d'un soutien. Son père l'avait traité sans ménagement, mais il avait toujours été là, solide et apparemment indestructible. Le monde tout d'un coup était devenu un endroit bien plus incertain. Même s'il était déjà assis, Jay éprouvait le besoin de s'appuyer sur quelque chose.
    Il se tourna de nouveau vers son frère. Il lut sur le visage de Robert une expression de vengeance triom-426
    phante. Pourquoi était-il content? ÍI y a autre chose, dit Jay. Pourquoi as-tu l'air si fichtrement content?
    - C'est moi ton créancier maintenantª, dit Robert.
    Jay devina ce qui allait se passer. Il eut l'impression d'avoir reçu un coup à l'estomac. Éspèce de porcª, murmura-t-il.
    Robert acquiesça. ´Je saisis ton hypothèque. Ta plantation de tabac m'appartient. J'ai fait la même chose avec High Glen : j'ai racheté les hypothèques et je les ai saisies. Le domaine m'appartient. ª
    C'était à peine si Jay pouvait parler. ´Tu as d˚ préparer tout çaª, parvint-il à dire.
    Robert hocha la tête.
    Jay refoula ses larmes. ´Toi et Père...
    - Oui.

    - J'ai été ruiné par ma propre famille.
    - Tu t'es ruiné tout seul. Tu es paresseux, stupide et faible. ª
    Jay ignora ces insultes. Ce qui l'obsédait, c'était l'idée que son propre père avait comploté sa chute. Il se rappela comment la lettre de Murchman lui était parvenue juste quelques jours après son arrivée en Virginie. Père avait d˚ lui écrire d'avance, en donnant instruction à l'homme de loi de proposer une hypothèque. Il avait prévu que la plantation connaîtrait des difficultés et il avait prévu de la reprendre à Jay. Son père était mort, mais, par-delà la tombe, il lui avait envoyé ce message comme pour le rejeter une dernière fois.
    Jay se releva lentement, au prix d'un douloureux effort, comme un vieillard. Robert était planté là, silencieux, l'air hautain et méprisant.
    Murchman eut la gr‚ce de prendre un air coupable. Très embarrassé, il se précipita vers la porte et l'ouvrit devant Jay. ¿ pas lents, Jay traversa le hall et sortit dans la rue boueuse.
    ¿ l'heure du dîner, Jay était ivre. ¿ tel point que même Mandy, la serveuse qui lui faisait les yeux
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    doux, parut perdre tout intérêt. Ce soir-là, il tomba ivre mort au bar du Raleigh. Lennox avait d˚ le porter jusqu'à son lit car il s'éveilla le lendemain matin dans sa chambre.
    Il songea à se suicider. Il n'avait plus de raison de vivre : pas de maison, pas d'avenir, pas d'enfant. Maintenant qu'il avait fait banqueroute, il n'arriverait jamais à rien en Virginie, et il ne pouvait supporter l'idée de rentrer en Angleterre. Son épouse le haÔssait et même Felia appartenait maintenant à son frère. La seule question était de savoir s'il allait se tirer une balle dans la tête ou se noyer dans l'alcool, II buvait encore du cognac à onze heures du matin quand sa mère entra dans la taverne.
    En la voyant, il crut un instant qu'il devenait fou. Il se leva et la dévisagea, affolé. Devinant ses pensées, comme toujours, elle dit : Ńon, je ne suis pas un fantôme. ª Elle l'embrassa et s'assit.
    quand il eut retrouvé ses esprits, il dit : Ćomment m'avez-vous trouvé ?
    - Je suis allée à Fredericksburg et on m'a dit que tu étais ici. Prépare-toi à un choc : ton père est mort.
    - Je sais. ª
    Cela la surprit. Ćomment ?
    - Robert est ici.
    - Pourquoi ? ª
    Jay lui raconta l'histoire et expliqua que Robert était maintenant le propriétaire tout à la fois de la plantation et de High Glen.
    ´Je craignais bien qu'ils n'aient tous les deux

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