Le pays de la liberté

Alicia avait quitté Londres avant l'arrivée de la lettre de Jay. Úne petite fille, répondit Lizzie.
    - que c'est bien ! Elle va être une femme riche.
    - Elle est morte à la naissance. ª
    Alicia ne lui offrit aucunes condoléances. ´ Bon sang, s'écria-t-elle. Il va falloir t‚cher d'en avoir une autre, rapidement. ª
    Mack avait chargé le chariot de graines, d'outils, de cordes, de clous, de farine de maÔs et de sel. Il avait ouvert l'armurerie avec la clé de Lizzie et fait main
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    basse sur tous les fusils et toutes les munitions. Il avait aussi logé dans le chariot un soc de charrue. quand ils seraient arrivés à destination, ils transformeraient le chariot en charrue.
    Il allait atteler quatre juments, décida-t-il et emmener en outre deux étalons pour qu'ils puissent se reproduire. Jay Jamisson serait furieux du vol de ses précieux chevaux : cela le contrarierait plus que la perte de Lizzie, Mack en était s˚r.
    Tandis qu'il amarrait le chargement, Lizzie sortit.
    ´ qui est votre visiteuse ? lui demanda-t-il.
    - Alicia, la mère de Jay.
    - Bonté divine ! Je ne savais pas qu'elle venait.
    - Moi non plus. ª
    Mack fronça les sourcils. Alicia ne constituait pas une menace pour ses projets, mais si son mari débarquait...
    Ést-ce que Sir George vient ?
    - Il est mort.
    - Dieu soit loué. Bon débarras pour le monde.
    - Pouvons-nous partir quand même ?
    - Je ne vois pas ce qui nous en empêcherait. Ce n'est pas Alicia qui va nous arrêter.
    - Et si elle va trouver le shérif en disant que nous nous sommes enfuis en volant tout cela ? ª Et elle désigna le chargement du chariot.
    Ń'oubliez pas notre histoire. Vous allez rendre visite à un cousin qui vient de s'installer comme fermier en Caroline du Nord. Vous lui apportez des présents.
    - Même si nous sommes en faillite ?
    - Les Virginiens sont connus pour leur générosité quand ils ne peuvent pas se le permettre. ª
    Lizzie acquiesça. ´Je vais raconter cette histoire au colonel Thumson et à
    Suzy Delahaye.
    - Dites-leur que votre belle-mère désapprouve et qu'elle essaiera peut-
    être de vous faire des ennuis.
    - Bonne idée. Le shérif n'aura pas envie de se 419
    trouver mêlé à une querelle de famille... ª Elle hésita et ajouta:
    ´quand... quand partirons-nous?ª
    Il sourit. Ávant les premières lueurs du jour. Je ferai venir le chariot ce soir jusqu'au quartier des esclaves de façon que nous ne fassions pas trop de bruit en partant. quand Alicia s'éveillera, nous serons loin. ª
    Elle lui pressa brièvement le bras puis rentra en courant dans la maison.
    Ce soir-là, Mack vint retrouver Lizzie dans sa chambre.
    Elle était allongée sans dormir, pleine de crainte et d'excitation, songeant à l'aventure qui allait commencer avec le matin, quand il entra sans bruit dans la pièce. Il l'embrassa sur les lèvres, se déshabilla et se glissa dans le lit auprès d'elle.
    Ils firent l'amour, discutèrent à voix basse du lendemain, puis firent encore l'amour. L'aube approchait : Mack sombra dans un demi-sommeil, mais Lizzie restait éveillée : elle le regardait à la lueur du feu, en pensant à
    ce voyage dans l'espace et dans le temps qui les avait amenés depuis High Glen jusqu'à ce lit.
    Bientôt, il s'agita. Ils échangèrent de nouveau un long et tendre baiser, puis ils se levèrent. Mack partit pour l'écurie pendant que Lizzie s'apprêtait. En s'habillant, elle sentait son cúur battre à tout rompre.
    Elle releva ses cheveux avec des épingles, passa une culotte de cheval, des bottes, une chemise et un gilet. Elle empaqueta une robe qu'elle pourrait enfiler rapidement si elle avait besoin de redevenir une femme riche. Elle redoutait un peu les dangers du voyage mais elle n'avait aucun doute à
    propos de Mack. Elle se sentait si proche de lui qu'elle était prête à lui confier sa vie.
    quand il vint la chercher, elle était assise à sa fenêtre en manteau et tricorne. Il sourit de la voir
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    dans sa tenue favorite. Se tenant par la main, ils descendirent l'escalier à pas de loup et sortirent de h maison.
    Le chariot attendait sur la route, loin de tous les regards. Peg était déjà
    assise sur le banc, drapée dans une couverture. Jimmy le garçon d'écurie, avait attelé quatre chevaux et en avait attaché deux autres par un licol à
    l'arrière. Tous les esclaves étaient là pour leur dire adieu. Lizzie embrassa Mildred et Sarah. Mack serra la main de Kobe et de Cass. Bess se jeta en sanglotant au cou de sa