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Le pays de la liberté

Le pays de la liberté

Titel: Le pays de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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l'humilierait en montrant sa préférence pour Robert, n'irait-il pas grincer des dents en regrettant de tout son cúur de ne pas avoir réglé le problème quand il avait l'occasion de débarrasser la surface de la terre de ce répugnant frère ?
    Il visa de nouveau Robert.
    Père respectait les gens forts, décidés et impitoyables. Même s'il se doutait que le coup fatal n'avait rien d'accidentel, il serait bien obligé
    d'admettre que Jay était un homme, quelqu'un qu'on ne pouvait pas ignorer ou négliger sans de redoutables conséquences.
    Cette pensée le renforça dans sa résolution. Au fond de son cúur, se dit Jay, Père approuverait. Sir George
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    ne se laissait jamais maltraiter: sa réaction quand on lui faisait tort était brutale et cruelle. En tant que magistrat à Londres, il avait envoyé
    à Old Bailey des douzaines d'hommes, de femmes et d'enfants. Si on pouvait pendre un gamin pour avoir volé du pain, alors quel mal y avait-il à tuer Robert pour avoir volé l'héritage de Jay?
    Lizzie prenait son temps. Jay s'efforçait de respirer calmement, mais son cúur battait à tout rompre et il était haletant. La tentation le prit de jeter un coup d'úil sur Lizzie pour voir ce qui diable la retenait, mais il craignait qu'elle ne choisisse précisément cet instant pour tirer et qu'il ne manque alors sa chance. Il garda donc les yeux et le canon de son fusil braqués sur le dos de Robert. Il était tendu comme une corde de harpe. Il commençait à avoir les muscles endoloris par la tension, mais il n'osait pas faire un
    geste.
    Non, se dit-il, ça n'est pas possible, je ne vais pas tuer mon frère. Mais, par Dieu, si, je le jure.
    Vite, Lizzie, je vous en prie.
    Du coin de l'úil, il vit quelque chose bouger près de lui. Il n'eut pas le temps de lever les yeux : il entendit la détonation du fusil de Lizzie. Les cerfs s'immobilisèrent. Visant toujours l'épine dorsale de Robert, juste entre les omoplates, Jay pressa doucement la détente. Une silhouette massive se dessina devant lui et il entendit son père crier. Puis il y eut deux autres coups de feu : c'étaient Robert et Henry qui tiraient. Juste au moment o˘ Jay pressait la détente, un pied botté vint frapper le canon de son fusil. La secousse braqua l'arme vers le ciel et la balle alla se perdre dans les airs sans faire de dommage. Jay avait le cúur empli de crainte et de remords : il leva les yeux pour voir le visage furibond de Sir George.
    Śalopard de petit meurtrierª, dit son père.
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    La journée au grand air avait donné à Lizzie envie de dormir : peu après le souper, elle annonça qu'elle allait se coucher. Robert n'était pas là et Jay poliment se leva d'un bond pour l'accompagner à l'étage avec une chandelle. Comme ils montaient l'escalier de pierre, il dit calmement : Śi vous voulez, je vous emmènerai dans la mine. ª
    Lizzie tout d'un coup n'avait plus envie de dormir. ´ Vous parlez sérieusement ?
    - Bien s˚r. Je parle toujours sérieusement. ª II eut un grand sourire.
    ´Vous oserez y aller?ª
    Elle était tout excitée. Óui ! ª s'écria-t-elle. Voilà un homme selon son cúur ! ´ quand pourrons-nous y aller ? demanda-t-elle aussitôt.
    - Ce soir. Les tailleurs commencent leur travail à minuit, les porteurs une heure ou deux plus tard.
    - Vraiment? fit Lizzie, intriguée. Pourquoi travaillent-ils la nuit ?
    - Ils travaillent toute la journée aussi. Les porteurs terminent à la fin de l'après-midi.
    - Mais ils ont à peine le temps de dormir !
    - Cela les empêche de faire des bêtises. ª
    Elle se sentit stupide. ´J'ai passé presque toute ma vie dans la vallée voisine et je n'avais aucune idée qu'ils travaillaient d'aussi longues heures. ª Elle se demandait si McAsh avait raison et si sa visite dans le puits allait la faire complètement changer d'avis sur les mineurs.
    Śoyez prête à minuit, dit Jay. Il va falloir de nouveau vous habiller en homme : vous avez toujours ces vêtements que vous portiez l'autre jour ?
    - Oui.
    - Sortez par la porte de la cuisine -je m'assurerai 71
    qu'elle reste ouverte - et retrouvez-moi dans la cour des écuries. Je sellerai deux chevaux. - que c'est excitant ! ª fit-elle.
    Il lui tendit sa chandelle. ´¿ minuit alorsª, murmura-t-il.
    Elle monta dans sa chambre. Jay avait retrouvé son entrain, observa-t-elle.
    Au début de la journée, il avait encore eu quelque querelle avec son père, là-haut, sur la montagne. Personne n'avait vu précisément ce qui s'était

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